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que lorsque je lis dans la traduction du pere Sanadon, que les combats sont pour les femmes un objet d’horreur, je ne vois que des femmes épouvantées ; au-lieu que les paroles d’Horace me font voir une mere attendre : ainsi je ne sens point que l’une de ces expressions puisse jamais être l’image de l’autre ; & bien loin que la traduction du pere Sanadon fasse sur moi un plus bel effet, je regrette le sentiment tendre qu’elle me fait perdre. Mais venons à la synecdoque.

Comme il est facile de confondre cette figure avec la métonymie, je crois qu’il ne sera pas inutile d’observer ce qui distingue la synecdoque de la métonymie. C’est,

1°. Que la synecdoque fait entendre le plus par un mot qui dans le sens propre signifie le moins ; ou au contraire elle fait entendre le moins par un mot qui dans le sens propre marque le plus.

2°. Dans l’une & l’autre figure il y a une relation entre l’objet dont on veut parler, & celui dont on emprunte le nom ; car s’il n’y avoit point de rapport entre ces objets, il n’y auroit aucune idée accessoire, & par conséquent point de trope : mais la relation qu’il y a entre les objets, dans la métonymie, est de telle sorte, que l’objet dont on emprunte le nom, subsiste indépendamment de celui dont il réveille l’idée, & ne forme point un ensemble avec lui ; tel est le rapport qui se trouve entre la cause & l’effet, entre l’auteur & son ouvrage, entre Cerès & le blé, entre le contenant & le contenu, comme entre la bouteille & le vin : au-lieu que la liaison qui se trouve entre les objets, dans la synecdoque, suppose que ces objets forment un ensemble, comme le tout & la partie ; leur union n’est point un simple rapport, elle est plus intérieure & plus indépendante. C’est ce qu’on peut remarquer dans les exemples de l’une & de l’autre de ces figures. Voyez Trope. (E. R. M. B.)

SYNECPHONESE ou SYNÉRESE, s. f. (Gram.) c’est une figure de diction, par laquelle on se débarrasse d’une syllabe, sans rien retrancher des élémens du mot ; ce qui se fait en prononçant, d’un seul coup de voix, deux sons consécutifs qui, dans l’usage ordinaire, se prononcent en deux coups. C’est ainsi que l’on trouve aureis en deux syllabes longues, à la fin d’un vers hexametre ; dependent lychni laquearibus āūrēīs : (Virg.) sūādet pour sŭādet ; suadet enim vesana fames. (id.), &c. Voyez la méthode latine de P. R. Traité de la poésie latine, ch. iij. §. 5.

Les anciens grammairiens donnoient à cette figure le nom de synecphonese, lorsque l’une des deux voyelles étoit entierement supprimée dans la prononciation, & qu’elles faisoient une fausse diphtongue ; comme dans alvearia, si, pour le prononcer en quatre syllabes, on dit alvaria, de même que nous disons Jan au lieu Jean. Au contraire, ils l’appelloient synérese, lorsque les deux sons étoient conservés & fondus en une diphtongue vraie, comme dans cui, si nous le prononçons de même que notre mot françois lui.

Mais comme nous ne sommes plus en état de juger de la vraie prononciation du latin, ni de discerner entre leurs vraies & leurs fausses diphtongues, & que ces termes sont absolument propres à leur prosodie ; nous ferons mieux de les regarder comme synonymes par rapport à nous.

Synecphonese vient de σὺν, cùm, & du verbe ἐκφωνέω, enuncio ; comme pour dire, duorum simul sonorum enunciatio.

Synérese vient aussi de σὺν, cùm, & du verbe αἱρέω, capio ; comme si l’on vouloit dire, duorum sonorum complexio. (E. R. M. B.)

SYNGRAPHE, s. m. (Droit rom.) nom que les Romains donnoient aux billets, promesses & obligations qu’ils faisoient quand ils empruntoient de l’argent.

