de l’empire, qu’un bonnet rouge, dont les rebords, ou selon l’ancien terme, les rebras sont d’hermine. Voyez Couronne.
Dans l’université de Paris, la cérémonie de la prise du bonnet, soit de docteur, soit de maître-es-arts, après les examens, theses ou autres exercices préliminaires, se fait ainsi : le chancelier de l’université donne la bénédiction apostolique, & impose son bonnet sur la tête du récipiendaire, qui reçoit l’un & l’autre à genoux. Voyez Docteur, Maistre-ès-Arts. (G)
Bonnet verd, (Jurisprud.) étoit une marque d’infamie à laquelle on assujettissoit ceux qui avoient fait cession en justice, de peur que le bénéfice de cession n’invitât les débiteurs de mauvaise foi à frauder leurs créanciers : on n’en exceptoit pas même ceux qui prouvoient qu’ils avoient été réduits à cette misérable ressource par des pertes réelles & des malheurs imprévûs ; & si le cessionnaire étoit trouvé sans son bonnet verd, il pouvoit être constitué prisonnier : mais à présent on n’oblige plus les cessionnaires à porter le bonnet verd. Il ne nous en reste que l’expression, porter le bonnet-verd, qui signifie qu’un homme a fait banqueroute, & qui a passé en proverbe. (H)
Bonnet à Prêtre, (en terme de Fortification) est une tenaille double construite vis-à-vis un bastion ou une demi-lune, dont le front forme deux tenailles simples, c’est-à-dire un angle saillant & deux angles rentrans. Voyez Tenaille-double & Angle mort. (Q)
Bonnet de prêtre ou Bonnet à prêtre, evonymus, (Jardinage.) espece de citrouille, qui demande la même culture, & que l’on rame comme le fusain, qu’on appelle aussi bonnet de prêtre, parce que son fruit en a la figure. Voyez Fusain. (K)
Evonymus vulgaris granis rubentibus C. B. P. 428. On n’en sauroit faire usage intérieurement sans danger ; son fruit est d’une qualité nuisible. Théophraste assûre qu’elle fait du mal aux bestiaux ; Matthiole & Ruelle confirment ce sentiment, & rapportent que les brebis & les chevres, quelqu’avides qu’elles soient des bourgeons des plantes, ne touchent jamais à celle-là. Trois ou quatre de ses baies purgent par haut & par bas. Les paysans se servent de la poudre du fruit pour tuer les poux, & lavent leurs cheveux avec la decoction de ses graines.
Ce fruit employé extérieurement est émollient & résolutif : il tue les vers, & guérit la teigne & la gratelle. Dale. (N)
Bonnet, s. m. dans les Arts, on donne en général ce nom à tout ce qui est destiné à couvrir la partie supérieure & sphérique d’une machine, d’un instrument, &c.
Cette métaphore est prise de la partie de notre habillement appellée bonnet.
Bonnet, en terme d’Orfevre en grosserie, se dit de la partie supérieure d’un encensoir, commençant au bouton, & finissant aux consoles où passent les chaînes : il forme un dome un peu écrasé.
Bonnet de turquie, c’est, parmi les Patissiers, un ouvrage en forme de bonnet ou turban à la Turque, fait d’une pâte à biscuit, ou autre.
Bonnets, en termes de Bottier, sont les genouillieres échancrées des bottes de Courier, ainsi nommées de leur forme qui approche beaucoup de celle d’un bonnet.
Bonneter, ou selon d’autres, coeffer un artifice ; c’est en couvrir l’amorce d’un papier collé, pour que le feu ne puisse s’y insinuer que lorsqu’on le veut, en cassant ce papier qu’on appelle aussi bonnetage.
* BONNETERIE, s. f. manufacture de bonnets, de bas, de camisoles, de jupons, de chaussons, & autres ouvrages en laine pure ou en laine & soie, qu’on appelle castor & vigogne. Voyez Laine, Soie, Castor & Vigogne
Les Bonnetiers achetent la laine, & la donnent à des ouvriers qui la font passer par toutes les opérations qui la mettent en état d’être employée à leurs marchandises. Ces préparations sont à peu près les mêmes que pour la draperie. Voyez l’article Draperie.
