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l’environnent, ne contribue pas peu à leur grande multiplication. Les personnes qui ont le soin de faire souvent frotter avec de fortes brosses tous les endroits où les punaises peuvent déposer leurs œufs, empêchent par ce moyen la reproduction d’un grand nombre de ces insectes, & obligent les autres à déserter en s’opposant continuellement à leur régénération, & en les privant par-là du plaisir de se reproduire, sentiment inné & commun à tous les êtres.

La vapeur du soufre fait mourir en moins d’une heure les punaises qui y sont exposées : si on en met dans des cornets faits d’un double papier, & fermés le plus exactement qu’il est possible, & si on place ces cornets dans différens endroits d’une armoire où on fait brûler du soufre, on trouve toutes les punaises mortes au bout d’une heure. On ne sait si cette vapeur attaque & détruit le germe des œufs. En faisant brûler dans une chambre du soufre en assez grande quantité pour que la vapeur qui en sort remplisse toute la chambre, on parvient à tuer généralement tous les insectes qui y sont, même les vers des teignes ; on viendroit à bout par ce procédé de détruire entierement les punaises d’un appartement, si on réiteroit cette opération assez souvent pour que les punaises qui ecloroient après la premiere fumigation n’eussent pas le tems de pondre leurs œufs. Voyez Insecte.

Pour détruire ces insectes sans inconvénient, M. Salberg propose la composition qui suit. Prenez une livre de térébenthine, d’alkali fixe ou de potasse une livre & demie ; de chaux vive une demi-livre ; de verd de gris un quarteron : on pulvérisera séparément chacune de ces matieres ; on les mêlera promptement dans un mortier de marbre, & on les mettra dans un matras de cuivre ; on versera par-dessus une pinte de bonne eau-de-vie ; on y adaptera un chapiteau, & pour boucher les jointures on y mettra de la vessie mouillée ; on distillera doucement en se servant d’un réfrigérant : on mettra la liqueur qui résulte dans une bouteille bien bouchée, au fond de laquelle on aura eu soin de mettre un peu de verd de gris : quand il s’y sera parfaitement dissout, la liqueur sera faite ; & pour tuer les punaises, on n’aura ou’à seringuer de cette liqueur dans les trous & les crevasses des murs où elles se logent communément, & en frotter les bois de lit ; elles en meurent sur le champ, & les œufs ne peuvent plus éclore. Voyez les mémoires de l’académie de Suede, année 1745.

Punaise aquatique, (Hist. des insect.) ajoutons, d’après M. Lyonnet, que les jambes antérieures des punaises aquatiques ne leur servent pas à marcher, elles leur tiennent lieu d’antennes & de griffes, pour tenir & saisir leur proie ; elles ont le long de ces jambes une cavité dans la quelle le pié ou la griffe peut se mettre depuis l’articulation jusqu’au bout : cette cavité ressemble à celle où s’enchâsse la lame d’un couteau de poche, & elle leur a été donnée pour empêcher que cette griffe ne s’émoussât, ou ne fût endommagée par quelque accident. (D. J.)

PUNARU, s. m. (Hist. nat.) petit poisson du Brésil du genre de ceux que les Latins nommoient alaudæ. Son corps est oblong, & sa tête finit en museau obtus. Sa machoire inférieure est garnie de deux dents pointues comme des aiguilles ; ses yeux sont fort hauts dans la tête, la prunelle en est noire, & l’iris jaune. Ses ouïes ont deux nageoires placées derriere. La nageoire du dos s’étend depuis la tête jusqu’à la queue. Sa peau & ses nageoires sont toutes brunes. Il habite dans les rocs, & s’établit quelquefois dans les coquilles des plus gros coquillages.

PUNAY, (Ornith.) nom qu’on donne dans les îles Philippines à une des plus belles especes de tourterelles du monde, & qui est commune dans leurs bois ; elle est de la grosseur d’un petit perroquet, & est d’un très-beau verd diapré de blanc au bout des

plumes de l’aîle ; la partie inférieure de son vetitre est couleur de safran ; son bec est jaune. (D. J.)

