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nelles à leurs distances, ils paroîtront avoir un mouvement égal.

2°. Si deux objets inégalement éloignés de l’œil, mais à de grandes distances, se meuvent dans la même direction avec des vitesses inégales, leurs vitesses apparentes seront en raison composée de la raison directe de leur vitesse vraie, & de la raison réciproque de leurs distances à l’œil.

3°. Un objet visible qui se meut avec une vitesse quelconque, paroît en repos, si l’espace décrit par cet objet dans l’intervalle d’une seconde, est imperceptible à la distance où l’œil est placé. C’est pourquoi les objets fort proches qui se meuvent très-lentement, telle que l’aiguille d’une montre, ou les objets fort éloignés qui se meuvent très-vite, comme une planete, paroissent être dans un repos parfait. On s’apperçoit à la vérité au bout d’un certain tems que ces corps se sont mus ; mais on n’apperçoit point leur mouvement.

4°. Un objet qui se meut avec un degré quelconque de vitesse, paroît en repos, si l’espace qu’il parcourt dans une seconde de tems, est à la distance de l’œil, comme 1 est à 1400, ou même comme 1 est à 1300.

5°. Si l’œil s’avance directement d’un endroit à un autre, sans que l’ame s’apperçoive de son mouvement, un objet latéral à droite ou à gauche paroîtra se mouvoir en sens contraire. C’est pour cette raison que quand on est dans un bateau en mouvement, le rivage paroît se mouvoir. Ainsi nous attribuons aux corps célestes des mouvemens qui appartiennent réellement à la terre que nous habitons, à-peu-près comme lorsqu’on se trouve sur une riviere dans un grand bateau qui se meut avec beaucoup d’uniformire & sans secousses ; on croit alors voir les rivages & tous les lieux d’alentour se mouvoir & fuir, pour ainsi dire, en sens contraire à celui dans lequel le bareau se meut, & avec une vitesse égale à celle du bateau. C’est en effet une regle générale d’optique, que quand l’œil est mu sans qu’il s’apperçoive de son mouvement, il transporte ce mouvement aux corps extérieurs, & juge qu’ils se meuvent en sens contraire, quoique ces objets soient en repos. C’est pourquoi si les anciens astronomes avoient voulu admettre le mouvement de la terre, ils se seroient épargné bien des peines pour expliquer les apparences des mouvemens célestes.

6°. Dans la même supposition, si l’œil & l’objet se meuvent tous deux sur la même ligne, mais que le mouvement de l’œil soit plus rapide que celui de l’objet, celui-ci paroîtra se mouvoir en arriere.

7°. Si deux ou plusieurs objets éloignés se meuvent avec une égale vitesse, & qu’un troisieme demeure en repos ; les objets en mouvement paroîtront fixes, & celui qui est en repos, paroîtra se mouvoir en sens contraire. Ainsi quand les nuages sont emportés rapidement, & que leurs parties paroissent toujours conserver entr’elles leur même situation, il semble que la lune va en sens contraire. Wolf & Chambers.

Horison visible, voyez Horison.

Especes visibles, voyez Especes.

VISIERE s. m. ou Fente, signifioit autrefois la même chose que pinnule, & on l’emploie même encore quelquefois en parlant de certains instrumens dont on se sert en mer. Voyez Pinnule.

Visiere, s. f. (terme d’Heaumier.) Ce mot se dit en parlant de casques & d’habillement de tête ; c’est la partie de l’habillement de tête qui couvre le visage, & qu’on leve lorsqu’on est échauffé, qu’on veut prendre un peu d’air, & voir tout à fait clair. (D. J.)

VISIGOTHS, s. m. pl. (Hist. ancienne.) peuple venu de la Scandinayie, & qui faisoit partie de la

nation des Goths. On les appelloit Westergoths ou Goths occidentaux, d’où on les a nommés Visigoths par corruption, parce qu’ils habitoient originairement la partie occidentale de la Suede, du côté du Danemarck. Après avoir changé plusieurs fois de demeure, l’empereur Théodose leur accorda des terres en Thrace, d’où ils firent plusieurs incursions en Italie ; enfin, en 410, sous la conduite d’Alaric, ils prirent & pillerent la ville de Rome. Après la mort d’Alaric, les Visigoths élurent Ataulphe, son beau-frere, pour leur roi, qui alla faire une invasion dans les Gaules & en Espagne, où ils fonderent en 418 une monarchie puissante, dont Toulouse étoit la capitale. Après avoir chassé les Sueves & les Alains d’Espagne, ils y soutinrent la guerre contre les Romains, qu’ils dépouillerent totalement de ce royaume. La puissance des Visigoths dura dans les Gaules jusqu’à l’an 507, où Clovis, roi de France, tua leur roi Alaric dans la bataille de Vouglé, & se rendit maître de la plus grande partie de ses états. La puissance des Visigoths subsista en Espagne jusqu’à la conquête de ce royaume par les Mahometans ou Maures.

Visigothes, lois. (Jurisprud.) Voyez au mot Loi l’article Loi des Visigoths ; & au mot Code, l’article Code des Lois antiques, Code d’Alaric, Code d’Anian, Code d’Evarix. (A)

VISION, APPARITION, (Synonym.) La vision se passe dans les sens intérieurs, & ne suppose que l’action de l’imagination. L’apparition frappe de plus les sens extérieurs, & suppose un objet au-dehors.

Joseph fut averti par une vision de fuir en Egypte avec sa famille ; la Magdelaine fut instruite de la résurrection du Sauveur, par une apparition.

Les cerveaux échauffés & vuides de nourriture, croyent souvent avoir des visions. Les esprits timides & crédules prennent quelquefois pour des apparitions ce qui n’est rien, ou ce qui n’est qu’un jeu.

La Bruyere employe ingénieusement apparition au figuré : il y a, dit-il, dans les cours des apparitions de gens avanturiers & hardis.

Vision & visions se disent beaucoup dans le figuré ; l’un & l’autre se prennent d’ordinaire en mauvaise part, quand on n’y ajoute point d’épithete qui les rectifie ; par exemple, pour condamner le dessein de quelqu’un, on dit, quelle vision ! Nous disons d’un homme qui se met des chimeres dans l’esprit, qui forme des projets extravagans, il a des visions : gardez-vous bien, dit Racine, de croire vos lettres aussi bonnes que les lettres provinciales, ce seroit une étrange vision que cela. Vision s’applique aux ouvrages d’esprit ; peut-on préférer les poëtes espagnols aux italiens, & prendre les visions d’un certain Lopes de Vega pour de raisonnables compositions ?

Quand on donne une épithete à visions, elle se prend en bien ou en mal, selon la nature de l’épithete qu’on lui donne ; elle a des visions agréables, c’est-à-dire, elle imagine de plaisantes choses ; elle a de sottes visions, c’est-à-dire, elle imagine des choses ridicules & extravagantes. (D. J.)

Vision, s. f. (Optiq.) est l’action d’appercevoir les objets extérieurs par l’organe de la vue. Voyez Œil.

Quelques autres définissent la vision une sensation par laquelle l’ame apperçoit les objets lumineux, leur quantité, leur qualité, leur figure, &c. en conséquence d’un certain mouvement du nerf optique, excité au fond de l’œil par les rayons de lumiere réfléchis de dessus les objets, & portés de là dans le cerveau, au sensorium ou siege du sentiment. Voyez Visible.

Les phénomenes de la vision, ses causes, la maniere