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de cauteres dont on se sert dans la fistule lacrymale. On le guérit par les incarnatifs.

RHAEBA, (Géogr. anc.) ville de l’Hibernie. Ptolomée, liv. II. ch. ij. la place dans la partie orientale de l’ile, mais dans les terres, entre Regia & Laberus. Cambden croit que c’est présentement Rhéban, bourgade du comté de Dueen’s. (D. J.)

RHAECI ou ROECI, (Géog. anc.) anciens peuples d’Italie. Strabon, liv. V. p. 231. les met au nombre de ceux dont le pays fut appellé Latium, après qu’ils eurent été subjugués. (D. J.)

RHAGADES, s. m. terme de Chirurgie, dérivé du grec, dont on se sert pour signifier les fentes, crevasses, ou gerçures qui surviennent aux levres, aux mains, à l’anus & ailleurs. L’humeur saline & âcre qui coule du nez dans le coryza cause des gerçures aux orifices des narines & à la peau de la levre supérieure. Le froid qui cause un resserrement violent à la peau délicate des levres, la ride comme un parchemin mouillé qu’on expose à l’action du feu pour le sécher. Les gerçures des levres occasionnées par le froid, se guérissent facilement, de même que toutes les autres scissures ou crevasses de la peau, avec la premiere pommade, pourvu qu’il n’y ait point de cause intérieure acrimonieuse ou virulente. Le rhagades qui sont des symptomes de lepre ou de gale, ne cedent qu’aux remedes convenables à la destruction de ces maladies. Voyez Lepre & Gale.

Les rhagades du fondement sont souvent des symptomes de la maladie vénérienne ; ils sont ordinairement accompagnés de callosités & souvent d’ulcération. Lorsqu’on a détruit le principe de la maladie par les remedes qui y sont propres, on voit les rhagades disparoître d’eux-mêmes. Ceux qui viennent à la suite d’une diarrhée ou de la dyssenterie, sont l’effet de l’irritation causée par des matieres âcres, & se guérissent comme toutes les crevasses bénignes, avec l’onguent rosat, le cerat de Galien, ou l’onguent populeum, & autres remedes semblables. (Y)

RHAGADIOLUS, s. m. (Hist. nat. Botan.) genre de plante ainsi nommé par Tournefort, & qu’on appelle en françois herbe aux rhagades, c’est le hieracium siellatum de J. B. & de Ray. Son calice est composé de feuilles étroitement crénelées, & lorsque sa fleur est tombée, il dégenere en gaînes membraneuses disposées en étoiles, velues, & qui contiennent chacune une semence. Tournefort ne connoît qu’une seule espece d’herbe aux thagades. Elle pousse des tiges à la hauteur d’un ou deux piés, grêles, rameuses, couvertes d’un peu de duvet. Ses feuilles sont sinueuses & velues. Sa fleur est un bouquet à demi-fleurons jaunes, soutenus par un calice composé de quelques fleuilles étroites & pliées en gouttiere. Sa semence est longuette, & le plus souvent pointue. Cette plante croît dans les pays chauds ; elle passe pour être apéritive & détersive. (D. J.)

RHAGOIDE, adj. terme d’Anatomie, qui signifie la seconde tunique de l’œil ; on l’appelle plus ordinairement l’uvée & choroïde. Voyez Uvée & Choroïde. On l’appelle rhagoïde parce qu’elle ressemble à un grain de raisin sans queue. Dans la tunique rhagoïde est l’ouverture appellée pupille. Voyez Prunelle.

RHAMNOIDES, s. m. (Hist. nat. Botan.) genre de plante dont la fleur n’a point de pétales ; elle est stérile, & composée de quelques étamines soutenues par un calice formé de deux feuilles. Il y a des especes de ce genre qui ne rapportent point de fleurs, & sur lesquelles naissent des embryons qui devienent dans la suite un fruit ou une baie dans laquelle il ne se trouve qu’une semence arrondie. Tournefort, I. R. H. corol. Voyez Plante. Linnœus l’appelle hyppophæ.

