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ressemblant aux tournoyemens souterreins de la tortue & de la taupe. Voyez Talpa.

TESURER, v. n. (Vénerie.) ancien mot qui signifie braconner, ou chasser vilainement sans chiens, ni oiseaux ; & rien ne détruit tant le gibier.

TET, le, (Géog. mod.) riviere de France, dans le Roussillon. Elle tire sa source des Pyrenées, au-dessus de mont-Louis, coule de l’ouest à l’est, & dans son cours, qui est fort tortueux, elle arrose Villefranche, Perpignan, & se jette dans le golfe de Lyon. Le Tet est vraissemblablement la riviere que Pomponius Méla nomme Thelis. (D. J.)

TETANUS, s. m. en Médecine, est une sorte de spasme, ou de convulsion, par laquelle les muscles du devant & du derriere de la tête deviennent roides & inflexibles, sans qu’on puisse la pancher ni d’un côté ni d’un autre. Voyez Convulsion.

Ce mot est formé du grec τεινειν, tendre.

Tetanus, ou tetanos, se prend aussi dans un sens plus général, pour une convulsion universelle, ou rigidité, qui saisit tout le corps à la fois.

Dans ce sens le tetanos se soudivise en emprosthotonos & opisthotonos. Voyez Emprosthotonos, & Opisthotonos.

Les remedes de ces especes de convulsions, sont les mêmes que les remedes généraux des vapeurs & des affections antispasmodiques. Voyez Convulsion.

TÉTARD, s. m. (Hist. nat. des Insect.) en latin gyrinus, & en anglois tadpole, c’est ainsi qu’on nomme le fœtus de la grenouille, dès qu’il commence à paroître le quatrieme jour après la ponte, avec ses enveloppes au milieu de l’œuf, & de la matiere mucilagineuse qui les environne ; au sixieme jour, le fœtus sort de ses enveloppes, & du mucilage qui est au-tour, alors il nage & il paroît à découvert sous la forme de tétard ; le mucilage s’est en partie dissous chaque jour jusqu’à ce tems, de sorte qu’il se trouve, pour ainsi dire, raréfié dans un plus grand volume, & qu’il ressemble dans cet état à un nuage ; le tétard y rentre de tems-en-tems, pour y prendre de la nourriture, & pour s’y reposer lorsqu’il s’est fatigué en nageant, car ce nuage le soutient sans qu’il fasse aucun effort.

Le tétard, au sortir de ces enveloppes, semble n’être composé que d’une tête & d’une queue ; mais la partie ronde que l’on prend pour la tête, contient aussi la poitrine & le ventre : dans la suite, les jambes de derriere commencent à paroître au-dehors, mais celles de devant sont cachées sous la peau qui recouvre tout le corps, même les jambes de derriere : enfin il se dépouille de cette peau ; alors ses quatre jambes sont à découvert, il prend la forme de grenouille, & il ne lui reste de tétard que la queue qui se désseche peu-à-peu, & s’oblitere en entier ; lorsqu’elle a disparu, la transformation de tétard en grenouille, est entierement achevée ; ce sont les observations de Swammerdam.

C’est du tétard que se servent ordinairement les physiciens, pour faire voir aux curieux la circulation du sang. Si l’on garde au printems pendant trois ou quatre jours du frai de grenouille, dans une petite quantité d’eau de fossé où ce frai se trouve, on y découvrira quantité de petits tétards, qui paroissent comme transparens, lorsqu’ils commencent à nager dans leur mucilage ; cependant, si pour lors on les met devant un microscope, dans un petit tube, avec un peu d’eau, on y distingue le cœur, ses battemens, la circulation du sang qui se fait dans chaque partie du corps, & sur-tout à la queue, où plusieurs vaisseaux se présentent aux yeux tout-à-la-fois ; au bout de peu d’heures, ces petits tétards paroissent déja moins transparens, & dans un couple de jours, leur peau devient trop opaque pour y découvrir la circu-

lation du sang ; on ne la voit alors que dans la queue,

ou mieux encore dans les nageoires, à la jointure de la tête. (D. J.)

Tétard, voyez Chabot.

Tétard, voyez Munier.

TÊTE, s. f. (Anat.) la partie la plus haute du corps d’un animal. Voyez Corps & Animal.

Pline, & quelques autres anciens naturalistes, parlent d’un peuple appellé Blemmye, qui n’avoit point de tête. Voyez Blemmie.

Il est parlé dans les voyageurs & dans les géographes modernes, de certains peuples qui se rendent la tête aussi plate que la main, & qui mettent la tête de leurs enfans, dès qu’ils sont nés, entre deux presses, ou planches, sur le front & le derriere de la tête pour l’applatir. Ils demeurent dans la province de Cosaque, sur la riviere des Amazones, dans l’Amérique méridionale.

Les anatomistes regardent la tête comme le ventre le plus élevé du corps humain, & c’est elle qu’ils disséquent la derniere, parce que les parties qu’elle contient, sont moins sujettes à la corruption. Voyez Ventre.

On divise la tête en deux parties ; l’une est la partie chevelue, appellée en latin calvaria, qui est couverte de cheveux. Voyez Cheveux.

L’autre sans cheveux, qui est la face, ou le visage, appellée vultus par les Latins, & προσοπον par les Grecs, c’est-à-dire, regardant devant soi. Voyez Face.

On subdivise la premiere partie en quatre, savoir le front, qui est l’endroit le plus humide & le plus tendre, & que les médecins appellent sinciput, comme qui diroit, summum caput. Voyez Front & Sinciput.

Le derriere, appellé occiput, & par les Grecs ινιον, parce que tous les nerfs qu’ils appellent inés, prennent leur origine de-là. Voyez Occiput & Nerf.

Le milieu, ou le haut de la tête, appellé couronne, & par les anatomistes vertex a vertendo, parce que les cheveux tournent là en rond. Voyez Vertex.

Enfin les côtés sont appellés tempes, tempora, parce que c’est-là que le poil commence à blanchir, ou à montrer le tems ou l’âge de l’homme. Voyez Temple.

On donne à l’os, ou à la boëte osseuse qui renferme le cerveau, le nom général de crâne ; il est composé de huit os. Voyez Crane.

L’os du front s’appelle coronal, os de la poupe, ou sans vergogne ; d’où vient qu’on appelle les impudens, effrontés. Voyez Os du front, ou Frontal.

Les rois ont la couronne sur la tête dans les fêtes solemnelles ; les évêques la mitre. Voyez Couronne, Mitre, &c.

Les anciens cavaliers portoient un heaume, & les soldats un casque ou pot-en-tête. Voyez Heaume, Casque, &c.

Tête se dit aussi du sommet des arbres ou des plantes. Voyez Arbre & Elaguer.

On donne aussi le nom de tête à l’extrémité des os. Voyez Os.

Quand l’os a un bout rond qui avance en-dehors, soit apophyse ou épiphyse, on lui donne le nom de tête. Voyez Apophyse.

Si son principe est grele & s’élargit peu-à-peu, on l’appelle col. Voyez Col.

S’il aboutit en pointe, on l’appelle coronoïde ou coracoïde, à cause qu’il ressemble à un bec de corneille. Voyez Coronoïde, Coracoïde.

Quand cette tête est plate, on l’appelle condyle ou double tête, comme sont les extrémités des os des doigts. Voyez Condyle.

On dit aussi la tête d’un muscle, en parlant de son extrémité ; & on dit la tête du foie, en parlant de sa partie la plus élevée. Voyez Muscle.