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environ sept cens de nos livres. Ce rossignol fut donné à cause de sa rareté, à l’impératrice, femme de l’empereur Claudius. (D. J.)

Rossignol de muraille, voyez Rouge-queue.

Rossignol de riviere, voyez Rousserolle.

Rossignols, s. m. pl. terme de Carrier, les Carriers nomment ainsi les arcs-boutans des fourches qui soutiennent l’arbre de la grande roue des carrieres. (D. J.)

Rossignol, s. m. (Charpent.) coin de bois qu’on met dans les mortaises qui sont trop longues, lorsqu’on veut serrer quelque piece de bois, comme jambe de force ou autres. (D. J.)

Rossignol, (Maréchallerie.) faire un rossignol sous la queue est une opération qu’on fait au cheval poussif outré, pour lui faciliter, à ce qu’on croit, la respiration : voici la maniere de la pratiquer.

On fourre la corne de vache dans le fondement du cheval, puis avec la gouge rouge on perce au-dessus à plusieurs fois, jusqu’à ce qu’ayant percé le boyau, elle rencontre la corne, on passe alors une lame de plomb par ce trou ; on la fait ressortir par le fondement, & on entortille les deux bouts par dehors, ce qui empêche le boyau de se reprendre à l’endroit du trou.

Rossignol, terme de Serrurier ; instrument de Serrurier en forme de crochet, qui leur sert à ouvrir les portes au défaut des clés, qui sont cassées ou perdues. (D. J.)

ROSSIGNOLETTE, s. f. (Hist. nat. Ornitholog.) nom que l’on a donné à la femelle du rossignol. Voyez Rossignol.

ROSSOLIS, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en rose composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le pistil sort du calice, qui est fait en tuyau & devient dans la suite un fruit ovoïde & pointu qui s’ouvre par la pointe & qui renferme des semences arrondies & oblongues. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que les feuilles sont hérissées de poils & percées de trous, d’où on voit sortir de petites gouttes de liqueur. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

ROSSOLIS, (Mat. méd.) herbe de la rosée ou de la goutte. Toute la plante passe pour pectorale, béchique, incisive, bonne contre l’asthme, la toux invétérée, &c. Elle est encore vantée étant prise en infusion, comme un bon céphalique, propre contre la migraine, toutes les affections convulsives & les maladies des yeux.

Elle est absolument inusitée dans les prescriptions magistrales ; & elle n’est presqu’employée dans les boutiques, qu’à la préparation d’un sirop simple qu’on fait avec l’infusion de ses feuilles, & à celle d’un sirop composé, auquel cette plante donne son nom, & dont voici la description d’après la pharmacopée de Paris : Prenez rossolis frais exactement mondé, quatre onces : feuilles fraîches de velar, une once & demie : de pulmonaire, une once : de racine de safran des Indes, en poudre, un scrupule : de réglisse seche, deux gros : raisins secs de damas, mondés, une once : fleurs de tussilage, seches, trois gros : safran oriental, en poudre, vingt grains. Faites infuser toutes ces drogues pendant six heures à la chaleur du bain-marie dans huit livres d’eau commune. Passez & exprimez l’infusion ; ajoutez-y quatre livres de sucre ; clarifiez & cuisez en consistance de sirop.

La préparation de ce sirop doit être regardée comme peu exacte. C’est encore ici, comme nous l’avons remarqué plusieurs fois ailleurs, voyez, par exemple, Sirop de pomme à l’article Pomme, une infusion dont l’action modérée sur des principes volatils devient absolument infructueuse, puisque ses bons effets sont absolument détruits par la longue décoction à la-

quelle ces mêmes principes sont ensuite soumis dans

la cuite du sirop. Au reste, les divers ingrédiens de cette composition sont d’une nature si diverse, relativement à l’action qu’exercent sur chacun d’eux le menstrue aqueux & les divers degrés de chaleur dont ce menstrue est susceptible, qu’il faudroit ou traiter à part quelques-uns de ces ingrédiens, par exemple, la réglisse & le raisin sec qu’il faudroit soumettre à une bonne décoction, tandis qu’on n’exposeroit les autres qu’à une infusion au bain-marie ; ou bien il faudroit traiter tous les ingrédiens ensemble par la décoction dans un appareil distillatoire, c’est-à-dire par la distillation. Voyez Sirop. Mais un expédient plus simple & plus commode, c’est d’abandonner ce sirop qui n’a pas de propriétés assez merveilleuses, pour mériter d’être préparé avec tant de soin.

Celui dont nous avons donné la description, n’est presque qu’un sirop blanc, c’est-à-dire une dissolution de sucre à saturation dans de l’eau : car une infusion de quelques heures ne doit charger que très-légèrement cette eau de l’extrait & de la substance muqueuse des ingrédiens demandés pour ce sirop. Cette impregnation, telle quelle, le fait passer cependant pour pectoral ou béchique adoucissant. Voyez Pectoral. (b)

Rossolis, s. m. (Liqueurs.) liqueur agréable, d’eau-de-vie brûlée, de sucre & de canelle, où l’on ajoute quelquefois du parfum. Richelet. (D. J.)

Rossolis de six graines, (Pharmacie.) ou clairet des six semences appellées carminatives, savoir, de celles d’anis, de fenouil, d’anet, de coriandre, de carvi & de daucus de Crete. Voyez Clairet, Pharmacie. (b)

ROSSUS, (Géog. anc.) ville sur la frontiere de Syrie & de Cilicie, sur le golfe d’Issus. Cette situation est cause que quelques géographes, comme Pline & Ptolomée, la mettent dans la Syrie ; & d’autres, comme Strabon, dans la Cilicie. Athénée, livre xij. p. 586, dit qu’Alexandre donna le gouvernement de Tarse en Syrie à Harpalus. On lit en effet dans le texte ἐν Ταρσῶ τῆς Συρίας ; mais c’est véritablement une faute, car Tarse est la capitale de Cilicie, & on ne trouve point de ville du nom de Tarse dans la Syrie. Comme Tarse (Tarsus) est une ville beaucoup plus fameuse que Rossus, il y a toute apparence que les copistes ont changé ce dernier nom qui leur étoit peu ou point connu, en celui de Tarse, qu’ils connoissoient extrêmement. Ajoutons qu’Harpalus n’a jamais eu le gouvernement de Cilicie, puisqu’aucun auteur n’en fait mention, & que ce trésorier d’Alexandre se sauva à Athènes, selon le rapport d’Arrien, un peu avant la bataille d’Issus, c’est-à-dire, avant qu’Alexandre eût achevé la conquête de la Cilicie. Enfin quelques manuscrits d’Athénée portent avec raison Ροσσῶ au-lieu de Ταρσῶ. (D. J.)

ROSTEIN, instrument du métier des étoffes de soie. Le rostein est une grosse bobine percée de bout en bout, sur laquelle on devide la grosse soie servant à former la lisiere de l’étoffe, que l’on appelle communément cordelines & le cordon aussi. Voyez Porte-Rostein.

ROSTEN, ou REIBEN, (Hist. nat.) noms bisarres dont Avicenne s’est servi pour désigner les yeux d’écrevisses.

ROSTER, v. act. en terme de Boutonnier, c’est l’action de garnir le bas d’un bouton en points de soie, d’or ou d’argent, les uns près des autres, en partageant le bouton en plusieurs parties égales, dont les unes sont couvertes de soie ou d’or cordonnés, & les autres restent en luisant. Pour cet effet, on attache un bout de fil un peu fort au pié du bouton en-dessous ; on a une aiguille enfilée de soie ou d’or en plusieurs brins ; & vis-à-vis de soi une bobine