L’Encyclopédie/1re édition/LENTICULAIRE

LENTILLAT  ►

LENTICULAIRE, adj. (Diopt.) qui a la figure d’une lentille. On dit verre lenticulaire pour dire un verre en forme de lentille. Voyez Lentille. (O)

Lenticulaires, Pierres (Hist. nat. Minér.) en latin lentes lapidei, lapides lenticulares, nummi lapidei, nummularii lapides, nummi diabolici, lapides numismales, &c. C’est ainsi qu’on nomme des pierres rondes & applatties, renflées par le milieu, en un mot qui ont la forme d’une lentille. Il y en a d’une petitesse imperceptible, & au-dessous de celle d’un grain de millet ; d’autres ont jusqu’à un pouce de diametre : c’est à ces dernieres que l’on a donné le nom de pierres numismales. On trouve ordinairement une grande quantité de ces pierres jointes ensemble ; elles sont liées les unes aux autres par la pierre qui les environne, qui est quelquefois d’une astre nature qu’elles ; cependant on en trouve aussi qui sont détachées & répandues dans du sable ou dans de la terre : celles de ces pierres qui sont calcaires étant mises au feu, se partagent suivant leur largeur, en deux parties égales ; on remarque une spirale sur leur surface intérieure, ou une ligne qui va en s’élargissant vers la circonférence ; le long de cette spirale on distingue de petites stries, qui forment des especes de petites cloisons ou de chambres. On trouve des pierres lenticulaires qui ne sont convexes que d’un côté & plates par l’autre : elles ne doivent être regardées que comme des moitiés de ces pierres qui ont été séparées de l’autre moitié par quelque accident.

Les Naturalistes sont très-partagés sur la formation des pierres lenticulaires ; bien des gens se sont imaginé que c’étoient en effet des lentilles pétrifiées ; mais pour sentir le ridicule de cette opinion, on n’a qu’à faire attention à leur tissu intérieur garni d’une spirale, qui ne se remarque point dans les lentilles qui d’ailleurs n’ont jamais un pouce de diametre.

Woodward pense que ce sont des os détachés qui se trouvent dans la tête de quelques poissons inconnus, & qui servent à l’organe de l’ouie ; d’autres ont cru que c’étoient des coquilles appellées opercules ou couvercles, de la nature de celles qu’on nomme umbilicus veneris : mais ce sentiment paroît aussi peu fondé que celui de Woodward.

M. Gesner regarde les pierres lenticulaires comme formées par de petites cornes d’ammon, de la nature de celles qui se trouvent à Rimini sur les bords de la mer Adriatique, que M. Plancus, dans son traité de conchis minus notis, appelle cornu hammonis littoris ariminensis minus vulgare, orbiculatum, striatum, umbiculo prominente, ex quo stria & loculamenta omnia prodeunt, & que M. Gualtieri, dans son index cestarum, tab. XIX. figur. I H, appelle nautilus minimus, costa acutissima marginata, umbilico utrinque prominente, à centro ad circumferentiam striatus, striis sinuosis inflexis, minutissimo granulatus, ex fusco fulvido colore splendens ; & que Breyn appelle nautilus orbiculatus striatus, umbilico prominente, exiguus. Cette coquille est d’une petitesse extrême ; on en trouve sur les côtes de la Sicile & près de Bergen en Norwege dans le sable. Quelques-uns ont cru que les pierres lenticulaires devoient leur formation à une coquille bivalve, par la propriété qu’elles ont de se partager en deux parties égales ; mais M. Gesner remarque que cela n’arrive qu’à celles qui sont calcaires, & qu’elles se partagent ainsi à cause du tuyau qui va le long du dos par où l’écaille est la plus foible. Voyez Gesner de petrificatorum differentiis & varia origine, §. XI, pag. 29. Selon ce sentiment, les cornes d’ammon & les pierres lenticulaires ont la même origine : au reste, les cornes d’ammon qui se trouvent dans le sable de Rimini sont si petites, qu’il en faut 130 pour peser un grain de froment ; elles ont cinq volutes, & l’on y compte environ 40 chambres ou cloisons ; leur couleur est blanche, ou de la couleur argentée de la nacre de perle. Voyez les ouvrages cités, & acta academiæ electoralis Moguntinæ scientiarum utilium qua Erfoediæ est, tom. I. pag. 3 & suiv. & 118 & suiv.

On trouve des pierres lenticulaires en plusieurs endroits de l’Europe. En France il y en a beaucoup dans le voisinage de Soissons & de Villers-Coterêts ; ces dernieres ont 5 ou 6 lignes de diametre : on en rencontre aussi en Transilvanie, en Silésie, en Saxe, en Angleterre, &c.

On a donné différens noms à la pierre lenticulaire, suivant les différens aspects qu’elle présentoit : c’est ainsi qu’on l’a nommée salicites, lorsque quelquefois on l’a trouvée tranchée suivant son épaisseur, parce qu’alors elle est terminée en pointe par les deux bouts comme la fleur du saule ; dans ce même cas on l’a aussi nommée lapis frumentarius, lapis seminalis, lapis cumini. On l’a aussi désignée sous le nom de lapis vermicularis & de helicites, &c.

On trouve en Suede, dans le lac d’Asnen, une mine de fer, qui est en petites masses semblables à des lentilles ; on la nomme minera ferri lenticularis : ce lac est situé dans la province de Smaland ; il y a aussi des pyrites qui ont une forme lenticulaire.

Il ne faut point confondre les pierres lenticulaires, qui font l’objet de cet article, avec des pierres qui leur ressemblent assez au premier coup d’œil, & qu’on nomme nummi Bratenburgici, qui ont une origine différente. Voy. l’art. Numismales, Pierres. (—)

Lenticulaire, (Chirurg.) instrument de Chirurgie. Voyez Couteau lenticulaire.