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duire dans l’Eglise, y exciterent de grands troubles au commencement du vj. siecle.

Elle fut condamnée d’abord dans les conciles tenus à Rome & à Constantinople en 483. On la fit revivre dans le ix. siecle, & elle fut condamnée de nouveau dans un concile tenu à Rome sous le pape Nicolas I. en 862.

Le P. le Quien, dans ses notes sur S. Jean Damascene, dit que la même erreur avoit déja été avancée par Apollinaire, dont les disciples furent les premiers qui eussent été appellés Théopatites ou Théopaschites. Voyez Apollinaire.

THÉOPHANIE, s. f. pl. (Antiq. greq.) θεοφάνεια, c’étoit la fête de l’apparition d’Apollon à Delphes, la premiere fois qu’il se montra aux peuples de ce canton. Ce mot est composé de θεός, dieu, & φαίνω, j’apparois, je manifeste. Voyez Potter, Archæol. græc. l. II. c. xx. tome I. p. 402. (D. J.)

Théophanie, s. f. terme d’Eglise, nom que l’on a donné autrefois à l’Epiphanie ou à la fête des rois ; on l’a aussi appellé théoptie. Le P. Pétau, dans ses notes sur S. Epiphane, observe que, selon Clément d’Alexandrie, lorsque la théophanie, qui étoit un jour de jeûne, tomboit le Dimanche, il falloit jeûner. Cette pratique a bien changé, puisqu’aujourd’hui, bien-loin de jeûner le jour de la Nativité lorsqu’elle arrive le Dimanche, au contraire lorsqu’elle arrive un Vendredi ou un Samedi, qui sont des jours d’abstinence dans l’Eglise romaine, les lois ecclésiastiques dispensent de cette abstinence ; l’on fait gras, & c’est un jour de régal. (D. J.)

THÉOPHRASTA, s. f. (Hist. nat. Botan.) genre de plante ainsi nommé par Linnæus. Le calice de la fleur est une petite enveloppe légerement découpée en cinq segmens obtus, & il subsiste après la chute de la fleur. La fleur est monopétale, en cloche, finement divisée en cinq segmens obtus ; les étamines sont cinq filets pointus plus courts que la fleur ; les bossettes des étamines sont simples ; le germe du pistil est ovale ; le stile est affilé, & plus court que la fleur ; le stigma est aigu ; le fruit est une grosse capsule ronde, contenant une seule loge ; les semences sont nombreuses, arrondies, & attachées à chaque partie de leur silique qui est lâche. Linnæi, gen. plant. p. 66. (D. J.)

THEOPNEUSTES, (Littérat.) θεοπνεύσται, épithete que les Grecs donnoient à leurs prêtres, quand ils étoient saisis de l’esprit prophétique. Potter, Archæol. græc. tome I. p. 302. (D. J.)

THEOPROPIA, (Littérat.) θεοπροπία, c’est l’épithete même que les Grecs donnoient aux oracles. Voyez Oracle. (D. J.)

THÉOPSIE, s. f. (Mythologie.) c’est-à-dire l’apparition des dieux. Les païens étoient persuadés que les dieux se manifestoient quelquefois, apparoissoient à quelques personnes, & que cela arrivoit ordinairement aux jours où l’on célébroit quelque fête en leur honneur. Cicéron, Plutarque, Arnobe & Dion Chrysostôme font mention de ces sortes d’apparitions.

THÉOPTIE, s. f. terme d’Eglise, c’est la même chose que Théophanie ou Epiphanie. Ce mot vient de θεός, Dieu, & ὄπτομαι, je vois. (D. J.)

THEORBE ou TUORBE, s. m. (Lutherie.) instrument de musique fait en forme de luth, à la réserve qu’il a deux manches, dont le second, qui est plus long que le premier, soutient les quatre derniers rangs de cordes qui doivent rendre les sons les plus graves. Voyez Luth, & la fig. Planches de Lutherie.

