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que les Platoniciens, les Stoïciens, & Philon, aient entendu par ce terme le Verbe de Dieu, & Dieu lui-même, de la maniere que nous l’entendons, & les Ecritures seules nous fournissent assez de preuves convaincantes de la divinité du Verbe.

L’autorité des paraphrastes embarasse les nouveaux Ariens ; pour l’éluder Grotius a prétendu que Dieu avoit produit, selon les Juifs, un être subalterne, dont il se servit pour la création de l’Univers ; mais cet être qui crée, quel qu’il soit, est nécessairement Dieu, puisqu’il n’y a que Dieu qui ait ce pouvoir, & le targum l’attribue à Memra ou au Verbe. M. le Clerc écrivant sur le premier chapitre de S. Jean, dit à-peu-près la même chose, & soutient que Philon dans tout ce qu’il a dit du λόγος, ne regarde pas le verbe comme une personne distincte, mais qu’il en fait un ange & un principe inférieur à la divinité ; mais les orthodoxes ne se croient pas obligés à conformer leurs idées à celles de Philon, ou à les justifier. Ils ne font pas profession de le prendre pour guide en matiere de foi, ils s’en rapportent à ce qu’en a dit l’apôtre S. Jean dans son évangile, dans sa premiere épitre, & dans son apocalypse, où mieux instruit de la divinité du Verbe que Philon, & par des lumieres dont celui-ci ne fut jamais favorisé, il nous a dévoilé la nature du Verbe, sur-tout lorsqu’il a dit : au commencement étoit le Verbe, & le Verbe étoit avec Dieu, & le Verbe étoit Dieu. Il étoit au commencement avec Dieu : toutes choses ont été faites par lui, & rien de ce qui a été fait, n’a été fait sans lui, &c.

Les Ariens ont nié la divinité & la consubstantialité du Verbe, mais leurs erreurs ont été condamnées par les conciles, & entre autres par celui de Nicée, qui ont fixé le langage de l’Église sur cette importante matiere : elles ont été renouvellées dans le seizieme siecle, par Servet Socin, & leurs disciples connus sous le nom d’antitrinitaires. Voyez Ariens, Servetistes, Sociniens, Unitaires.

Le Verbe est engendré du Pere éternel, & cela de toute éternité, parce que le pere n’a pu être un seul instant sans se connoître, ni se connoître sans produire un terme de cette connoissance, qui est le Verbe. Le Verbe procede donc du Pere, par voie de connoissance & d’entendement. Les théologiens disent qu’il procede de la connoissance de l’essence divine, & de ses attributs absolus, & non-seulement de la connoissance que le pere a de lui-même & de sa nature, mais encore de celle de lui-même & du S. Esprit, & enfin de celle des choses possibles & des choses futures, parce qu’il est l’image de toutes ces choses, aussi-bien que de la nature divine. Voyez Fils, Génération, Pere, Trinité, Personne, Procession, &c.

VERBÉRATION, s. f. (Physiq.) est un terme usité par quelques auteurs, pour exprimer la cause du son, qui vient d’un mouvement de l’air frappé de différentes manieres par les différentes parties du corps sonore qui a été mis en mouvement. Voyez Son.

Ce mot est formé du latin verbero, je frappe. Chambers.

VERBERIE, (Géog. mod.) bourg de France dans la Picardie, sur le bord de l’Oise, à 4 lieues de Senlis, & à égale distance de Compiegne. Il est connu par trois conciles qui s’y sont tenus ; l’un en 853, le deuxieme l’an 863, & le troisieme l’an 869. Ce bourg a une église paroissiale, ainsi qu’une fontaine d’eaux minérales, froides, insipides, & qui participent d’un sel semblable au sel commun. (D. J.)

VERBEUX, adj. (Gram.) qui dit peu de choses en beaucoup de paroles. Montagne est un des premiers qui aient employé ce mot. Il dit : « à bien-vienner, à prendre congé, à saluer, à présenter mon service, & tels complimens verbeux des lois cérémonieuses de notre civilité ; je ne connois personne si

sottement stérile de langage que moi ».

