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lité avoient mis en usage une certaine sorte de chaussure, qui par-devant avoit de longs becs recourbés en-haut (ils les nommoient des poulaines), & parderriere comme des éperons qui sortoient du talon. Le roi, par ses édits, bannit cette ridicule mode : mais elle revint, & dura jusque bien avant dans le quinzieme siecle. Borel, dans son trésor, &c. prétend que souliers à poulaine, étoient faits à la polonoise : car, dit-il, polaine, c’est la Pologne. (D. J.)

POULANGIS, s. m. (Draperie.) sorte de grosse tiretaine, de laine & fil, qui se fabrique en Bourgogne & en Picardie. (D. J.)

POULE grasse, (Botan.) nom que les gens de la campagne donnent à la mâche, ou, pour parler en botaniste, à la grande espece de valérianelle sauvage, appellée par Tournefort, valerianella præcox, arvensis, humilis, semine compresso. Voyez Valérianelle. (D. J.)

Poule, s. f. (Otnitholog.) femelle du coq ; voyez Coq. Les poules dont on n’a pas négligé de se procurer les belles especes, offrent aux yeux une parure digne d’être admirée : les unes ont des taches distribuées avec une sorte de régularité, d’un blanc si vif, qu’il les a fait nommer des poules argentées ; d’autres portent le nom de poules dorées, parce qu’elles sont marquetées de taches qui brillent au soleil comme de l’or. Ce genre d’oiseaux, destinés à être toujours sous nos yeux, offre des couleurs dont on auroit peine à trouver les différentes nuances, en les cherchant dans ceux des forêts, des rivieres & de la mer, d’un très-grand nombre d’especes. Si nous ne leur voyons pas des couleurs aussi décidées que celles qui nous frappent dans certains oiseaux, ce n’est pas qu’elles n’aient été accordées à quelques-unes de leurs especes, mais c’est que nous avons négligé de nous rendre propres ces especes d’une singuliere beauté. Nous avons accoutumé à nos climats des poules des Indes orientales, des poules d’Afrique, quoique leur pays natal soit plus chaud que celui des provinces de la Chine, où vivent ces poules & ces coqs dorés par excellence, dont le plumage nous fait voir en même tems le vrai & le beau bleu, le rouge de ces oiseaux que nous nommons cardinaux, & le plus beau jaune du loriot. (D. J.)

Poule, Poularde, &c. (Diete & Mat. méd.) On applique quelquefois sur la tête ou sur le côté, dans les maladies de ces parties, une poule ou un poulet qu’on a ouvert en vie, & encore tout chaud ; ce remede simple & domestique est peut-être trop négligé dans la pratique ordinaire de la Médecine. Au reste (comme nous l’avons déja observé du pigeon qu’on emploie au même usage), la poule n’a en ceci aucune qualité particuliere. Voyez Pigeon.

On fait sécher & on réduit en poudre la membrane du gésier de poule, & on la croit propre, étant prise intérieurement, à fortifier l’estomac, à arrêter le cours de ventre, & à exciter les urines ; mais ce remede qui est très-peu usité, paroît mériter très-peu de confiance.

La fiente de poule est regardée comme ayant à-peu-près les mêmes effets que celle de pigeon ; elle est recommandée pour les mêmes usages. On la croit cependant un peu moins chaude, moins active, & moins nitreuse.

Il y a dans ce Dictionnaire un article Coq, & un article Chapon. (b)

Poule d’Afrique, voyez Peintade.

Poule d’Inde, (Diete.) la poule d’Inde engraissée, lorsqu’elle est sur le point d’avoir acquis tout son accroissement, c’est-à-dire lorsqu’elle a environ 9 ou 10 mois, ce qui arrive vers le mois de Janvier, fournit un mets très-salutaire & excellent quoique commun.

