L’Encyclopédie/1re édition/FRAISE

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* FRAISE, s. f. ce mot a un grand nombre d’acceptions différentes. C’est le fruit du fraisier. Voyez les articles Fraisier & Fraise. C’est un cordon de petites feuilles placées entre la peluche & les grandes feuilles de quelques fleurs. C’étoit anciennement une partie de l’habillement, une espece de collier de toile, coupé en rond, étendu, plissé, empesé, qu’on voit aux portraits du regne de Henri IV, & que les Espagnols ont conservé. C’est aujourd’hui une autre parure. Voyez Fraise, (Mode.) C’est dans les animaux destinés à notre nourriture, les entrailles avec leur enveloppe. C’est une espece de fortification. Voyez Fraise, (Art milit.) Ce sont dans l’art de bâtir, des pieux qui entourent & défendent les piles d’un pont. C’est un instrument commun à un grand nombre d’artistes. Voyez Fraise. (Arquebusier & Horloger), c’est un coquillage qui ressemble au fruit de même nom. Il se dit aussi de la tête du cerf. Voyez Fraise, (Venerie.)

Fraise, en termes de Fortification, est une espece de défense ménagée avec des pieux pointus & presque paralleles à l’horison, qu’on enfonce dans les retranchemens d’un camp, d’une demi-lune, pour en empêcher l’approche & l’escalade.

Les fraises different des palissades, en ce que celles-ci sont perpendiculaires à l’horison, au lieu que les autres sont paralleles ou inclinées à l’horison. Voyez Palissade.

On se sert particulierement des fraises dans les retranchemens & aux ouvrages de terre ; on en met ordinairement au-dessous du parapet du rempart, c’est-à-dire à son côté extérieur vers le niveau du terre-plein du rempart, lorsqu’il n’est point revêtu de maçonnerie. Elles tiennent lieu du cordon de pierre qu’on met aux ouvrages de maçonnerie, & elles empêchent l’ennemi de franchir ou de monter sur le parapet. On leur donne une pente vers le fossé, afin que les bombes & les grenades que l’ennemi peut jetter dessus s’écoulent dans le fossé. (Q)

* Fraise, (Arquebusier.) voyez à l’article Fraise (Horloger) la définition générale de ce mot.

L’arquebusier a quatre especes de fraise : la fraise à bassinet, la fraise plate, la fraise pointue, la fraise à roder.

La fraise à bassinet est un morceau d’acier gros & rond comme un gland, & mâché comme une lime ; elle a une petite queue quarrée & longue d’un demi-pouce ; cette queue entre dans le trou de la broche qui porte la boîte, & qui traverse le chevalet. Les Arquebusiers s’en servent pour polir le creux d’un bassinet, en posant le gland ou la fraise, & le faisant tourner dedans par le moyen de l’archet dont la corde entoure la boîte.

La fraise plate a un bout rond, plat, & plus gros que le reste ; ce bout est cannelé, & sert aux Arquebusiers de la même maniere que la fraise pointue pour faire un trou plat où l’on puisse placer la tête d’une vis plate, & empêcher qu’elle n’excede sur la piece.

La fraise pointue est un petit foret quarré, long de deux à trois pouc. dont un des bouts représente une fraise pointue & cannelée sur toute sa longueur ; les Arquebusiers s’en servent pour aggrandir un trou dans une piece de fer, & le faire plus large d’un côté que de l’autre ; l’on s’en sert comme des forets en la posant dans la boîte & la tournant de même.

La fraise à roder, est une espece de clou de la longueur du pouce, dont la queue est ronde, unie, & un peu forte ; la tête un peu plus large, ronde, épaisse, & un peu mâchée en-dedans comme une lime. Les Arquebusiers s’en servent pour unir en-dessus l’œil où doit être placé une vis, pour que la tête porte bien à-plomb. Ils font passer la queue de cette fraise dans l’œil, de façon que le côté mâché de la tête porte dessus la face de cet œil. Ensuite ils mettent la queue de cette fraise dans l’étau à main, & tournent à droite & à gauche pour faire mordre la fraise sur le fer qu’ils veulent roder & unir.

Fraise, (Horlogerie.) espece de foret dont les Horlogers & d’autres artistes se servent pour faire des creusures propres à noyer les têtes des vis, & pour d’autres usages. Il y en a dont (fig. 49. & 50. Pl. XIV. de l’Horlogerie) la meche est ou quarrée ou triangulaire, ou ronde ; d’autres sont des especes de limes (fig. 41.) fixées à l’extrémité d’un arbre. Celles-ci servent pour dresser le fond d’une creusure, d’un barillet, ou d’une roue de champ. On se sert des fraises de la même maniere que des forets. Voyez Foret.

Les Horlogers appellent encore fraise, une espece de rochet (fig. 40. de la même Planche) monté sur un arbre ; cet outil sert à faire au bas de la fusée la creusure destinée à recevoir le rochet de la chaîne. Tous ces outils se meuvent par le moyen de l’archet, dont la corde fait un tour sur le cairrot.

On appelle encore fraise une petite plaque d’acier fort mince, circulaire, trempée fort dur, & taillée sur sa circonférence ; elle sert pour fendre les roues. Voyez Machine à Fendre. (T)

Fraise, en terme de marchand de Modes, est un tour-de-col, à deux ou trois rangs de ruban, ou de blonde froncée. Voyez Froncer. Ces sortes de colliers s’attachent par-derriere avec un nœud de ruban, & sont garnis par-devant le plus souvent d’un nœud à quatre. Voyez Nœud à quatre.

Fraise, (Venerie.) c’est la forme des meules & des pierrieres de la tête du cerf & du chevreuil, qui est le plus proche de la tête, que nous appellons massacre.