L’Encyclopédie/1re édition/GALE

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GALE, s. f. (Medecine.) maladie qui corrompt la peau par l’écoulement de certaines humeurs acres & salines, qui s’amassent en forme de pustules, & occasionnent des demangeaisons.

Il y a deux especes de gale, la seche & l’humide : la premiere est appellée gale canine, scabies canina, parce que les chiens y sont sujets ; ou seche, sicca, à cause qu’elle suppure peu ; prurigineuse, prunginosa, à pruritù, demangeaison ; car elle en cause une qui est très-importune ; gratelle, parce qu’on se gratte sans cesse : on lui donne encore les noms d’impetigo, lichen, mentagara : la seconde est nommée grosse gale ou gale humide, scabies crassa & humida, parce qu’elle est plus grosse que la premiere, & qu’elle forme des pustules circonscrites qui suppurent comme autant de petits phlegmons qui dégenerent en abcès. On attribue ordinairement la premiere à une humeur atrabilaire, & la derniere à une pituite saline ; elles sont toutes deux contagieuses. Voyez l’art. suiv.

Le docteur Bononio prétend avoir beaucoup mieux expliqué la cause de cette maladie, qu’aucun de ceux qui l’ont précédé : voici son hypothese.

Il examina plusieurs globules de matiere, qu’il fit sortir avec une épingle des pustules d’une personne qui étoit attaquée de cette maladie, avec un microscope, & les trouva remplis de petits animaux vivans semblables à une tortue, fort agiles, ayant six piés, la tête pointue, & deux petites cornes au bout du museau. Fondé sur cette découverte, il ne craint pas d’attribuer la cause de cette maladie contagieuse aux morsures continuelles que ces animaux font à la peau, & qui donnant passage à une partie de la sérosité, occasionne de petites vessies, dans lesquelles ces insectes continuant à travailler, ils obligent le malade à se gratter, & à augmenter par-là le mal, en déchirant non-seulement les petites pustules, mais encore la peau & quelques petits vaisseaux sanguins ; ce qui occasionne la gale, les croûtes, & les autres symptomes desagréables dont cette maladie est accompagnée.

On voit par-là d’où vient que la gale se communique si aisément ; car ces animaux peuvent passer d’un corps dans un autre avec beaucoup de facilité, par le simple attouchement. Comme leur mouvement est extrèmement rapide, & qu’ils se glissent aussi-bien sur la surface du corps que sous l’épiderme ; ils sont très-propres à s’attacher à tout ce qui les touche ; & il suffit qu’il y en ait un petit nombre de logés, pour se multiplier en peu de tems.

On voit donc par-là d’où vient que les lixiviels, les bains, & les onguens faits avec les sels, le soufre, le mercure, &c. ont la vertu de guérir cette maladie ; car ils ne peuvent que tuer la vermine qui s’est logée dans les cavités de la peau ; ce qu’on ne sauroit faire en se grattant, à cause de leur extrème petitesse, qui les dérobe aux ongles. Que s’il arrive quelquefois dans la pratique que cette maladie revienne lorsqu’on la croit tout-à-fait guérie par les onctions, on n’en doit pas être surpris : car quoique les onguens puissent avoir tué tous ces animaux, il n’est pas cependant probable qu’ils ayent détruit tous les œufs qu’ils ont laissés dans la peau, comme dans un nid ou ils éclosent de nouveau pour renouveller la maladie. Chambers.

On peut, sans manquer à la Medecine, ne pas se déclarer partisan de cette opinion, & regarder la gale comme une indisposition de la peau, par l’altération de l’humeur séreuse des glandes de cette partie, dont le vice se communique bien-tôt à toute la masse du sang. L’humeur cutanée peut être viciée par contagion, en couchant avec un galeux, ou dans le même lit où il a couché : on a même des exemples de personnes qui ont gagné la gale parce que leur linge avoit été lavé avec celui d’un galeux.

La stagnation de l’humeur cutanée peut acquérir par son séjour la nature d’un levain acre & en quelque sorte corrosif, qui cause non-seulement la gale, mais souvent des éruptions ulcéreuses. De-là vient que sans communiquer avec des galeux, ceux qui ont été détenus long-tems en prison, ceux qui ont mené une vie sédentaire, les personnes mal-propres, celles enfin qui ont été exposées aux ordures, &c. sont sujets à contracter cette maladie.