La chair de la poule d’Inde est plus savoureuse ou

d’un meilleur suc que celle du dindonneau qu’on mange à la fin de l’été & en automne, parce qu’elle est plus faite. Elle est plus délicate que celle du mâle, c’est-à-dire du jeune coq d’Inde du même âge. Voyez Coq d’Inde. C’est pour cette raison qu’on n’envoie jamais du Périgord, du Limousin, du Quercy, &c. dans les autres provinces du royaume & principalement à Paris, que des jeunes poules d’Inde, farcies de truffes, & jamais des jeunes coqs d’Inde.

Au reste l’envoi de ces poules d’Inde farcies de truffes, fournit une observation, ou du-moins à un soupçon très-plausible, savoir que le parfum des truffes est antisceptique ou assaisonnant, condiens, car les poules d’Inde ainsi farcies de truffes, & par conséquent vuidées, sont encore très-fraiches au bout d’un mois, tandis que la volaille sent le relan si après l’avoir vuidée on la garde seulement 24 heures sans la faire cuire. (b)

Poule de Guinée, voyez Peintade.

Poule de mer, voyez Vielle.

Poule d’eau, Foulque, Foucque, Foulcre, Diable, Judelle, Jodelle, Joudarde, Belleque, fulica. Oiseau qui pese une livre huit onces ; il a environ un pié deux pouces & demi de longueur depuis la pointe du bec jusqu’au bout des doigts, & un pié 8 pouces jusqu’à l’extrémité de la queue. Le bec est pointu, d’un blanc bleuâtre, & un peu applati ; il a un pouce & demi de longueur : la piece du dessus n’excede pas la piece du dessous. Les piés sont bleuâtres ou d’un brun verdâtre ; le doigt de derriere est petit ; il n’a qu’une seule membrane qui n’est pas faite en demi cercle comme dans les autres doigts, elle s’etend sur toute la longueur de celui de derriere. Les doigts de devant n’ont pas tous la même longueur, l’interne est un peu plus court que l’externe ; ils ont tous deux des membranes en demi cercle ; l’intérieur en a deux, celui du milieu trois, & l’extérieur en a quatre. Il y a sur la base du bec une excroissance charnue & molle, arrondie & dégarnie de plumes. La poule d’eau est presqu’entierement noire ; cette couleur se trouve plus foncée près de la tête que sur les autres parties du corps. La poitrine & le ventre ont une couleur brune bleuâtre. Les plumes du cou sont foibles, molles & fort serrées les unes contre les autres. Les 10 premieres grandes plumes des ailes ont une couleur brune noirâtre ; celle des 8 plumes qui suivent est plus claire ; enfin les intérieures sont d’une couleur noirâtre plus foncée. La queue a deux pouces de longueur, & elle est composée de 12 plumes. La poule d’eau fait son nid avec des tiges de chien-dent & des feuilles de roseau, sur les roseaux mêmes qui sont dans les eaux. Willughbi, ornit. Voyez Oiseau.

Poule d’eau, (Diéte.) on mange beaucoup d’especes de cet oiseau : il est rare d’en trouver de bonnes ; elles sentent ordinairement le limon ou le poisson. Celles qui sont exemptes de ce défaut & qui sont grasses, ont une saveur très-délicate. Cependant on peut dire assez généralement que cet aliment ne convient qu’aux personnes qui se portent bien & aux bons estomacs. Il ne seroit pas prudent d’en servir aux convalescens, & aux estomacs foibles & difficiles. Ces oiseaux vivant principalement de vers, & peut-être de petits poissons, ce que nous avons observé à cet égard du vaneau peut leur être appliqué aussi. Voyez Vaneau. (b)

Poule d’eau, petite, voyez Poulette d’eau.

Poule peintade, voyez Peintade.

Poule sultane, M. Perrault a décrit sous ce nom dans les mémoires de l’académie des sciences, un oiseau qu’il croit être le même que le porphirion des anciens, & l’oiseau pourpré des modernes. Cet oiseau avoit 2 piés 1 pouce de longueur depuis la pointe du bec jusqu’au bout des ongles, & 2 piés & de-