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che composée, qui est ordinairement d’un rouge pourpre remplie de petites taches blanches ; cependant quelquefois ces taches sont d’autres couleurs. Cette pierre est d’une très-grande dureté ; elle se trouve par masses d’une grandeur immense, & jamais par couches.

M. Hill distingue trois especes de porphyres. Le premier est d’un rouge pourpre avec des taches blanches ; le second est, selon lui, d’un rouge vif, comme le minium, avec des veines vertes ; le troisieme est d’un rouge pâle, ou de couleur de chair, rempli de taches noires, vertes & blanches.

Walerius compte quatre especes de porphyres. 1°. Le premier est ou rouge ou brun avec des petites taches blanches. 2°. Le second est d’un rouge pourpre avec des taches de différentes couleurs ; c’est celui qu’on nomme porphyristes. 3°. Le troisieme est rouge avec des taches jaunâtres ; c’est le marmor thebaicum des anciens. 4°. Le porphyre rouge avec des taches noires, appellé par les anciens sycnites, slignites, pyropæcilon, & par les Italiens granito rosso.

Le granite paroît être de la même nature que le porphyre, la différence vient seulement de la couleur rouge pourpre appellée πορφυρος par les Grecs, au lieu que le granite est un assemblage de pierre d’une autre couleur ; joignez à cela que les petites pierres ou taches dont le porphyre est composé, sont plus petites & mieux liées que celle du granite. Voyez Granite.

M. de Justi prétend que les parties blanches qui se trouvent dans le porphyre sont du marbre ou du spath, & il assure avoir trouvé que ces parties faisoient effervescence avec les acides dans toutes les especes de porphyres. Voyez plan. du regne minéral, p. 229.

Il faut conclure de-là que les pierres que M. de Justi a ainsi éprouvées, n’étoient point du vrai porphyre, dont il est bien certain qu’aucune partie n’est calcaire, ni propre à se dissoudre par les acides.

M. Pott dit avoir trouvé que le porphyre pulvérisé & calciné devenoit phosphorique, & que cette pierre entroit en fusion à un feu violent sans addition, & s’y changeoit en une scorie d’un brun foncé. Voyez la lithogéognesie, tom. II.

C’est à tort que quelques auteurs ont placé le porphyre au rang des marbres, & qu’il faut le regarder comme une pierre composée de parties silicées ou vitrifiables qui varient uniquement pour la couleur ; & dans ce cas M. Wallerius est fondé à le mettre au rang des jaspes.

Le porphyre se trouve par masses immenses dans l’Egypte, l’Arabie, ainsi que dans quelques parties de l’Europe. On en rencontre, dit-on, en Angleterre, & dans la Dalie orientale en Suede, &c. (—)

Porphyre, Porphyriser, Porphyrisation, (Chimie & Pharm.) porphyriser ou exécuter la porphyrisation, c’est reduire en poudre subtile un corps dur, en l’écrasant sur une pierre très-dure, appellée porphyre, au moyen d’un instrument appellé molette. Voyez Molette & Pulvérisation.

La Chimie a cette opération de commune avec plusieurs arts ; mais elle a cela de propre, qu’il est essentiel à l’exactitude des opérations ultérieures, auxquelles elle peut employer des sujets porphyrisés, que ces sujets n’aient contracté aucune impureté par la porphyrisation, soit par une action chimique, c’est-à-dire, en dissolvant quelques parties du porphyre ou de la molette, soit par une action méchanique, c’est-à-dire, si le corps porphyrisé étant plus dur que le porphyre ou la molette, il avoit usé l’un ou l’autre de ces instrumens, dont les débris resteroient alors mêlés au corps porphyrisé ; mais cette considération a lieu surtout au premier égard, pour tous les instrumens & vaisseaux chimiques. Voyez Instrumens & Vaisseaux, Chimie.