Les principales indications se réduisent à corriger le vice de l’humeur des glandes de la peau, & à rectifier cet organe. Les applications locales peuvent l’effectuer ; & lorsque la maladie est récente ou nouvellement contractée, elle est souvent guérie avec sûreté par les seuls topiques : mais si le vice a pénétré, & qu’il ait été transmis dans le sang par les voies de la circulation, il y a du danger à guérir la gale sans les préparations convenables : il faut d’abord travailler à la dépuration du sang par la saignée, les purgatifs, & les altérans convenables, tels que le petit-lait avec le suc de fumeterre, la creme de tartre mêlée avec la fleur de soufre, les bouillons de vipere, &c. Dans les gales opiniâtres, on est quelquefois obligé, après l’usage des bains, de faire usage des remedes mercuriels.

La gale scorbutique demande l’administration des remedes propres à détruire le vice du sang dont elle est un symptome.

Il y a beaucoup de bons auteurs qui ont traité de la gale ; on ne peut faire trop d’attention aux observations qu’ils rapportent ; & quoique cette maladie soit souvent confiée sans danger aux soins de personnes peu éclairées, les suites fâcheuses d’un traitement mauvais ou négligé devroient avoir appris par de tristes expériences, à se mettre en garde contre les gens qui conseillent & administrent des remedes sans connoissance de cause.

Les remedes qui dessechent les pustules de gale, sans prendre de précautions par l’usage des medicamens intérieurs, peuvent n’avoir aucun inconvénient, lorsque le caractere de la maladie est doux, qu’elle est récente & gagnée par contagion : il n’en est pas de même, lorsque la gale est occasionnée ou entretenue par quelque disposition cacochymique du sang & des humeurs : dans ce cas, la répercussion de l’humeur nuisible peut causer plusieurs indispositions mortelles, parce qu’elle se porte sur le poumon, sur le cerveau, & autres parties nobles. Plusieurs personnes ont eu le genre nerveux attaqué par l’usage de la ceinture mercurielle.

Les pauvres gens se traitent & se guérissent de la gale en se faisant saigner & purger ; ils prennent ensuite de la fleur de soufre dans un œuf ou dans du petit lait ; & ils en mêlent dans du beurre ou de la graisse, pour se frotter les pustules galeuses : on sait qu’elles se manifestent principalement entre les doigts, où est le siége propre & patognomonique de la maladie, aux jarrets, sur les hanches, & autres parties du corps, où l’humeur acre retenue, produit des tubercules qui excitent une demangeaison qui porte à se gratter jusqu’à la douleur. (Y)

Gale, (Manége & Maréchallerie.) maladie prurigineuse & cutanée ; elle se manifeste par une éruption de pustules plus ou moins volumineuses, plus ou moins dures, précédées & accompagnées d’une plus ou moins grande demangeaison.

Nous pouvons admettre & adopter ici la distinction reçûe & imaginée par les Medecins du corps humain, c’est-à-dire reconnoître deux especes de gale ; l’une que nous nommerons, à leur imitation, gale seche, & l’autre que nous appellerons gale humide.

Les productions pustuleuses qui annoncent la premiere, sont en quelque façon imperceptibles ; leur petitesse est extrème ; elles suppurent peu & très rarement ; elles provoquent néanmoins la chûte des poils dans les lieux qu’elles occupent & qui les environnent ; & le prurit qu’elles excitent est insupportable.

Les exanthèmes qui décelent la seconde sont toûjours sensibles ; ils sont plus ou moins élevés, & paroissent comme autant de petits abcès contigus, d’où suinte une matiere purulente, dont le desséchement forme la sorte de croûte qui les recouvre : dans celle-ci, le sentiment incommode qui résulte de l’irritation des fibres nerveuses répandues dans le tissu de la peau, n’affecte pas aussi vivement l’animal que dans la gale seche, & la demangeaison est beaucoup moindre.

Nous ne voyons point en général que cette maladie s’étende sur toute l’habitude du corps du cheval ; elle se borne communément à de certaines parties : la gale seche n’en épargne cependant quelquefois aucune : mais cet évenement n’est pas ordinaire ; & le plus souvent ses progrès sont limités, tantôt dans un espace & tantôt dans un autre.

La gale humide attaque l’encolure, la tête, les épaules, les cuisses, elle se fixe aussi dans la criniere. Voyez Rouvieux ; & dans le tronçon de la queue. Voyez Eaux, maladie.

