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romanesque ; cependant les prêtres prétendent avoir reçu le puran, ainsi que le shaster & le vedam de la divinité même. Il n’est permis au peuple de lire que le puran, que l’on nomme par excellence Harma-pouranum. Les Indiens & les Malabares donnent encore le nom de puran ou de poésie, à un grand nombre de poésies qui célebrent les exploits des dieux Vistnou, & Issuren ou Ruddiren ; on y donne l’histoire de la guerre des géans avec les dieux, les miracles opérés par ces derniers, la maniere de leur rendre un culte qui leur soit agreable. Il y a de ces poëmes qui ne parlent que des dieux particuliers à certains cantons des Indes & de la côte de Malabare. Voyez Shaster & Vedam. On trouvera des exemples de la théologie & des traditions contenues dans le pouran, aux articles Ram, Vistnou & Rudiren.

PURAQUE, (Hist. nat.) espece de torpille des mers du Brésil, dont la forme approche de celle d’une raie ; on dit qu’elle engourdit comme la torpille, le bras dont on la touche par l’entremise même d’un bâton.

PURBECK pierre de, (Hist. nat.) nom donné par les Anglois à une pierre ou grais d’une couleur de cendre fort pesante, d’un tissu plus serré, qui peut être rendue assez unie, sans pourtant prendre de poli. Cette pierre ne fait point feu avec l’acier. On s’en sert pour le pavé & pour les édifices à Londres ; on la tire de l’île de Purbeck dans la province de Dorset. Voyez d’Acoste natur. hist. of fossils.

PUREAU, s. m. (Tuil.) ou échantillon ; c’est ce qui paroit à découvert d’une ardoise, ou d’une tuile mise en œuvre ; ainsi, quoiqu’une ardoise ait 15 ou 16 pouces de longueur, elle ne doit avoir que 4 ou 5 pouces de pureau, & la tuile 3 à 4 : ce qui est égal aux intervalles des lattes. (D. J.)

PURETTE, s. f. (Hist. nat. Minéralogie.) en Italie on donne le nom de puretta à un sable ferrugineux qui se trouve sur le bord de la mer méditerranée, dans le voisinage de la ville de Gènes ; cette substance est attirable par l’aimant dont on se sert pour la séparer du sable qui l’accompagne, & on l’emploie dans le pays pour répandre sur l’écriture. On trouve cette poudre sur les côtes, à la suite des tempêtes, & après que la mer a été fortement agitée ; il y a lieu de conjecturer que le mouvement violent des eaux détache cette poudre ferrugineuse de quelque mine de fer qui est au-dessous des eaux de la mer. On dit qu’au sortir de la mer, cette poudre ne noircit point les doigts ; mais si on l’écrase, elle noircit ; elle ne se rouille dans aucune liqueur ; l’eau-forte n’agit que peu, ou point du tout, sur elle ; enfin elle ne petille point comme la limaille d’acier, lorsqu’on la jette dans le feu, ou lorsqu’on la fait passer par la flamme d’une chandelle. Quelques auteurs ont cru, d’après ces phénomenes, que la purette étoit un aimant en poudre ; on pourroit soupçonner que c’est une mine de fer, dans laquelle ce métal est combiné avec quelque substance qui le garantit de l’action des acides & des liqueurs, sans pourtant empêcher qu’il ne soit attirable par l’aimant. (—)

PURGATIF & PURGATION, (Médecine, Thérapeutique.) le mot purgation tiré du latin purgare, purger, purifier, nettoyer, & auquel répond le mot grec κάθαρσις, quoique devant signifier à la rigueur, dans le langage médecinal, une évacuation quelconque de sucs viciés & impurs, a été appliqué par un très-ancien usage à l’évacuation des premieres voies, c’est-à-dire, de l’estomac, des intestins & des organes excrétoires qui se déchargent dans leurs cavités. La purgation prise dans ce sens spécial, a été divisée ensuite en purgation par en-haut, per superiora, sursum, ou vomissement. (Voyez Vomissement artificiel), & en purgation par en-bas, per inferiora, deorsum, qui a retenu plus spécialement le nom de purgation.

La purgation ou l’évacuation intestinale est donc devenue par l’usage la purgation par excellence, & même le remede par excellence ; & cet usage est très-ancien ; car de même que nous disons aujourd’hui dans le langage ordinaire, une médecine, au lieu d’un médicament purgatif, Hippocrate a dit plusieurs fois dans le même sens φάρμακον, médicament.

Les secours par les moyens desquels la purgation est produite, sont connus dans l’art sous le nom de purgatif, & sous celui de cathartique.

On peut avancer que de tous les remedes appellés universels, les purgatifs fournissent le remede le plus universel, soit qu’on déduise cette assertion de l’emploi presque infini de ce remede considéré indépendamment de son utilité réelle, soit qu’on l’appuie sur la considération de ses effets manifestes, considérables, trés-variés, très-étendus.

La vérité de cette observation est établie au premier égard, en ce qu’une des manieres générales de traiter les maladies aiguës qui n’est pas la moins répandue, ne consiste presque en autre chose qu’à donner des purgatifs depuis le commencement de la maladie jusqu’à la fin. 2°. En ce qu’un très-grand nombre de maladies chroniques sont aussi traitées par l’administration fréquente des purgatifs ; & enfin que ce remede fournit le secours le plus usuel du traitement domestique des incommodités ; en sorte que c’est une espece de luxe que d’avoir une formule de médecine ordinaire, ou ce qu’on appelle communément avoir sa médecine.

Le second argument que nous avons proposé en faveur de l’universalité des vertus du purgatif ne sauroit être établi, comme le précédent, sur un simple énoncé ; il mérite bien au contraire d’être discuté avec soin comme un des points principaux & vraiment fondamentaux de l’art. Nous observerons d’abord, pour commencer, par l’objet le moins grave, que les purgations appellées de précaution sont plus souvent superflues qu’utiles, à moins qu’elles ne soient indiquées par une incommodité habituelle grave qu’il s’agisse de prévenir, selon la méthode des anciens, qui plaçoient cette évacuation préservative principalement au printems ; c’est ainsi que Galien fait une regle générale d’affoiblir par des purgations naturelles au commencement du printems, ceux qui se portent bien, mais qui deviendroient infailliblement malades, si on n’usoit avec eux de cette précaution ; & venant ensuite au détail des affections dont on éloigne les accès par cette méthode, il compte la goutte, le rhumatisme, l’épilepsie, la passion mélancolique ou hypocondriaque, le cancer aux mamelles, la lepre commençante, l’asthme, & les fievres tierces d’été. Mais l’usage de se purger dans la vue de prévenir des incommodités ou imaginaires ou de peu de conséquence, faire ce qu’on appelle une boutique d’apothicaire de son corps, est certainement une chose très-pernicieuse ; & le même Galien que nous venons de citer, l’observe expressément.

2°. L’usage des purgatifs contre les incommodités actuelles qui dépendent du vice des digestions, est moins utile & moins commode que celui des émétiques. Voyez l’article Vomitif & Vomissement artificiel.

3°. Les purgatifs sont véritablement & éminemment utiles dans le traitement d’un grand nombre de maladies chroniques présentes ou actuelles, telles que toutes celles contre lesquelles nous avons admis leur usage prophylactique ou préservatif, & de plus contre toutes les affections cutanées opiniâtres & anciennes, parmi lesquelles il faut compter les ophthalmies & toutes les autres maladies lentes des parties extérieures du globe de l’œil & des paupieres ; les hydropisies confirmées, la leucophlegmatie & toutes les maladies à serosâ colluvie, simples, exquises