RHAMNUS, (Géog. anc.) bourg de l’Attique,

sur le bord de l’Euripe, dans la tribu aeantide, selon Strabon, liv. IX. Pausanias, attic. c. xxxiij. dit que ce bourg étoit à 60 stades de Marathon du côté du septentrion. M. Spon, voy. tom. II. pag. 184. dit que le nom moderne est Tauro Castro, ou Ebræo Castro. Cent pas au-dessus, ajoute-t-il, sont les débris du temple de la déesse Némésis. Ce temple étoit quarré, & avoit quantité de colonnes de marbre, dont il ne reste que les pieces. Il étoit fameux dans toute la Grece, & Phidias l’avoit rendu encore plus recommandable par la statue de Némésis qu’il y fit. Strabon dit que c’étoit Agoracritus parien, mais que cet ouvrage ne cédoit point à ceux de Phidias. Pour ce qui est de la montagne & de la grotte de Pan, dont les anciens disoient tant de merveilles, on ne les distingue point aujourd’hui.

Antiphon, orateur athénien, étoit du bourg de Rhamnus, d’où on le surnomma le rhamnusien. Personne avant lui ne s’étoit avisé de composer des plaidoyers. Après avoir cultivé la poésie, il se donna tout entier à l’éloquence, la réduisit en art, en publia des préceptes, & l’enseigna à Thucydide, qui par reconnoissance fit l’éloge de ce maître dans le huitieme livre de son histoire. Plutarque dit qu’il étoit exact dans sa maniere, énergique & persuasif, fécond en moyens, heureux à prendre le bon parti dans les conjectures douteuses, adroit à s’insinuer dans l’esprit de ses auditeurs, & rigoureux observateur des bienséances. Il y a eu plusieurs autres Antiphons, avec lesquels celui-ci ne doit pas être confondu. (D. J.)

RHAMNUSIA, s. f. (Mythol.) surnom de Némésis, à cause d’une statue qu’elle avoit à Rhamnus, bourg d’Attique. Cette statue de dix coudées de haut, étoit d’une seule pierre, & d’une si grande beauté, qu’elle ne cédoit point aux ouvrages de Phidias : elle avoit été faite pour une Vénus ; mais le nom de l’artiste n’a point passé à la postérité. (D. J.)

RHAPHANEDON, s. f. on sous-entend fracture ; espece de fracture qui a la forme de rave. Dans cette fracture, un os long s’est cassé en travers, selon son épaisseur. Rhaphanédon vient de ῥάφανος, rave ou raifort.

RHAPHIUS ou Rhaprus, s. m. nom ancien d’un quadrupede, ayant figure du loup & la peau mouchetée du léopard ; c’est le loup-cervier de France. Rhaphius vient de l’hébreu rhaam, affamé.

RHAPONTIC, s. m. (Hist. nat. Botan. exot.) en latin rhaponticum, off. ῥᾶ & ῥῆον Diosc. est une racine oblongue, ample, branchue, brune en-dehors, jaune en-dedans, coupée transversalement, montrant des cannelures disposées en rayons, tirées de la circonférence au centre ; mollasse, spongieuse, d’une odeur qui n’est pas désagréable ; d’un goût amer, un peu astringent & âcre ; visqueuse & gluante lorsqu’on la tient un peu dans la bouche.

Cette racine est différente de la rhubarbe des boutiques ; & c’est ce qui est évident par la description du rhapontic tirée de Dioscoride. « Le rha, que quelques uns appellent rheum, dit il, vient dans les pays qui sont situés le long du Bosphore, d’où on l’apporte. C’est une racine noire semblable à la grande centaurée, mais plus petite & plus rousse, fongueuse, un peu unie, sans odeur. Le meilleur est celui qui n’est point carié, qui devient gluant dans la bouche, & un peu astringent, qui a une couleur pâle & tirant un peu sur le jaune lorsqu’on l’a mâché ». Cette description convient fort bien au rhapontic de Prosper Alpin, ou des boutiques. On le place mal-à-propos, comme a fait Morisson, parmi les especes de lapathum. M. Tournefort en fait un genre particulier, & il l’appelle rhabarbatum forte Dioscoridis & antiquorum.

Sa racine qui est ample, branchue, pousse des