VERBIAGE, s. m. (Gram.) amas confus de paroles vuides de sens. Il y a bien du verbiage aux yeux de la logique & du bon sens. Il y a peu de poëtes que les regles séveres de la poésie n’aient fait verbiager quelquefois.

VERBINUM, (Géog. anc.) ville de la Gaule belgique, dans le pays des Veromandui. L’itinéraire d’Antonin la place sur la route de Bagacum Nerviorum à Durocortorum Remorum, entre Duronum & Catusiacum, à 10 milles de la premiere de ces places, & à 6 de la seconde. Le nom moderne de Verbinum est Vervins. (D. J.)

VERBOQUET, s. m. (Méchan.) còntre-lien, ou cordeau qu’on attache à l’un des bouts d’une piece de bois ou d’une colonne, & au gros cable qui la porte, pour la tenir mieux en équilibre, & pour empêcher qu’elle ne touche à quelque saillie ou échaffaud, & qu’elle ne tournoie quand on la monte. On dit aussi virebouquet, parce que la corde fait tourner la piece dans le sens que l’on veut. (D. J.)

VERCEIL, (Géog. mod.) en latin Vercella ; ville d’Italie dans le Piémont, sur les confins du Milanès, au confluent de la Sessia & de la Cerva, à 15 lieues au sud-ouest de Milan, & à égale distance au nord-est de Turin. Elle est la capitale d’une seigneurie de son nom, & est honorée d’un siege épiscopal. On y voit plusieurs couvens de l’un & de l’autre sexe. Son hôpital est un des beaux d’Italie ; ses rues sont larges ; ses fortifications sont régulieres, & composent quatorze bastions tous revêtus : cependant les François prirent cette ville en 1704. Elle a eu différens maîtres, après avoir été libre & république ; enfin elle tomba sous la domination des ducs de Milan, & delà sous celle des ducs de Savoie qui la possedent aujourd’hui. Long. 25. 48. lat. 45. 19.

Baranzano (Redemptus), religieux, a été dans le xvij. siecle l’un des premiers de son pays, qui ait osé s’écarter de la route d’Aristote en philosophant. Cependant la Mothe le Vayer rapporte que ce bon barnabite l’avoit assuré plusieurs fois, & toujours sous le bon plaisir de Dieu, qu’il se feroit revoir à lui, s’il partoit le premier de ce monde. Il ne tint pas sa parole, quoiqu’il soit mort plus de 40 ans avant M. le Vayer ; & il vérifia la sentence de Catulle, Epigr. iij.

Qui nunc it per iter tenebricosum,
Illuc undè negant redire quemquam.

Pantalion, auteur presqu’inconnu du xv. siecle, naquit à Verceil ; il devint premier médecin de Philibert I. quatrieme duc de Savoie, vers l’an 1470. Il a fait un livre de lacticiniis, imprimé à Lyon en 1525, in-4°. (D. J.)

VERCELLÆ, (Géog. anc.) ville d’Italie dans la Transpadane. Ptolomée, l. III. c. j. la donne aux peuples Libici. Pline, l. III. c. xvij. dit qu’elle devoit son origine aux Salyi ou Salluvii. Tacite, Hist. l. I. c. lxx. la met au nombre des municipes les mieux fortifiées de la Transpadane.

Selon l’itinéraire d’Antonin qui la nomme Vercellis & Vergellenorum, elle étoit sur la route de Milan à Vienne, en passant les Alpes grayennes, entre Novarre & Ivrée, à 16 milles de la premiere de ces places, & à 33 de la seconde.

S. Jerome, Epist. xvij. écrit aussi Vercellis. Il la place dans la Ligurie au pié des Alpes, & dit qu’elle étoit puissante autrefois ; mais que de son tems elle étoit à demi ruinée, & n’avoit qu’un petit nombre d’habitans. Cette ville conserve encore son ancien nom : on l’appelle présentement Verceil. Voyez Verceil. (D. J.)

VERCHERE, s. f. (Jurisp.) vercheria ; terme usité dans quelques provinces, comme en Auvergne,