PUNCH, s. m. boisson angloise ; il s’en fait de plusieurs sortes qui different soit par la composition, ou par les ingrédiens dont on se sert. Le punch simple se fait avec une partie de rhum ou de taffia, & trois parties de limonnade composée d’eau claire, de citron & de sucre ; on y met une petite croûte de pain brûlé, un peu de muscade rapée, & un morceau d’écorce de citron. On peut rendre le punch plus ou moins fort en augmentant ou diminuant la dose du rhum, suivant le goût des personnes ; cette boisson est fort agréable, mais il faut s’en mésier, sur-tout lorsqu’elle est chargée de liqueurs spiritueuses.

Le punch au rach ne differe du précédent que par l’espece de liqueur qu’on y met au lieu de rhum.

Pour faire un punch délicat, fort agréable, & dont les dames font grand cas, il faut, à la place des liqueurs précédentes, substituer de l’eau des barbades, ou de l’eau divine en quantité modérée ; passer le tout au-travers d’une mousseline très-propre, & y ajouter quelques gouttes d’essence de canelle & de l’eau de fleur d’orange.

Punch chaud. Pour le faire, on met dans un grand pot de terre vernissé & bien propre quatre ou cinq parties d’eau claire, & une partie de rhum ou de bonne eau de-vie, du sucre à proportion, de la cannelle à volonté concassée en morceaux, un peu de muscade, & lion fait bouillir le tout pendant cinq à six minutes. Le vase étant retiré de dessus le feu, il faut promptement casser un ou deux œufs, & mettre le blanc & le jaune ensemble dans la liqueur, l’agitant fortement avec un moussoir à chocolat ; on la fait encore chauffer un peu sans cesser le mouvement du moussoir, ensuite de quoi on verse cette espece de brouet dans de grandes tasses de porcelaine pour le boire chaud ; c’est un très-bon restaurant dont on peut user après des veilles & des fatigues.

Puncta, s. m. (Hist. anc.) très-petite mesure d’eau pour les aqueducs. Elle se faisoit par pouces & par points. C’est ainsi qu’on connoissoit la quantité d’eau qu’on donnoit à chaque particulier qui en vouloit. On marquoit de points dans la main les soldats romains.

On marquoit de la même maniere les ouvriers engagés dans les manufactures.

Le point qu’on marquoit sur les tables à côté du nom d’un candidat, lui assuroit le suffrage de celui qui avoit fait le point ; de-là l’expression omne tulit punctum, avoir tous les points pour soi, avoir été élu d’un consentement unanime.

Puncta étoient aussi les coups d’un instrument pointu dont on frappoit le coupable dans un supplice inventé par Caligula. Les premiers coups se donnoient aux parties du corps le moins mortelles. Vitellius mourut de cette mort.

PUNCTUM, (terme de Géométrie.) voyez Point.

Dans l’école, on distingue, 1°. punctum terminans, qui est l’extrémité indivisible de la ligne, au-delà de laquelle la ligne ne s’étend pas. Voyez Ligne.

2°. Punctum continuans, qui est une quantité indivisible par le moyen de laquelle les points d’une ligne sont joints les uns aux autres, & forment ainsi une ligne continue. Voyez Continuité.

3°. Punctum initians, qui est l’extrémité indivisible par laquelle la ligne commence. (E)

Punctum ex comparatione, signifie dans les coniques d’Apollonius, l’un des deux foyers d’une ellipse, ou des hyperboles opposées. Voyez Foyer.

Punctum lineans, signifie, chez quelques auteurs, le point d’un cercle qui décrit une cycloide, ou une épicycloïde. Voyez Cycloïde & Epicycloïde. (O)

PUND, s. f. (Poids.) nom d’un poids de Moscovie dont on se sert communément à Archangel,