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On construit des regards ordinairement de 20 toises en 20 toises, de 3 piés en quarré sur 4 ou 5 piés de profondeur. On les revêt de maçonnerie d’un pié d’épaisseur jusqu’en-haut en forme de puits, & on les couvre d’une pierre plate percée dans le milieu, pour la pouvoir lever dans le besoin.

On appelle encore un regard l’endroit où est enfermé le robinet d’une fontaine, ou celui où l’on a sondé une branche sur une grosse conduite.

Le regard de fosse est ainsi nommé, parce qu’il reçoit toute l’eau des différentes pierrées qui amenent les sources, & que c’est de ce regard que les eaux se rendent dans le réservoir. (K)

Regard, (Peint. Grav.) on appelle un regard, soit en peinture, soit en gravure, deux portraits, deux estampes voisines de même grandeur, dont l’une est tournée à droite, l’autre à gauche, ensorte qu’elles se regardent. On connoît le distique suivant pour l’estampe d’un regard du R. P. Gourdan & de Santeul, tous deux chanoines réguliers de S. Victor. C’est Santeul lui-même qui en est l’auteur.

Proh ! quam dissimiles & vultu & moribus ambo !
Versibus hic sanctos, moribus ille refert.


Ah qu’ils sont différens & d’air & de mérite !
Santeul chante les saints, & Gourdan les imite.

(D. J.)

REGARDANT, en terme de Blason, se dit d’un lion ou autre bête de proie, qui regarde derriere elle, ayant la face tournée du côté de la queue.

D’autres entendent par regardant un animal qui ne meut que la tête & quelque partie du cou, mouvant de quelque division de l’écu dans une autre. Ainsi l’on dit tel (Servien) porte d’azur à trois bandes d’or au chef d’argent chargé d’un lion regardant de gueules.

REGARDER, v. act. (Gram.) c’est faire usage de ses yeux. On ne voit pas toujours ce qu’on regarde, mais on regarde toujours ce que l’on voit. Ce verbe a un grand nombre d’acceptions simples & figurées, dont nous allons donner des exemples. Je le regarde comme mon pere ; il ne regarde pas toujours à ce qu’il dit ; ils se regardent sans cesse ; il faut en tout regarder la fin : cette question regarde la physique ; cette maison regarde sur la campagne ; ces portraits se regardent ; ces deux astres se regardoient alors ; un chien regarde bien un évêque.

REGARNIR, v. act. (Gram.) c’est garnir de nouveau. Voyez les articles Garnir & Garniture.

REGATER, s. f. terme de Marine ; on appelle ainsi des courses de barques qui se font en forme de carrousel, sur le grand canal de Venise, où il y a un prix destiné pour le vainqueur.

REGATTA, (Hist. mod.) c’est ainsi qu’on nomme à Venise des courses que font les gondoliers avec leurs barques ou gondoles sur le grand canal ; ils disputent les uns contre les autres à qui aura plutôt parcouru un certain espace.

REGAYER, v. act. c’est parmi les Filassiers, peigner la filasse sur un regayoir, & la fendre de façon qu’elle n’ait plus besoin que d’être affinée.

REGAYOIR, s. m. terme de Chanvrier, sorte de séran entre les dents duquel passe le chanvre lorsqu’on l’accommode pour le purger de ses ordures ; c’est ce que les chanvriers appellent regayer le chanvre ; & ils nomment regayure ce qui demeure dans le regayoir lorsqu’on regaye le chanvre.

REGELER, v. n. (Gramm.) geler de nouveau. Voyez Geler & Gelée.

REGEN, le (Géogr. mod.) riviere d’Allemagne, dans le palatinat de Baviere ; elle a sa source aux con-

fins de la Bohème, & se perd dans le Danube, vis-à-vis de Ratisbonne.

RÉGENCE, s. f. (Gramm.) gouvernement de l’état pendant la minorité ou l’absence du souverain. La régence de Philippe duc d’Orléans, sera mémorable à jamais dans l’histoire de la France.

Régence du palais, (Jurisprud.) c’est le titre que prend la jurisdiction des clercs de procureurs au parlement de Rouen ; c’est la même chose que ce que l’on appelle ailleurs bazoche. Voyez le recueil des édits, déclarations & arrêts concernant le parlement de Normandie, par Me Froland. (A)

RÉGÉNÉRATION, s. f. (Théol.) c’est l’acte par lequel on renaît pour une nouvelle vie.

Ce terme consacré à la religion se prend en deux manieres dans le nouveau Testament ; 1°. pour la naissance spirituelle que nous recevons au baptême ; 2°. pour la nouvelle vie qui suivra la résurrection générale.

Par le péché d’Adam nous naissons tous enfans de colere, selon S. Paul. Pour effacer cette tache originelle qui nous rend enfans du démon, il faut, dans l’ordre de la grace, une nouvelle naissance qui nous rende enfans de Dieu. Or c’est ce qui arrive dans le baptême par l’onction du Saint-Esprit, dont ce sacrement est le signe & le gage : salvos nos fecit per lavacrum regenerationis & renovationis Spiritus-Sancti. Epist. ad Tit. iij. 5. c’est en ce sens qu’on dit d’un enfant ou d’un infidelle qui a reçu le baptême, qu’il a été régénéré en Jesus-Christ. Voyez Baptême.

La seconde acception du terme de régénération regarde une sorte de renaissance pour une autre vie, pour l’éternité ou l’immortalité. La premiere régénération nous rend enfans de Dieu, nous accorde l’innocence, & nous donne droit à la vie éternelle, qui est l’héritage des régénérés. Mais la seconde régénération, la resurrection nous fait entrer en possession de cet héritage. C’est en ce sens que Jesus-Christ dit à ses apôtres : lorsque le Fils de l’Homme, au jour de la régénération, sera assis sur le trône de sa majesté, vous serez aussi assis sur douze trônes, pour juger les douze tribus d’Israël. Matt. xix. 28. Voyez Resurrection.

Régénération, terme de Chirurgie, fort usité dans les traités des plaies & des ulceres, pour exprimer la réparation de la substance perdue. Nous avons exposé, au mot Incarnation, qu’il ne se faisoit dans les parties molles aucune régénération, & que les plaies avec perte de substance ne se fermoient que par l’affaissement des vaisseaux ouverts, dont les orifices se dépriment & se collent les uns sur les autres de la circonférence vers le centre. Cette occlusion forme la cicatrice. Voyez Incarnation, Cicatrice. La fausse doctrine de la génération a été funeste aux progrès de l’art.

Il n’en est pas ainsi des parties dures : il y a des exemples que des portions assez considérables de tout le diametre d’un os ont été enlevées, & que la nature les a régénérées ; c’est-à-dire qu’il s’est fait à leur place une concrétion de sucs osseux qui a rempli les fonctions de l’os perdu. M. Johnston, chirurgien à Dunfries, a donné dans les Essais de la société d’Edimbourg, l’observation de deux tibia qui se sont séparés de la jambe presque dans toute leur étendue à un jeune garçon de 10 à 11 ans, & qu’il a été au bout de quelques mois en état de marcher. L’académie royale de Chirurgie a reçu beaucoup de faits de cette nature, qu’elle pourra publier dans la suite de ses mémoires. Une chose digne de remarque, c’est que ces cures, dont on est plus redevable à la nature qu’à l’art, ne se sont faites que sur de jeunes personnes, en qui la vertu végétative étoit dans toute sa force, & qui n’avoient pas pris leur accroissement ;