L’Encyclopédie/1re édition/TALPA

TALPA, terme de Chirurgie, en françois taupe ou taupiere, & en latin talparia, & topinaria, tumeur qui se forme sous les tégumens de la tête, ainsi appellée, parce qu’elle ressemble aux élévations que les taupes font dans les prés en fouillant la terre.

Le siege ordinaire de cette tumeur est dans le tissu cellulaire qui est entre le cuir chevelu & la calotte aponévrotique des muscles frontaux & occipitaux. Quelques auteurs assurent en avoir vu qui étoient adhérentes au crâne. Amatus Lusitanus rapporte l’observation d’une taupe, à l’extirpation de laquelle on trouva le crâne carié, avec ulcération des meninges & de la propre substance du cerveau.

Il faut donc exactement distinguer l’espece de tumeur qui se présente sous l’apparence de celle qu’on nomme talpa. Souvent le virus vénérien produit ces sortes de tubercules, & à l’ouverture de la tumeur suppurée, on trouve le crâne carié : la maladie a ses racines au crâne même ; c’est le perioste tumefié & suppuré qui occasionne la tumeur des tégumens. Voy. Vérole.

Le talpa simple & proprement dit, est une tumeur de la nature de l’athérome, formée par congestion, & qui contient une humeur suiffeuse. Ce n’est qu’une maladie locale, assez commune à gens qui se portent bien d’ailleurs. Beaucoup de personnes ont trois, quatre & même un plus grand nombre de ces tumeurs sans en être incommodées. Il y en a qui s’élevent & forment une tumeur ronde, qui a un pédicule susceptible d’être lié avec autant de facilité que de succès pour la cure radicale.

Fabrice d’Aquapendente multiplie les remedes internes & externes pour la guérison du talpa ; mais il faut toujours, selon cet auteur même, en venir à l’ouverture. Il ne conseille qu’une simple incision, lui qui, dans les abscès folléculeux, ou, ce qui est la même chose, dans les tumeurs enkystées recommande si expressément de disséquer les tégumens, & d’emporter exactement la poche qui contient la matiere. C’est le sentiment de Marc-Aurele Severin sur le talpa, & qui a été adopté par Hellwigius, dont on trouve les observations sur cette maladie dans la médecine septentrionale de Bonet, tome I. J’ai souvent réussi par la seule ouverture ; on vuide la tumeur comme une simple tanne, & elle guérit de même. (Y)