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faire découvrir le pié du mur de la redoute. On les appelle alors redoutes à machicoulis. Voyez Machicoulis.

On construit encore des redoutes dans les lignes de circonvallation & de contrevallation, dans les différens postes qu’on veut garder à la guerre, & même quelquefois devant le front des armées en bataille, pour les fortifier, & leur servir d’espece de retranchement. Voyez Ordre de bataille. Ces redoutes sont de terre avec un rempart fraizé. Voyez Fraizes.

On peut encore se servir des redoutes pour former une espece de ligne de circonvallation autour des places, comme M. le maréchal de Saxe l’avoit fait à Maestricht en 1748 ; plusieurs militaires pensent que cette circonvallation formée d’ouvrages ainsi détachés est plus avantageuse que les lignes ordinaires. Nous observerons seulement ici sur ce sujet que les plus fameux capitaines anciens & modernes se sont servi très-avantageusement de ces lignes : qu’on n’a point encore d’exemple à alléguer en faveur des circonvallations formées de redoutes détachées ; & que dans un objet aussi important, l’amour de la nouveauté ne doit point nous porter à changer l’ancienne méthode qu’autant qu’il sera bien prouvé que la nouvelle est plus avantageuse ; & c’est ce qu’on n’a point encore fait. Nous renvoyons pour le détail de cette espece de problème militaire, à notre traité de l’attaque des places, seconde édition, dans lequel nous avons examiné les avantages & les inconvéniens des deux especes de lignes dont il s’agit. (Q)

Redoute a crémaillere, c’est une redoute ordinaire dont les faces forment des especes de redans perpendiculaires les uns aux autres de trois piés de côté ou de saillie.

L’objet de ces redans est de défendre toutes les parties de la redoute, c’est-à-dire, les angles qui dans les autres constructions ne sont pas défendues. Ingénieur de campagne par M. de Clairac.

Cette sorte de redoute demande du tems pour être construite solidement : ce qui fait qu’elle ne peut guere s’employer que dans les endroits que l’on peut fortifier à loisir. (Q)

Redoute, s. f. (Hist. mod.) en Italien ridotto. C’est un lieu public établi à Venise, où l’on s’assemble pour jouer à des jeux de hasard & sur-tout au pharaon. C’est toujours un noble Vénitien qui tient la banque, & il a à ses côtés deux dames masquées pour l’avertir des fautes d’inadvertence qu’il pourroit commettre à son préjudice. On n’y entre que masqué, & c’est pendant le carnaval que se tient la redoute. Les étrangers se plaignent de ne gagner presque jamais au jeu qui s’y tient.

REDOUTÉ Trés, (Hist. de France.) titre que l’on a donné à quelques-uns des rois de France, dans l’ouvrage qui a pour titre le songe du vieil Pélerin ; la reine Vérité conseille au jeune roi Charles VI, de ne pas souffrir que dans les lettres qu’on lui adresse, ou dans les requêtes qu’on lui présente, on employe le mot metuendissimo, très-redouté seigneur ; cette offrande, dit-elle, flatteuse & boursouflée de vent, fut premierement offerte à ton grand pere Philippe le Bel. Sans ce passage nous ne saurions peut-être pas en quel tems le titre de très-redouté, est devenu une expression de formule qui n’est pas faite pour les bons princes. (D. J.)

REDRESSEMENT, (terme de Maçonnerie) ce terme se dit du travail du maçon pour remettre un plancher ou tout autre ouvrage de niveau.

REDRESSER, v. a. (Gram.) remettre droit. Voyez Droit. On redresse un arbre, une regle, une planche, une éguille ; il se prend aussi quelquefois au moral, & l’on dit redresser le jugement, la raison, la conduite.

Redresser, en terme de Batteur d’or, c’est l’action de dérouler une bande d’or en la tirant à deux par chacune de ces extrémités ; cette opération sert à faire prendre le pli à l’or, & le prépare à recevoir toutes les formes qu’on va lui donner.

Redresser, en terme de Cornetier tabletier, c’est l’action d’unir les inégalités extérieures & intérieures d’un cornet, par le moyen du billot à redresser & du mandrin. Voyez ces mots à leur article.

Redresser les peaux, (terme de Chamoiseur) qui signifie les faire passer une seconde fois sur le palisson ; c’est la derniere façon qu’on leur donne après qu’elles ont été passées en huile, & après cette façon elles sont en état d’être vendues & employées. V. Chamois.

Redresser les Peaux, est aussi un terme de Megissier, qui signifie détirer les peaux avec les mains sur une table pour empêcher qu’il n’y reste aucun pli.

Redresser les Gants, terme de Gantier ; c’est leur donner leur derniere façon en les détirant avec les mains ; on dit aussi redresser les estavillons, c’est-à-dire ouvrir les gants en large & les étendre en long avec les fuseaux ou bâtons à gants.

Redresseur de tords, ce mot en usage dans les romans des chevaliers errans, étoit pris dans un sens moral & appliqué à ceux qui reparoient les outrages & les violences qu’on faisoit aux personnes. Nous le prenons ici dans un sens physique, pour signifier un chirurgien qui s’applique particulierement à donner aux membres la configuration qu’ils ont perdue par la maladie connue sous le nom de rachitis. J’ai vu un privilégié à Paris, il y a quelques années, qui m’a appellé pour être témoins de plusieurs cures en ce genre. Il faisoit baigner les enfans pendant quelques jours pour assouplir les membres ; il les frottoit ensuite tous les jours avec une pommade dont il faisoit un secret ; elle étoit de couleur verte & son odeur étoit assez forte. Cette composition m’a paru ressembler à l’onguent martiatum, décrit dans toutes les pharmacopées ; après quelques jours de ces embrocations, il mettoit des compresses, des éclisses & des bandages assez serrés pour retablir le membre dans sa rectitude naturelle, j’ai vu des succès de cette méthode, & assez prompts. Un enfant de sept à huit ans entr’autres, rachitique depuis l’âge de deux ans, avoit les jambes torses faisant un arc en dedans au point qu’étant debout, comme il pouvoit s’y tenir, il portoit sur la partie moyenne de chaque jambe, elles formoient exactement un X ; au bout de trois semaines les jambes étoient redressées, mais non assez pour pouvoir être abandonnées sans éclisses. Des bains froids étoient très-bien indiqués pour raffermir ensuite les parties rétablies dans leur figure naturelle. (Y)

REDRESSOIR, s. m. outil de Potier d’étain ; c’est un morceau de plomb rond de la grosseur d’un œuf de poule, dans lequel tient par un bout une verge de fer un peu courbe ; il sert à redresser les bosses des pots en l’introduisant & frappant par dedans pour les relever.

RÉDUCTIBLE, adj. (Gram.) qui peut être réduit. On dit les chaux métalliques sont réductibles, ou peuvent être ramenées sous la forme métallique par l’addition du phlogistique ; cette équation est réductible. Voyez l’article Réduction, (arithmétique & algebre.) Il n’y a point de corps qui ne soit réuctible en poudre ; ce legs est réductible, il est plus fort que la loi ne le permet. Voyez Trituration, Chaux métallique, Réduction (Chimie.) Ce syllogisme peut se réduire ou est réductible de cette forme sous cette autre. Voyez Réduction. (Logique.)

RÉDUCTION, s. f. (Logique.) opinion des anciens sur les réductions.

Pour entendre le galimathias de l’école sur les réductions des syllogismes, il faut se rappeller,