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convéniens de meurtrissures & des déchiremens forcés.

J’ai cru qu’une opération, au moyen de laquelle on feroit une incision des deux côtés, auroit tous ces avantages. Il n’y a certainement par rapport à la plaie, aucun inconvénient à faire des deux côtés, ce qui se pratique à un. Je fis faire d’abord une sonde fendue des deux côtés, pour pouvoir faire deux sections latérales à l’uretre en même tems. Les épreuves de cette opération sur les cadavres, m’y firent remarquer des avantages essentiels. 1°. On peut tirer des grosses pierres avec facilité, l’uretre étant coupé latéralement dans toute son étendue, & le bourrelet musculeux de l’orifice de la vessie, étant incisé intérieurement. J’ouvre par cette double incision une voie d’autant plus libre à la sortie des pierres, que l’ouverture est toujours plus grande à l’extérieure que dans le fond, parce que l’instrument tranchant qui entre horisontalement, fait son effet en poussant vers l’intérieur les parties externes qui sont les premieres divisées : de façon, qu’en retirant du dedans au-dehors les tenettes chargées de la pierre, elles passent successivement par une voie plus large. Le second avantage essentiel, est de pouvoir mettre dans beaucoup de cas, les malades à l’abri de l’incontinence d’urine, parce que la plaie étant faite par un instrument bien tranchant, & les parties divisées faisant peu d’obstacles pendant l’extraction, elles n’en sont pas fatiguées ; leur réunion peut donc se faire d’autant plus facilement, que l’incision qui a été faite transversalement, lorsque le sujet étoit en situation convenable, ne forme plus ensuite que deux petites plaies latérales & paralleles, qui viennent obliquement du col de la vessie aux deux côtés de l’orifice du vagin ; plaies dont les parois s’entretouchent exactement même sur le cadavre, en mettant un peu de charpie mollette dans le vagin, pour lui servir de ceintre.

Assuré par un grand nombre d’épreuves, de l’effet que produisoit cette méthode, je fis faire un instrument qui la rend plus prompte, plus sûre & plus facile à pratiquer. Cet instrument réunit à la fois les avantages de la sonde, du lithotome & du gorgeret. Il est composé de deux parties, dont l’une est le bistouri, & l’autre un étui ou chappe, dans laquelle l’instrument tranchant est caché. Voyez la description que j’en ai donnée au mot Lithotome.

Pour faire l’opération, il faut mettre le sujet en situation convenable, & qu’un aide souleve & écarte les nymphes. Je prends alors l’instrument, la soie du bistouri dégagée du ressort qui la fixoit. J’en introduis le bec dans la vessie. Je le contiens avec fermeté par l’anneau avec le doigt index & le pouce de la main gauche. Mon instrument étant placé, & dans une direction un peu oblique, ensorte que l’extrémité soit vis-à-vis du fond de la vessie, je presse le lithotome, & je fais invariablement deux sections latérales d’un seul coup. Je retire de suite le tranchant dans la chappe, & je tourne mon instrument d’un demi-tour de poignet gauche, en rangeant la canule dans l’angle de l’incision du côté droit. J’introduis les tenettes dans la vessie à l’aide de la crête qui est sur la chappe, après leur avoir fait le passage par l’introduction du doigt index de la main droite, trempé dans l’huile rosat. On cherche la pierre & on la tire avec facilité : cette opération se fait très-promptement, & l’on est sûr des parties qu’on coupe, l’instrument ne pouvant faire ni plus ni moins que ce que l’on a dessein qu’il fasse. M. de la Peyronie, dont le nom est si cher à la Chirurgie, approuva les premiers essais de cette méthode : je l’ai pratiquée avec le plus grand succès, & entr’autres sur une dame âgée de plus de soixante ans, qui souffroit depuis dix ans de la présence d’une pierre considérable dans la ves-

sie. Au bout de huit jours elle a été parfaitement

guérie ; & dès le quatrieme elle conservoit ses urines. M. Buttet, maître ès arts, & en Chirurgie à Etampes, témoin de cette opération, l’a pratiquée depuis avec un pareil succès, dans un cas qui en promettoit moins, puisque les pierres étoient multipliées, & que la plus grosse se brisa en plusieurs parties, les fragmens sortirent d’eux-mêmes dans la suite du traitement, & le malade malgré une réunion plus tardive de la plaie, guérit sans incontinence d’urine. M. Caqué, Chirurgien en chef de l’hôtel-dieu de Rheims, a aussi adopté ma méthode qui lui a réussi ; je donnerai l’histoire de l’origine & des progrès de cette opération dans un plus grand détail, mais qui seroit déplacé dans un dictionnaire universel. (Y)

Taille, s. f. (Minéralogie.) c’est ainsi qu’on nomme dans les mines de France, l’endroit où des ouvriers détachent la mine ou le charbon de terre.

Tailles de fond, & Tailles de point. (Marine.) Voyez Cargues de fond, & Cargues point.

Taille, s. f. tenor, s. m. la seconde, après la basse, des quatre parties de la Musique. C’est la partie qui convient le mieux à la voix ordinaire des hommes ; & qui fait qu’on l’appelle aussi voix humaine.

La taille se divise quelquefois en deux autres parties ; l’une plus élevée, qu’on appelle premiere ou haute-taille ; l’autre plus basse, qu’on appelle seconde ou basse-taille.

Cette derniere est, en quelque maniere, une partie mitoyenne ou commune entre la taille & la basse, & s’appelle aussi à cause de cela concordant. Voyez Parties. (S)

Taille de Haut-bois, (Lutherie.) instrument de Musique à vent & à anche, & qui est en tout semblable au haut-bois ordinaire, au-dessous duquel il sonne la quinte. Son étendue est comprise depuis le fa de la clé de f ut fa des clavecins, jusqu’au sol, à l’octave au-dessus de celui de la clé de g re sol des mêmes clavecins. Voyez la table du rapport de l’étendue des instrumens, & l’article Haut-bois.

Taille de violon, (Lutherie.) instrument de Musique, est la même chose que la quinte de violon. Voyez Quinte de violon.

Taille, (Gravure.) incision qui se fait sur les métaux, ou sur d’autres matieres, particulierement sur le cuivre, l’acier & le bois. Ce mot se dit aussi de la gravure qui se fait avec le burin sur des planches de cuivre & tailles de bois, de celles qui sont gravées sur le bois. Les Sculpteurs & Fondeurs appellent basses-tailles, les ouvrages qui ne sont pas de plein ronde-bosse ; on les nomme autrement bas-reliefs. Taille se dit aussi de la gravure des poinçons quarrés qui servent pour frapper les diverses especes de monnoies, d’où les ouvriers qui y travaillent sont appellés tailleurs. (D. J.)

Tailles, c’est dans la gravure en bois la même chose que traits ou hachures dans celle de cuivre.

Les tailles courtes ou points longs, servent comme dans celles en cuivre, à ombrer les chairs, & doivent se retoucher à-propos, mais elles ne sont guere d’usage dans la premiere, parce qu’on y fait rarement des figures assez grandes pour devoir y être finies avec cette propreté que donne le burin dans les estampes gravées en cuivre.

Les tailles perdues, ce sont des tailles ou traits rendus trop fin & plus bas que la superficie des autres, ce qui les empêche de marquer à l’impression, particulierement quand elles se trouvent dans une continuité de tailles égales, & toutes d’une même teinte ; c’est un défaut irrémédiable, parce qu’on ne peut remettre le bois qui aura été ôté mal-à-propos à de telles tailles.