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infiniment plus larges que les petites parties de l’eau ou du vin, cependant aucun de ces deux liquides ne sort à-travers les pores du liége ; car renversez une bouteille pleine d’eau ou de vin, & bien bouchée avec du liége, il n’en sortira pas une seule goutte.

Prenez un morceau de bon bouracan, espece d’étoffe qui se fait avec du poil de chameau, quelque poreuse qu’elle soit, l’eau ne la pénétrera pas, & c’est pour cela que cette étoffe est fort propre pour en faire des manteaux contre la pluie. La lumiere pénetre à peine à-travers un papier blanc bien fin, quoiqu’il soit fort poreux, & que le diametre de ses pores soit infiniment plus grand que celui des corpuscules de la lumiere.

Mais en général, & à l’exception de quelque cas singulier, toutes les petites parties qui ont moins de grandeur que les pores, doivent nécessairement y passer, de la même maniere que la poussiere passe à travers un tamis. Voyez Opacité, Diaphanité, &c. Mussch. Ess. de Phys. §. 38. & suiv.

Pore, en Anatomie, ce sont des intervalles entre les parties de la peau, qu’il est facile de pénétrer. C’est par-là que sort la sueur & que la transpiration s’échappe, &c. Voyez nos Planches anatomiques & leur explication. Voyez aussi Peau & Transpiration.

Les pores se font plus remarquer aux mains & aux piés qu’ailleurs ; en regardant avec un verre ordinaire la paume de la main, après qu’on l’a bien lavée, on y voit une multitude innombrable de petits sillons, d’une grandeur & d’une distance égale, qui vont parallélement les uns aux autres, particulierement aux bouts & aux articulations des doigts, &c. où ils sont régulierement disposés en ellipses & en triangles sphériques.

Sur ces sillons il y a des pores semblablement rangés, assez grands pour être vus par un bon œil sans microscope ; mais si l’on regarde avec cet instrument, on voit chaque pore semblable à une petite fontaine, on peut y remarquer la sueur qui y paroît aussi claire que de l’eau de roche, & à mesure qu’on l’essuie, elle y revient. Voyez Sueur.

Les pores sont placés sur les sillons & non pas dans les cannelures qui les séparent, afin qu’en les comprimant il soit moins facile de les boucher. Pour cette même raison les pores des piés & des mains sont plus grands que les autres, ces parties étant exposées à la pression & au frottement ; de-là vient encore qu’il n’y a point de sillons sur les autres parties.

Ces pores sont des issues fort commodes pour les parties les plus nuisibles du sang, qui y est apporté en abondance par l’usage continuel que l’on fait des piés & des mains ; c’est pourquoi les hypocondriaques & les hystériques ressentent une chaleur continue & immodérée aux paumes des mains & aux plantes des piés.

On croit communément que la maladie appellée vulgairement le rhume est causée par l’obstruction de ces pores ; quoique M. Keil soit du sentiment tout-à-fait opposé dans une dissertation qui est à la fin de sa medicina statica britannica. Voyez Rhume.

Dans les Transactions philosophiques on a l’exemple d’un étudiant près de Leyde, très-attaché à l’Astronomie, & qui ayant passé bien des nuits à observer très-attentivement les étoiles, avoit tellement obstrué les pores de sa peau, par l’humidité & le froid de ces nuits, qu’il ne sortoit presque aucune transpiration de son corps ; comme il parut, en ce que la chemise qu’il avoit portée cinq à six semaines étoit alors aussi blanche que si elle n’avoit été portée qu’un seul jour ; cependant il se fit un amas d’eau sous la peau, dont le malade fut guéri par la suite.

Pore biliaire, voyez Biliaire.

Pore biliaire, (Anat.) conduit qui forme avec

le cholidoque le canal commun de l’aorte. Riolan a remarqué que le pore biliaire étoit quelquefois fourchu, mais qu’il se réunissoit bientôt. Fallope s’est trompé, quand il a cru qu’il portoit la bile dans la vésicule du foie. Il la verse dans l’intestin par le canal commun ; car si l’on souffle dans le pore biliaire, l’intestin s’enfle, comme l’ont remarqué Bartholin & Dionis.

Pores, (Jardinage.) les végétaux ainsi que toutes les parties de la matiere, tels que les pierres & les minéraux, ont des orifices ou de petites ouvertures qui les criblent appellées pores ; ces pores sont autant de petits points imperceptibles à nos yeux, par lesquels l’air a son entrée & sa sortie ; par ce même moyen les rosées & humidités s’insinuent & pénetrent jusqu’aux plus petites parties des plantes.

Pores du bois, (Science microsc.) comme le liége & le sapin sont les bois les plus légers, ce sont aussi ceux qui sont les plus propres à découvrir au microscope le nombre prodigieux, la figure & la disposition de leurs pores, en coupant ces bois en morceaux aussi minces qu’il est possible. M. Hoock, (Micograph. 114.) a observé que dans un morceau de liége, les vaisseaux de l’air, ceux de la seve, & les pores du bois, sont merveilleux dans leur figure, leur nombre, & leur disposition, comme on le voit clairement lorsqu’on en coupe des morceaux aussi minces qu’il est possible, & qu’on les présente à la vue. Le sapin & le liége sont les plus propres à cette observation, mais les autres especes de bois peuvent être disposées à cet examen, quoiqu’avec un peu plus de peine. Dans un morceau de liége de la longueur de la dix-huitieme partie d’un pouce, on a compté soixante cellules en ligne droite, d’où il suit qu’il en a 1080 dans la longueur d’un pouce, un million 166 mille 400 dans un pouce quarré, & 1259 millions 712 mille dans un pouce cubique. (D. J.)

Pores, (Hist. nat. Minéral.) pori, indurata, nom générique donné par Wallerius & quelques autres naturalistes à des substances du regne minéral qui ont pris de la consistence & de la dureté, soit dans le feu, soit dans l’eau ; les pores de la premiere espece sont les pierres-ponces, les laves, &c. qui sont produites par les volcans ; & de la seconde espece sont les incrustations, les stalactites, le tuf, &c. il paroît que le nom de pores leur a été donné à cause du tissu poreux & spongieux de ces pierres. Voyez Tuf.

Quelques auteurs ont donné le nom de pore à la pierre à filtrer, à cause de la propriété qu’elle a d’être poreuse au point de donner passage à l’eau. Voyez Filtrer, pierre à.

Les anciens donnoient encore le nom de porus à un marbre blanc qui le disputoit au marbre de Paros, pour la blancheur & la dureté, mais il étoit remarquable par sa légereté qui lui avoit fait donner son nom.

Luidius donne le nom de porus à une pierre remplie de coraux ou de madrépores. (—)

PORELLA, s. f. (Hist. nat. Bot.) nom donné par Dillenius à un genre de mousse qu’il caractérise ainsi. Les capsules contiennent une poussiere semblable à celle des autres mousses ; mais elles n’ont point de coëffe, d’enveloppe, ni de pédicule. Leur maniere de répandre leur poussiere, n’est pas non plus en se séparant en deux parties, comme il arrive au lycopodium, ou pié de loup, & à d’autres ; mais en la laissant sortir par différens trous de toutes parts. Ce genre de mousse, dont on ne connoît qu’une seule espece, se trouve fréquemment aux lieux humides, en Virginie, Pensilvanie, Maryland, & autres parties de l’Amérique septentrionale. Dillen. Hist. musc. p. 459. (D. J.)

PORENTRU, (Géog. mod.) ville de Suisse, dans l’Elsgow, capitale des états de l’évêque de Basle, sur