Le dégrais, le battage & l’engrais, trois de ces préparations, dont il sera fait mention à l’article Draperie, se font chez le Bonnetier même. Il n’y a que la carde & le filage qui se fassent dehors.
La premiere attention du Bonnetier doit être de se mettre à couvert de la friponnerie du Cardeur & du Fileur ; il peut être trompé sur le filage, en ce qu’il peut être plus ou moins fin ; il peut être trompé sur la quantité de la laine qu’on lui rend filée, en ce qu’on en peut diminuer la quantité, en augmentant le poids par une addition d’huile. Exemple : dans l’engrais de douze livres de laine qui se fait chez le Bonnetier, il entre trois livres d’huile ; ce qui fait quinze livres de poids : mais la livre de laine peut aller jusqu’à quatre francs, & la livre d’huile ne va qu’à douze sols ; le Cardeur & le Fileur peuvent donc être tentés de substituer de l’huile à de la laine.
Le Bonnetier estimera la finesse du filage par une machine semblable à celle du Drapier. V. l’article Draperie. C’est une espece de devidoir qui indique le nombre de tours, & par conséquent la longueur du fil, qu’on peut toujours comparer avec le poids. Il est évident que la finesse du filage est en raison composée de la directe du nombre des tours, & de l’inverse du poids, ou que le filage est d’autant plus fin, que le nombre des tours est grand, & le poids de l’écheveau petit.
Quant à la quantité de la laine ; s’il veut s’assûrer de la fidélité de l’ouvrier, il n’a qu’à la peser en la recevant ; & après l’avoir parfaitement dégraissée, le dégrais de quinze livres de laine aura d’abord emporté les trois livres d’huile qu’elles avoient reçûes dans l’engrais, & le poids de laine restant devroit être de douze livres, s’il n’y avoit point eu de déchet dans la carde & le filage : mais il y a eu du décher ; & ce déchet est estimé-à deux onces par livre de seize onces.
Le Bonnetier reçoit la laine filée, & la distribue à des Faiseurs de bas au métier & à des Tricoteuses, pour être employée : ces gens lui rendent la laine employée aux ouvrages dont nous avons parlé ci-dessus. Mais il ne faut pas croire qu’alors ces ouvrages puissent se vendre ; ils ont à passer par un grand nombre d’opérations dont nous allons rendre compte, & qui sont proprement du ressort du manufacturier Bonnetier : aussi se font-elles ordinairement chez lui.
La premiere de ces opérations est la foule. La foule demande la construction d’une machine telle qu’on la voit Plan. du Bonnetier en face fig. 1. de côté fig. 3. Cette machine s’appelle une fouloire. La fouloire a été construite jusqu’à présent en bois de chêne : mais son peu de durée & de solidité a déterminé le sieur Pichard, marchand Bonnetier fabriquant rue Mouffetard, à la faire construire de pierre.
Au reste la forme de la fouloire en pierre est la même que de la fouloire en bois que nous allons décrire, parce qu’elle est beaucoup plus ordinaire. abcd, fig. 1. est une planche de chêne échancrée. Les échancrures ae, ed, ont été pratiquées pour faciliter l’action des bras de l’ouvrier. La partie élevée e correspond au ventre de l’ouvrier. Le fond de la fouloire F, fig. 3. est fait d’une forte planche de chêne appuyée sur le bâtis de bois incliné hikl. Entre les piés mnop & sous ce bâtis, est placé un grand panier d’osier. Sur le fond F de la fouloire est fixée à clous une planche oblongue, sur un pié de hauteur & sur un peu plus de longueur ; cette planche est percée de rangées de trous, au nombre environ de cent vingt. On prend des dents de bœuf qu’on entortille de filasse, & qu’on