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les seigneurs de Mauléon en Poitou, qui étoient aussi seigneurs de la Rochelle. Charles VII. par ses lettres patentes de l’an 1457, exempta de taille les habitans de cette île, en faveur du vicomte de Thouars leur seigneur. De-là vient qu’ils sont toujours francs de taille ; mais les fermiers y ont un bureau pour percevoir les droits sur le sel : cette île en produit beaucoup, ainsi que du vin, dont on fait de l’eau-de-vie ; mais il n’y croît ni blé, ni foin.

Elle est commode pour le commerce, assez peuplée, & comprend six paroisses. Louis XIII. après la conquête de la Rochelle, se rendit maître de l’île de , & y fit élever deux forts. Sous Louis XIV. elle a été fortifiée de nouveau, & munie de deux autres forts. L’île, la ville & la citadelle, ont un gouverneur particulier, avec un double état-major. Long. 16. 28. latit. 46. 14. (D. J.)

RÉACAPTE, s. f. terme de Coutume, nom d’un droit seigneurial. Les acaptes en Languedoc & en Guyenne, sont de certains droits dûs au seigneur foncier & direct, par le changement de l’emphytéote, soit que le changement soit arrivé par mort, mariage, vente, &c. Et les réacaptes ou arrieres acaptes, sont des droits dûs par les emphytéotes à la mutation des seigneurs, soit par mort, mariage, ou autrement.

RÉACTION, s. f. terme de Physique, est l’action d’un corps sur un autre, dont il éprouve l’action. Voyez Action.

Les Péripatéticiens définissent la réaction, l’impression que fait un corps sur celui qui l’a affecté, impression qu’il exerce sur la partie même de l’agent qui l’a affecté, & dans le tems que l’agent l’affecte ; comme fait l’eau jettée sur du feu, qui en même tems qu’elle s’y échauffe, éteint le feu.

C’étoit un axiome dans les écoles, qu’il n’y a point d’action sans réaction ; ce que les Scholastiques expriment par ces termes : omne agens, agendo repatitur.

Mais on ignoroit que la réaction est toujours égale à l’action. C’est M. Newton qui a fait le premier cette remarque, & qui nous a appris que les actions de deux corps qui se heurtent l’un l’autre, sent exactement égales, mais s’exercent en sens contraires ; ou, ce qui est la même chose, que l’action & la réaction de deux corps l’un sur l’autre, produisent des changemens égaux sur tous les deux ; & que ces changemens sont dirigés en sens contraires.

Ainsi quelque corps que ce soit qui en presse ou en attire un autre, en est également pressé ou attiré. Voyez Lois de la nature, au mot Nature.

Si un corps mu, venant à en choquer un autre, change son mouvement en quelque direction que ce soit, le mouvement du premier s’est aussi altéré en sens contraire ; & cela en conséquence de la réaction du second corps, & de l’égalité des deux impressions réciproques.

Ces actions produisent des changemens égaux, non pas à la vérité dans les vîtesses, mais dans les mouvemens des deux corps, c’est-à-dire dans les produits de leurs masses par leurs vîtesses. Voyez Percussion, &c. Chambers. (O)

RÉADING, (Géog. mod.) ville d’Angleterre, capitale du Berckshire, au confluent de la Tamise & du Kennet, à 32 milles au couchant de Londres. Elle envoie deux députés au parlement, a droit de marché public, & est très-peuplée, contenant trois paroisses. On y fabrique beaucoup de draps, dont le débit contribue à son opulence, ainsi que celui des grains germés pour la biere. Long. 16. 45. latit. 51. 28.

Laud (Guillaume), naquit à Réading en 1573, & étoit fils d’un marchand drapier de cette ville. Il se distingua par ses talens, & devint successivement docteur d’Oxford, évêque de S. David, puis de

Bath & de Wels, ensuite de Londres, enfin archevêque de Cantorbéry en 1633. Il fut accusé de haute trahison en 1640, & décapité en 1644, devant la tour de Londres, âgé de 71 ans passés.

C’étoit un homme savant, sincere, zélé, régulier dans ses mœurs, & humble dans sa vie privée ; mais chaud, indiscret, & soutenant avec trop de feu certaines choses peu importantes en elles-mêmes. Telles sont, par exemple, son ordonnance de mettre la table de la communion au côté oriental des églises ; les révérences qu’il voulut qu’on y fît ; le nom d’autel qu’il leur affecta ; la suppression des sermons du Dimanche au soir ; son dessein d’ôter aux églises walones leurs privileges ; les jeux du Dimanche, dont il se déclara le protecteur, & quelques autres bagatelles sur lesquelles s’exerçoit toute la ferveur de ce tems-là. Mais sa sévérité dans la chambre étoilée, & dans la cour de la haute-commission, sur-tout son injustice dans la poursuite violente de l’évêque Williams, étoient des taches si noires, qu’il n’y avoit presque que l’horrible injustice de sa mort qui pût l’en laver. Son supplice produisit si bien cet effet, qu’il l’érigea lui-même en modele, & donna à ses sentimens une sanction, qui les a fait passer pour la regle de distinction des amis ou des ennemis prétendus de l’église anglicane.

Attaqué avec fureur par ses ennemis, accablé de calomnies, il ne laissa échapper, même dans les lettres familieres qu’il écrivoit à Vossius, aucune expression injurieuse contre ses persécuteurs. Il est pleinement justifié de l’odieuse accusation que ses adversaires répandirent par-tout contre lui, d’avoir voulu introduire le papisme dans l’église anglicane. Non seulement son principal ouvrage est en faveur de cette église contre Fisher, mais de plus, il ne cessoit de presser Vossius d’entreprendre la réfutation des livres du cardinal Baronius.

On a recueilli en un corps tous les ouvrages de ce prélat anglois, dont le premier volume parut en 16-1, & le second en 1700, in-folio. M. Heylin a donné l’histoire de la vie de cet archevêque, & M. Wharton (Henri), a publié son apologie, à Londres en 1695, in-fol. Le lecteur peut aussi consulter les fastes d’Oxford, par Wood, tome I. coll. 147. (D. J.)

RÉAGGRAVE, s. m. (Jurisp.) iterata aggravatio ; quelques-uns disent aggrave, Fevret dit reaggravation ; mais dans l’usage présent, on dit réaggrave : c’est la troisieme des monitions canoniques que l’on emploie, pour contraindre quelqu’un à faire quelque chose, comme pour l’obliger de venir à révélation des faits dont on veut avoir la preuve. La premiere monition s’appelle monitoire ou monition simplement. Ce premier monitoire prononce la peine d’excommunication ; le second qu’on appelle aggrave, prive celui qui est réfractaire aux monitions, de tout usage de la société civile ; le troisieme qu’on appelle réaggrave, défend publiquement à tous les fideles d’avoir aucune sorte de commerce avec l’excommunié, que l’Eglise annonce comme un objet d’horreur & d’abomination. Les aggraves & réaggraves se publioient autrefois au son des cloches & avec des flambeaux allumés, qu’on éteignoit ensuite, & qu’on jettoit par terre. Voyez Fevret, tr. de l’abus ; Ducasse, tr. de la jurisd. ecclésiast. & Aggrave, Monitoire, Excommunication. (A)

REAGGRAVATION, s. f. (Jurisp.) Voyez ci-devant Réaggrave.

REAJOURNEMENT, s. m. (Jurisp.) est la nouvelle assignation que l’on donne à celui qui n’a pas comparu au premier ajournement, & contre lequel on a pris défaut.

L’usage des réajournemens a été abrogé en matiere civile par l’ordonnance de 1667, tit. v. article 2. Ce-