Au reste ce mot porphyre, qui convient propre-

ment à un genre particulier de pierre, est devenu générique par l’usage, & convient aussi bien à l’instrument de chimie que nous venons de décrire, de quelque matiere dure qu’il soit fait. (b)

Porphyre de l’Essayeur, des Essayeurs, ou d’Essayeur, (Docimastique.) plaque de fer fondu fort unie, sur laquelle on concasse en petits morceaux certaines mines, pour les disposer à être soumises à l’essai. Voyez Essai, Docimastique.

PORPHYREUM ou PORPHYREON, (Géog. anc.) ville de Phénicie, selon Polybe, l. V. n°. 68. Schelstrate, qui cite un manuscrit de la bibliotheque de la reine de Suede, dit que cette ville qu’il appelle Porphirium, étoit à six milles de Scariathia, à deux du mont Carmel. Il ajoute que c’étoit autrefois une belle ville au pié du mont Carmel, sur le bord de la mer. La notice du patriarchat d’Antioche, & autres notices, font de Porphyreon une ville épiscopale, sous la métropole de Tyr. Quelques-uns veulent que le nom moderne soit Hayphe, d’autres l’appellent Scafasso. (D. J.)

PORPHYRIEN, s. m. (Hist. ecclés.) Ce nom fut donné aux Ariens dans le quatrieme siecle par l’autorité de Constantin. Voyez Arien.

Ce prince publia un édit contre Arius & ses écrits, dans lequel il dit : « puisqu’Arius a imité Porphyre en composant des écrits impies contre la religion, il mérite d’être noté d’infamie comme lui ; & comme Porphyre est devenu l’opprobre de la postérité, & que ses écrits ont été supprimés, de même je veux qu’Arius & ses sectateurs soient nommés porphyriens ».

On croit qu’il donna ce nom aux Ariens pour montrer qu’ils vouloient ramener l’idolâtrie : car disant que le Fils qu’ils appelloient Dieu engendré, étoit une créature, ils mettoient la créature au rang de Dieu, & lui en donnoient le nom, & ne différoient des Payens qu’en ce qu’ils ne donnoient la qualité de Dieu qu’à une créature, & que ceux-là la donnoient à plusieurs.

PORPHYRION, voyez Poule sultane.

PORPHYRITE, (Géog. anc.) nom d’une ville de l’Arabie, près de l’Egypte, & d’une montagne de l’Egypte même, où l’on trouvoit des carrieres de porphyre. (D. J.)

PORPHYROGÉNÈTE, s. m. (Hist. de l’emp. d’Orient.) c’est-à-dire, né dans le palais de Porphyre, qui étoit l’appartement où accouchoient les impératrices. Quand l’empire romain fut réduit à l’empire grec, la succession des empereurs fut tellement interrompue, que ce titre de porphyrogénète devint un titre distinctif, que peu de princes de diverses familles purent porter. Aussi n’oublia-t-on point de le mettre dans l’occasion sur les médailles ; voyez Porphyrogénète, Art numismat. (D. J.)

Porphyrogénète, (Art numismat.) en grec πορφυρογενητος, porphyrogenitus ; c’est un titre qui se trouve quelquefois sur les médailles du bas-empire, frappées à Constantinople : on voit ce titre entr’autres sur les médailles des Comnènes, & de ceux qui les ont suivis. Ce mot vient d’un appartement du palais que Constantin avoit fait bâtir, pavé & revêtu d’un marbre fort précieux, à fonds rouge & moucheté de blanc ; cet appartement étoit destiné aux couches des impératrices, d’où les enfans se nommoient ensuite porphyrogénètes. (D. J.)

PORPITE, s. f. (Hist. nat.) nom donné par quelques naturalistes à la pierre lenticulaire ou à la pierre numismale, c’est-à-dire, à un corps marin de la forme d’une lentille qui se partage en deux parties égales, & dont l’intérieur est marqué de petits rayons qui partent d’un centre vers la circonférence. Voyez Lenticulaire, pierre ; & Numismale, pierre. On les