L’Encyclopédie/1re édition/VANNEAU

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VANNEAU, s. m. (Hist. nat.) c’est un oiseau gros à-peu-près comme un pigeon ; il a sur la tête une espece de crète, oblongue & noire, le col verd & le reste du corps de différentes couleurs, où on remarque du verd, du bleu & du blanc ; son cri a quelque rapport à celui d’une chevre, il se jette sur les mouches en l’air, il est presque toujours en mouvement, vole rapidement, on diroit que son cri exprime dix-huit. Il habite ordinairement les lieux marécageux ; on le chasse depuis la Toussaint jusqu’à la sainte Catherine ; ils vont seuls l’été, & par bande l’hiver ; on en prend jusqu’à soixante d’un coup de filet ; lorsqu’on tire aux vanneaux & aux étourneaux, il est bon d’avoir deux fusils chargés, car si l’on en tue quelqu’un du premier coup & que les autres le voient, ils y volent tous & tout-autour de la tête du chasseur, ce qui fait qu’on y a ordinairement bonne chasse, surtout en les tirant en l’air, plutôt qu’à terre. On mange les vanneaux sans les vuider, comme la grive, la bécasse, le pluvier & l’alouette.

Vanneau, (Diete.) tout le monde connoit ce proverbe populaire, qui n’a pas mangé d’un vanneau n’a pas mangé d’un bon morceau : mais ce proverbe n’est vrai que du vanneau gras, car les vanneaux sont ordinairement maigres, secs, durs, & par conséquent fort mauvais, ce qui n’empêche point que lorsqu’on en rencontre de gras ils ne soient tendres, succulens, & d’un goût que beaucoup de personnes trouvent exquis. Cependant on peut observer de cet oiseau comme de la bécasse, de la bécassine, du pluvier, &c. qu’il faut que leur suc alimenteux ne soit pas très-accommodé à notre nature, car beaucoup de personnes, & sur-tout celles qui n’y sont point accoutumées, ont un certain dégoût pour cette viande, à laquelle ils trouvent une saveur sauvage & tendante à la corruption, à l’état que Boerhaave appelle alkalescence. Si cette observation est vraie, savoir que les animaux carnivores ne se nourrissent point naturellement des chairs d’autres animaux qui vivent eux-mêmes de matieres animales, on trouveroit dans ce principe la raison du fait que nous avons avancé ; car le vanneau se nourrit de vers & de différentes autres especes d’insectes. Il faut avouer cependant, que les vers & les insectes sont de toutes les substances animales les moins animalisées, s’il est permis de s’exprimer ainsi. Voyez Substance animale, Chim. Mais aussi on n’a pas naturellement tant de dégoût pour un vanneau ou pour un pluvier que pour la chair d’un animal véritablement carnivore. Voyez Viande, Diette. (b)