Dès que la gale n’est point universelle dans les chevaux, comme dans l’homme, il est assez inutile de multiplier les divisions, & d’assigner, à l’exemple des auteurs en Chirurgie, le nom particulier de dartre à telle ou telle gale, sous le prétexte d’un local, qui d’ailleurs doit nous être d’autant plus indifférent, que toutes ces productions psoriques ne sont, à proprement parler, qu’une seule & même maladie, que les mêmes causes occasionnent, & dont le même traitement triomphe.

Bononius séduit par le raisonnement de quelques écrivains, a crû devoir s’efforcer d’accréditer leur opinion sur le principe essentiel de cette affection cutanée. Nous trouvons dans les Transactions philosophiques, n°. 283. une description singulierement exacte des petits animaux qu’on a supposés y donner lieu ; ils y sont représentés sous la forme & sous la ressemblance d’une tortue ; le micrographe se flatte même d’en avoir découvert & distingué les œufs : mais tous les détails auxquels il s’abandonne, bien loin de mettre le fait hors de doute, n’offrent qu’une preuve très évidente de la foiblesse de ses sens, de la force de ses préjugés, & de son énorme penchant à l’erreur.

La source réelle & immédiate de la gale réside véritablement dans l’acreté & dans l’épaississement de la lymphe : l’un & l’autre de ces vices suffisent à l’explication de tous les phénomenes qui assûrent l’existence de cette maladie, & qui en différentient les especes.

Si l’on suppose d’abord que cette humeur soit imprégnée d’une quantité de particules salines qui ne peuvent que la rendre acre & corrosive, mais qui noyées dans le torrent de la circulation, sont, pour ainsi dire dans l’inertie & sans effet : on doit présumer que lorsqu’elle sera parvenue dans les tuyaux destinés à l’issue de l’insensible transpiration & de la sueur, ces mêmes particules qu’elle y charrie s’y réuniront en masse ; de-la l’engorgement des tuyaux à leurs extrémités ; de-là les exanthèmes ou les pustules. Plus la lymphe sera ténue, moins les exanthèmes seront volumineux & les exulcérations possibles ; l’évaporation en sera plus prompte, elle ne laissera après elle nul sédiment, nulle partie grossiere ; les sels plus libres & plus dégagés s’exerceront sans contrainte sur les fibriles nerveuses ; & tous les symptomes d’une gale seche se manifesteront d’une maniere non équivoque. La viscosité est-elle au contraire le défaut prédominant ? les engorgemens seront plus considérables, les pustules plus saillantes & plus étendues ; & conséquemment le nombre des tuyaux sanguins qui éprouveront une compression, & des canaux blancs qui seront dilatés & forcés, sera plus grand. La lymphe arrêtée dans ceux-ci, & subissant d’ailleurs un froissement résultant du jeu & de l’oscillation de ceux-là, acquerra inévitablement plus ou moins d’acrimonie ; elle corrodera les vaisseaux qui la contiennent : cette corrosion sera suivie du suintement d’une matiere purulente, qui jointe à beaucoup de parties sulphureuses, sera bien-tôt desséchée par l’air, & ces mêmes parties embarrassant les sels & s’opposant à leur activité, leur impression sera plus legere. C’est ainsi que la gale humide se forme & se montre avec tous les signes qui la caractérisent.

Le virus psorique est contagieux ; il se communique par l’attouchement immédiat, par les couvertures, les harnois, les étrilles, les brosses, les époussettes, &c. de quelque maniere qu’il soit porté à la surface du cuir d’un cheval sain ; il s’y unit, il s’y attache, soit par l’analogie qu’il a avec l’humeur perspirante, soit par sa ténuité & sa disposition à s’introduire dans les pores. A peine s’y est-il insinué, qu’il fomente l’épaississement de la matiere qu’il y rencontre ; il y séjourne néanmoins quelque tems sans s’y développer sensiblement ; mais la chaleur naturelle & le mouvement des vaisseaux artériels excitant ensuite son action, nous appercevons bien-tôt des pustules qui se renouvellent & se reproduisent, selon qu’il a pénétré dans la masse. Nous devons donc regarder les parties salines exhalées du corps du cheval galeux par la transpiration & par la sueur, ou contenues dans l’humeur suppurée qui flue des exanthèmes, comme la cause prochaine externe de la maladie dont il s’agit.

Tout ce qui peut troubler la dépuration des sucs vitaux, donner lieu à la corruption des humeurs, & leur imprimer des qualités plus ou moins pernicieuses, doit être mis au rang de ses causes éloignées : ainsi de mauvais fourrages, qui ne fournissent qu’un chyle crud & mal digéré ; des travaux qui occasionnent une dissipation trop forte ; le défaut des alimens nécessaires à la réparation des fluides & à l’entretien de la machine ; un air humide & froid qui rallentit la marche circulaire ; l’omission du pansement ; & en conséquence le séjour d’une crasse épaisse qui obstrue & bouche les pores cutanés, sont autant de circonstances auxquelles on peut rapporter ces différentes éruptions.