Le syngraphe étoit scellé de l’anneau du débiteur, où étoit gravé son cachet ; c’est dans ce sens que l’affranchi de Trimalcion, qui querelle si vivement Ascylte & Giton, leur dit : « allons sur la bourse emprunter de l’argent ; tu verras si l’on n’a pas de la confiance en cet anneau, quoiqu’il ne soit que de fer. » Voyez Pline, l. XXXIII. c. j. (D. J.)

SYNNADA, orum, (Géog. anc.) ville de la grande Phrygie, & voisine de celle de Docimia ou Docimeum. Elle n’étoit pas grande du tems de Strabon, l. XII. qui en parlant de cette ville dit, non magna urbs. Il ajoute que le marbre de Synnada étoit en grande réputation. Tite-Live & Ptolomée écrivent aussi Synnada au nombre pluriel.

Etienne le géographe rapporte, qu’on disoit qu’Acamas errant après la guerre de Troye, arriva dans la Phrygie ; qu’y ayant trouvé le prince du pays assiégé par ses ennemis, il lui donna du secours, & devint maître d’une contrée où il bâtit cette ville. Il ajoute qu’Acamas, pour peupler sa ville, rassembla plusieurs Macédoniens venus de Grece, & qui s’étoient établis en Asie ; & que de ces gens ramassés pour demeurer en un même lieu, que dans la suite les habitans du voisinage corrompirent en celui de Synnada, on donna d’abord à la ville le nom de Synnæa ; on trouve le mot ΣΥΝΝΑΔΕΩΝ sur diverses médailles anciennes. Plusieurs auteurs écrivent encore le nom de cette ville Synnas, adis ; de ce nombre est Martial, livre IX. épigramme 76.

De marmore omni, quod Carystos invenit
Quod Phrygia Synnas, Afra quod nomas mittit.


Prudence, adv. Symmach. l. II. v. 246. suit la même ortographe.

Et quæ saxa Paros secat, & quæ punica rupes,
Quæ viridis Lacedæmon habet, maculosaque Synnas.


Stace, l. I. Silvar. Carn. V. v. 36. dit aussi :

Sola nitet flavis Nomadum accisa metallis
Purpura, sola cavo Phrygiæ quam Synnados auro
Ipse cruentavit maculis lucentibus Atys.

Ces témoignages nous font voir que la ville de Synnada, fournissoit un marbre précieux & tacheté. Ce marbre étoit blanc avec des taches rouges, ou couleur de pourpre, comme le remarque Pline, liv. XXXV. ch. j. qui au liv. V. ch. xxix. écrit Synnada, dæ, & donne cette ville pour le lieu où se faisoient les assemblées générales de la province. Si cela est, il falloit que quoique très-petite, elle fût considérable ; car les Romains ne mettoient les tribunaux que dans les villes de quelque importance. Dans la suite on vit Synnada, capitale de la Phrygie salutaire, & métropole de la province. (D. J.)

SYNNEMENON, adj. en Musique ; c’est le nom que donnoient les Grecs à leur troisieme tétracorde, quand il étoit conjoint avec le second, & divisé d’avec le quatrieme. Quand, au contraire, il étoit conjoint au quatrieme & divisé d’avec le second, ce même tétracorde prenoit le nom de diezeugmenon. Voyez aussi ce mot, voyez aussi Tétracorde, Systeme. (S)

SYNNEMENON DIATONOS, étoit dans l’ancienne Musique, la troisieme corde du tétracorde synnemenon dans le genre diatonique ; & comme cette troisieme corde étoit la même que la seconde corde du tétracorde disjoint, elle portoit aussi le nom de trite diezeugmenon. Voyez Trite, Systeme, Tétracorde.

Cette même corde, dans les deux autres genres prenoit le nom du genre où elle étoit employée, mais alors elle ne se confondoit pas avec la trite diézeugmenon. Voyez Genre. (S)

SYNNEVROSE, s. f. (Anat.) est une espece de symphyse ou d’union des os. Voyez Symphyse. Ce