Ce mot est françois, quoiqu’il y en ait qui le dérivent de l’italien tiorba, qui signifie la même chose ; il y en a d’autres qui prétendent que c’est le nom de celui qui a inventé cet instrument.

C’est le théorbe qui, depuis environ cent ans, a pris la place du luth, & qui dans les concerts fait la basse continue. On dit qu’il a été inventé en France par le

sieur Hotteman, & qu’il a passé de-là en Italie.

La seule différence qu’il y a entre le théorbe & le luth, c’est que le premier a huit grosses cordes plus longues du double que celle du luth : cette longueur considérable fait rendre à ces cordes un son si doux, & qu’elles soutiennent si long-tems, qu’il ne faut point s’étonner que plusieurs préferent le théorbe au clavessin même. Le théorbe a du-moins cet avantage, qu’on peut aisément changer de place.

Toutes ses cordes sont ordinairement simples, cependant il y en a qui doublent les plus grosses d’une petite octave, & les minces d’un unisson ; & comme, dans cet état, le théorbe ressemble davantage au luth, les Italiens l’appellent arci-leuto ou archi-luth. Voyez Archi-Luth.

THÉORE, s. m. (Antiq. greq.) θεορὸς, les théores étoient des sacrificateurs particuliers, que les Athéniens envoyoient à Delphes offrir en leur nom de tems en tems à Apollon pythien des sacrifices solemnels, pour le bonheur de la ville d’Athènes & la prospérité de la république. On tiroit les théores tant du corps du sénat, que de celui des thesmothetes.

THÉORÈME, s. m. en Mathématique, c’est une proposition qui énonce & démontre une vérité. Ainsi si l’on compare un triangle à un parallélogramme appuyé sur la même base & de même hauteur, en faisant attention à leurs définitions immédiates, aussi-bien qu’à quelques-unes de leurs propriétés préalablement déterminées, on en infere que le parallélogramme est double du triangle : cette proposition est un théorème. Voyez Définition, &c.

Le théorème est différent du problème, en ce que le premier est de pure spéculation, & que le second a pour objet quelque pratique. Voyez Problème.

Il y a deux choses principales à considérer dans un théorème, la proposition & la démonstration ; dans la premiere on exprime la vérité à démontrer. Voyez Proposition.

Dans l’autre on expose les raisons qui établissent cette vérité.

Il y a des théorèmes de différente espece : le théorème général est celui qui s’étend à un grand nombre de cas ; comme celui-ci, le rectangle de la somme & de la différence de deux quantités quelconques est égal à la différence des quarrés de ces mêmes grandeurs.

Le théorème particulier est celui qui ne s’étend qu’à un objet particulier ; comme celui-ci, dans un triangle équilatéral rectiligne, chacun des angles est de 60 degrés.

Un théorème négatif exprime l’impossibilité de quelqu’assertion ; tel est celui-ci : un nombre entier qui n’est pas quarré ne sauroit avoir pour racine quarrée un nombre entier plus une fraction.

Le théorème réciproque est celui dont la converse est vraie ; comme celui-ci : si un triangle a deux côtés égaux, il faut qu’il ait deux angles égaux : la converse de ce théorème est aussi vraie, c’est-à-dire que si un triangle a deux angles égaux, il a nécessairement deux côtés égaux. Voyez Réciproque, Inverse & Converse. Chambers.

THÉORÉTIQUE ou THÉORIQUE, qui a rapport à la théorie, ou qui se termine à la spéculation. Dans ce sens, le mot est opposé à pratique, & il répond à dogmatique.

Il est formé du grec θεωρέω, je vois, j’examine, je contemple.

Les sciences se divisent ordinairement en théorétiques ou spéculatives, comme la Théologie, la Philosophie, &c. & en pratiques, comme la Médecine, le Droit, &c. Voyez Science.

Théorétique, est un nom qui fut donné en particulier à une ancienne secte de médecins opposés aux empiriques. Voyez Médecin.

Les Médecins théorétiques étoient ceux qui s’appli-