Quoiqu’elles nous indiquent toûjours un vice dans la masse, elles ne présagent néanmoins rien de dangereux ; & les suites n’en sont point funestes, pourvû que le traitement soit méthodique, & que l’on attaque le mal dans sa source & dans son principe.

Il est quelquefois critique & salutaire ; car il débarrasse le sang de quantité de parties salines & héterogenes qui auroient pû donner lieu à des maux plus formidables : nous remarquons même très-souvent dans les chevaux qui n’ont jetté qu’imparfaitement, que la nature cherche à suppléer & supplée en effet par cette voie à l’impuissance dans laquelle elle a été d’opérer une dépuration entiere & nécessaire, par les émonctoires qui dans l’animal semblent particulierement destinés à l’écoulement de l’humeur & de la matiere dont le flux décele communément la gourme.

La gale seche est plus rébelle & plus difficile à dompter que la gale humide ; des sucs acres & lixiviels ne sont point aisément délayés, corrigés, emportés : elle attaque plus ordinairement les chevaux d’un certain âge & les chevaux entiers, que les chevaux jeunes & que les chevaux hongres ; les premiers à raison de la prédominance des sels, de la plus grande force & de la plus grande rigidité de leurs fibres ; les seconds conséquemment sans doute au repompement de l’humeur séminale, qui passant en trop grande abondance dans le sang, peut l’échauffer & exciter l’acrimonie, lorsqu’ils ne servent aucune jument ; ou à raison de l’acreté qui est une suite de l’apauvrissement de la masse, lorsqu’ils en servent un trop grand nombre. Nous dirons aussi que dans la jeunesse elle cede plus facilement aux remedes, parce qu’il est certain qu’alors la transpiration est plus libre, les pores de la peau plus ouverts & les fibres plus souples.

La gale humide résiste moins à nos efforts : sa principale cause consistant dans l’épaississement, & non dans un vice capable d’entretenir un levain, une salure qui pervertit les nouveaux sucs à mesure qu’il en aborde & qu’il s’en forme : si les jeunes chevaux y sont réellement plus sujets, c’est qu’en eux le tissu des solides est moins fort & moins propre à atténuer les fluides.

Nous observerons encore que toute maladie exanthémateuse prise par contagion, qui n’adhere qu’à la surface du corps, & qui n’a pas poussé, s’il m’est permis de m’exprimer ainsi, de profondes racines, n’est point aussi opiniâtre que celle qui doit son existence à la dépravation du sang & des humeurs ; & l’expérience prouve qu’une gale récente est plus susceptible de guérison qu’une gale ancienne & invéterée.

Pour ne point errer dans la maniere de traiter l’affection cutanée dont il est question, il est important d’en considérer l’espece, & de n’en pas perdre de vûe la cause & le principe.

Dans la gale seche notre objet doit être d’adoucir, de briser, d’évacuer les sels, de relâcher le tissu de la peau. Dans la gale humide, nous devons chercher à atténuer les particules salines & sulphureuses dont elle se charge, à favoriser enfin la transpiration. Si la maladie participe en même tems & de l’épaississement & de l’acrimonie, le maréchal y aura égard & tiendra un juste milieu dans le choix & dans l’administration des médicamens.

Son premier soin sera de séparer le cheval malade des autres chevaux, & de le placer dans une écurie particuliere ; non que j’imagine que le virus psorique soit assez subtil pour s’étendre de lui-même d’un lieu à un autre, & pour se communiquer ainsi : mais cette précaution devient essentielle, lorsque l’on réfléchit sur la facilité de la contagion par les harnois & par les couvertures, & sur la paresse ainsi que sur l’imprudence des palefreniers.

