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Que les principaux phénomenes observés dans le vuide, sont que les corps les plus pesans & les plus légers, comme un louis & une plume, y tombent également vîte ; que les fruits, comme les grappes de raisins, les pêches, les pommes, &c. gardés quelque tems dans le vuide, conservent leur fraîcheur, leur couleur, &c. & que ces fruits fanés & ridés dans l’air libre deviennent fermes & tendus dans le vuide. Toute espece de feu & de lumiere s’éteint dans le vuide.

La collision d’un caillou & de l’acier ne donne point d’étincelle. Le son ne se propage pas dans le vuide.

Une phiole quarrée remplie d’air commun se brise dans le vuide ; une ronde ne s’y brise pas. Une vessie à demi pleine d’air peut supporter plus de quarante livres dans le vuide. Les chats & la plûpart des autres animaux meurent dans le vuide.

Par des expériences faites en 1704, M. Derham a trouvé que les animaux qui avoient deux ventricules & qui n’avoient point de trou ovale, mouroient en moins d’une demi-minute dès la premiere exhaussion. Une taupe y meurt en une minute, une chauve-souris en sept ou huit. Les insectes, comme guêpes, abeilles, sauterelles, semblent morts au bout de deux minutes ; mais, après avoir été même vingt-quatre heures dans le vuide, ils revivent lorsqu’on vient à les mettre dans l’air libre. Les limaçons peuvent être vingt heures dans le vuide, sans en paroître incommodés.

Les graines semées dans le vuide ne croissent point : la petite-biere s’évente, & perd tout son goût dans le vuide : l’eau-tiede y bout très-violemment.

La machine pneumatique ne peut jamais donner un vuide parfait, comme il est évident par sa structure & par la maniere de l’employer. En effet, chaque exhaustion n’enleve jamais qu’une partie de l’air qui reste dans le récipient, ensorte qu’après quelque nombre que ce sort d’exhaustions, il reste toujours un peu d’air. Ajoutez à cela que la machine pneumatique n’a d’effet qu’autant que l’air du récipient est capable de lever la soupape, & que quand la raréfaction est venue au point qu’il ne peut plus la soulever, on a approché du vuide autant qu’il est possible.

M. Newton ayant remarqué qu’un thermometre placé dans le vuide du récipient haussoit & baissoit, suivant que l’air de la chambre s’échauffoit ou se refroidissoit, a conjecturé que la chaleur de l’air extérieur se communiquoit dans l’intérieur du récipient, par les vibrations de quelque milieu beaucoup plus subtil que l’air qui y étoit resté, Opt. p. 323. Voyez Milieu, Chaleur, &c. Chambers.

Vuide, s. m. (Archit.) c’est une ouverture ou une baie dans un mur. Ainsi on dit, les vuides d’un mur de face ne sont pas égaux aux pleins, pour dire que ses baies sont ou moindres ou plus larges que les trumeaux ou massifs. Espacer tant plein que vuide, c’est peupler un plancher de solives, ensorte que les entrevoux soient de même largeur que les solives. On dit aussi que les trumeaux sont espacés, tant plein que vuide, lorsqu’ils sont de la largeur des croisées. Enfin on dit pousser ou tirer au vuide, c’est-à-dire de verser & sortir hors de son à plomb.

Vuides, dans les massifs de maçonnerie trop épais, sont des chambrettes ou cavités pratiquées, autant pour épargner la dépense de la matiere, que pour rendre la charge moins pesante, comme il y en a dans le mur circulaire du panthéon à Rome & aux arcs de triomphe. (D. J.)

Vuide, adj. en Musique, corde à vuide, ou, selon quelques-uns, corde à jouer ; c’est sur les instrumens à touche, comme la viole ou le violon, le son qu’on tire de la corde dans toute sa longueur, depuis le che-

valet jusqu’au sillet, sans y placer aucun doigt.

Le son des cordes à vuide est non-seulement plus grave, mais beaucoup plus plein que quand on y pose quelque doigt, ce qui vient de la mollesse du doigt qui gêne le jeu des vibrations. Cette différence fait que les habiles joueurs d’instrumens évitent de toucher aucune corde à vuide, pour ôter cette inégalité de son qui est fort désagréable à l’oreille, mais cela augmente de beaucoup la difficulté du jeu. (S)

VUIDÉ, en terme de Blason, se dit d’une piece principale dont la partie intérieure est vuide, & dont il ne reste que les bords pour en faire connoître la forme, de sorte que le champ paroît au-travers ; il n’est pas nécessaire d’exprimer la couleur ou le métal de la partie vuidée, puisque c’est naturellement la couleur du champ.

La croix vuidée est différente de la croix engrelée, en ce que cette derniere ne fait pas voir le champ au-travers d’elle, comme fait la premiere.

La même chose a lieu pour les autres pieces.

Buffevent en Dauphiné, d’azur à la croix clechée, vuidée & fleuronnée d’argent.

VUIDER, v. act. (Gram.) c’est enlever, ôter, verser, éloigner d’un lieu ce qui le remplissoit. On vuide un vase, un appartement ; on vuide ses mains, le pays ; on vuide une fosse, un canon, une clé ; une querelle, un procès, &c.

Vuider, (Jurisprud.) ce terme a différentes significations.

Vuider un différend, signifie le regler ou faire regler.

Vuider les lieux est lorsqu’un locataire ou autre personne cesse d’occuper les bâtimens & autres lieux dont il jouissoit, & qu’il en retire ses meubles & effets.

Vuider ses mains, c’est de laisser ou remettre quelque chose entre les mains d’un autre.

Les gens de main-morte peuvent être contraints de vuider leurs mains dans l’an des héritages non-amortis. Voyez Amortissement, Main-morte, Communautés, Religieux.

Un dépositaire ou tiers saisi vuide ses mains des deniers ou autres effets qu’il a, en les remettant à qui par justice il est ordonné. Voyez Saisie, Tiers saisi, Denier, Délivrance. (A)

Vuider, en terme de Batteur d’or, c’est ôter l’or battu & réduit au degré de légéreté qu’on souhaitoit du moule, pour le mettre dans un quarteron. Voyez Quarteron.

Vuider, v. act. dans la Gravure en bois, c’est enlever, soit avec le fermoir, soit avec la gouge, les champs qui doivent être creux dans la planche, autour des traits & des contours de reliefs. Voyez l’article Gravure en bois, & aux principes de cet art.

Vuider, on dit en Fauconnerie, vuider un oiseau pour le purger ; faire vuider le gibier, c’est le faire partir quand les oiseaux sont montés ou détournés.

VUIDURE, s. f. (Métiers.) ce terme est de signification différente en divers métiers ; par exemple, les Peigniers appellent vuidure bien faite, l’égalité du pié des dents d’un peigne ; & parmi les Découpeurs, ce mot signifie un ouvrage à jour. (D. J.)

Vuidure, c’est dans une planche de bois gravée tout ce qui a été vuidé & creusé, pour la finir & la mettre en état de pouvoir servir.

VULCAIN, s. m. (Mythol. Littérat. Iconolog.) fils de Jupiter & de Junon, est un dieu dont les avantures & les travaux sont immortalisés par les poëtes. Il se bâtit dans le ciel un palais tout d’airain, & parsemé des plus brillantes étoiles. C’est-là que ce dieu forgeron, d’une taille prodigieuse, tout couvert de sueur, & tout noir de cendre & de fumée, s’occu-