La saignée est nécessaire dans tous les cas : elle sera même répétée dans le besoin : dans tous les cas aussi on doit tenir l’animal au son & à l’eau blanche, & jetter dans cette même eau une décoction émolliente faite avec les feuilles de mauve, de guimauve, pariétaire, &c. Ce régime sera observé plus long-tems par le cheval atteint d’une gale seche, que par celui qui sera atteint d’une gale humide : on purgera ensuite l’animal une ou plusieurs fois avec le séné, l’aloës, l’aquila alba ou le mercure doux, après l’avoir néanmoins préparé à cette purgation par des lavemens émolliens : on en reviendra à l’usage de la décoction émolliente ; & s’il s’agit de la premiere espece de gale, on humectera soir & matin le son, que l’on donnera au cheval avec une tisanne composée dans laquelle entreront les racines de patience, de chicorée sauvage, d’althæa, & les feuilles de scabieuse, de fumeterre, &c. S’il refuse de manger le son ainsi humecté, on pourra lui donner cette boisson avec la corne : j’y ai plusieurs fois heureusement substitué des feuilles de grosse laitue que je trempois dans du lait, & que l’animal mangeoit avec avidité. Dans la circonstance d’une gale humide, on mouillera le son avec une décoction de gayac & de salsepareille, en mêlant à cet aliment des fleurs de genêt, & une demi-once de crocus metallorum. Le soufre, le cinnabre naturel, l’æthiops minéral, les poudres de viperes, de cloportes, de chamædris & de fumeterre donnés à tems & administrés avec circonspection, sont d’une très-grande ressource contre toutes sortes de gales : celles qui sont les plus rébelles & les plus invétérées disparoissent souvent lorsque l’on abandonne l’animal dans les prairies, & qu’il est réduit au vert pour tout aliment ; les plantes différentes qu’il y rencontre & dont il le nourrit excitant d’abord des évacuations copieuses & salutaires, & fournissant ensuite à la masse des sucs plus doux capables d’amortir l’acreté des humeurs.

La plûpart des Maréchaux ne font que trop souvent un usage très-mal entendu des topiques, sans doute parce qu’ils n’en connoissent pas le danger : il est inutile néanmoins de chercher dans Agendornius, dans Hoechstellerus & dans une foule d’auteurs qui traitent des maladies de l’homme, quels en sont les funestes effets. La matiere morbifique répercutée & poussée de la circonférence au centre, produit dans le corps de l’animal des desordres terribles, & dont ils ont sûrement été les témoins sans s’en appercevoir & sans s’en douter : j’ai vû ensuite d’une pareille répercussion des chevaux frappés d’apoplexie, de phthisie, atteints d’un abcès dans les reins, & de plusieurs autres maux qui les conduisoient à la mort. On ne doit donc recourir aux remedes extérieurs qu’avec prudence, & qu’après avoir combattu la cause.

Je ne ferai point une ample énumération des onguens, des lotions, des linimens que l’on peut employer ; il suffira de remarquer ici que le soufre & ses préparations sont d’une efficacité non moins merveilleuse en cosmétiques que donnés intérieurement. On peut faire un mélange de ses fleurs avec la chaux, & incorporer le tout avec suffisante quantité d’huile d’olive : ces mêmes fleurs, l’onguent de nicotiane, l’aquila alba, & l’huile d’hypéricon, composeront un liniment dont on retirera de très-grands avantages ; l’æthiops minéral mêlé avec du sain-doux, ne sera pas moins salutaire, &c. on en met sur toutes les parties que les exanthèmes occupent.

On doit encore avoir attention que le cheval ne se frotte point contre les corps quelconques qui l’environnent ; ce qui exciteroit une nouvelle inflammation, obligeroit le sang de s’insinuer dans les petits canaux lymphatiques, & donneroit bien-tôt lieu à une suppuration. Du reste, si le tems & la saison sont propices, on menera, après la disparition des pustules, l’animal à la riviere ; les bains ne pouvant que relâcher & détendre les fibre cutanées ; & il importe extrèmement de l’éloigner par un régime convenable, de tout ce qui peut susciter & reproduire en lui cette maladie. (e)

Gale, s. f. en latin galla, (Physique.) excroissance contre nature qui se forme en divers pays, sur divers chênes, & entr’autres sur le rouvre, à l’occasion de la piquûre de quelques insectes : ces sortes d’excroissances s’appellent plus communément, quoiqu’improprement, noix de galle ; mais comme c’est l’usage, & que l’usage fait la loi, voyez Noix de Galle. (D. J.)

* Gale, (Rubannier.) s’entend de toutes les inégalités qui se trouvent tant sur l’ouvrage qu’aux lisieres, & qui sont occasionnées par les bourres, nœuds, &c. qui sont dans les soies de chaîne ou de trame, si l’ouvrier n’a soin de les nettoyer : ces gales sont encore le plus souvent occasionnées, sur-tout aux lisieres, par le mauvais travail ou la négligence de l’ouvrier.