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moitié d’un tonneau d’Orléans & d’Anjou.

A Paris c’est la même chose que la demi-queue. Voyez Queue. A Rome il contient treize boisseaux. Voyez Boisseau. Diction. de comm.

Poinçon, se dit dans l’Ecriture, d’un instrument propre à percer toutes les pieces d’un dossier pour y insérer des liasses, & les unir ensemble : le manche de cet instrument ressemble assez à un cône, & le fer ou l’acier qui y est attaché à une grosse aiguille de tapisserie, à l’exception qu’il a à sa partie supérieure un bouton au lieu d’une fente.

Poinçon, est parmi les Cloutiers d’épingle, un morceau d’acier à un des bouts duquel on a pratiqué un trou creux & exactement concave, pour y faire les clous à tête ronde. Voyez Clous à tête ronde.

Poinçon, chez les mêmes ouvriers, se dit d’un morceau de fer enfoncé dans une pesée de plomb, dont la tête gravée d’un petit trou, tombe directement sur l’enclume, & forme la tête de l’épingle en la pressant fortement. Voyez Métier, & les fig. Pl. de l’Epinglier. Le poinçon entre par sa partie supérieure dans le canon du contre-poids, figure de la même Planche.

Poinçon, se dit encore parmi les Epingliers, de petites pointes de fer de différentes grosseurs, dont on se sert pour faire les trous aux filieres pour le tirage.

Poinçon, est aussi en terme d’Epingliers, un outil d’acier rond, dont la pointe qui n’est pas aiguë, mais un peu arrondie, sert à former dans les enclumes & les poinçons du métier une cavité hémisphérique qui sert à former la tête de l’épingle. Voyez les figures, Planches de l’Epinglier.

Poinçon, en terme d’Eperonnier, signifie un morceau de fer obtus dont on se sert pour rapprocher deux parties éloignées, & qu’on veut rabattre l’une sur l’autre.

Poinçon d’enlevure, chez les mêmes ouvriers, signifie encore un poinçon monté sur son manche, comme la tranche l’est sur le sien. Voyez Tranche. On s’en sert pour former un trou dans la branche d’enlevure, & à ébaucher le banquet. Voyez Banquet.

Poinçons a découper, (outils de Ferblantiers.) ce sont des petits morceaux de fer longs de deux pouces, ronds & gros d’un demi-pouce par en-haut ; il y en a qui représentent des cœurs, des étoiles, des croissans, des carreaux, des fleurs-de-lis, &c. Ils sont tous tranchans par en-bas, & servent pour entailler les figures qu’ils portent sur des feuilles de fer blanc. Voyez les figures, Planche, du Ferblantier, où l’on a représenté les différentes sortes de poinçons.

Les Ferblantiers se servent encore d’un poinçon qui est un petit morceau de fer long de deux pouces, & gros comme le petit doigt, qui a la tête ronde & plate, & le bas fort aigu ; il sert pour piquer les grilles de rapes.

Poinçons a lettre, gravure des, pour les caracteres d’Imprimerie. La beauté de l’impression dépend principalement de celle des caracteres qui servent à les former ; celle des caracteres dépend de la perfection des poinçons ; c’est une affaire de goût & de dessein.

Pour graver les poinçons, qui sont du meilleur acier que l’on puisse trouver, le dessein de la lettre étant arrêté, comme on le voit dans les fig. à la lettre B majuscule que nous avons prise pour exemple, qui est composée de parties blanches & de noires ; les premieres sont creuses & les secondes saillantes. Pour former les parties creuses, on commence par former un contre poinçon d’acier de la forme des parties blanches. Voyez les figures dans les Planches de

la Gravure, qui représente le contre-poinçon de la lettre B. Ce contre-poinçon bien dressé sur la pierre à l’huile, & trempé dur & un peu revenu du recuit, pour qu’il ne s’égrene pas facilement, est entierement achevé.

Présentement pour faire le poinçon, on prend de bon acier d’une grosseur convenable, que l’on fait rougir au feu pour le ramollir ; on le coupe par tronçons de deux pouces & demi ou environ de longueur ; on arrondit un des bouts qui doit servir de tête, & on dresse bien à la lime l’autre bout ; en sorte que la face soit bien perpendiculaire à l’axe du poinçon ; ce qu’on connoît en le passant dans l’équerre à dresser sur la pierre à l’huile, ainsi qu’il sera expliqué ci-après.

On observe aussi de bien dresser deux longues faces du poinçon, qui sont celles qui doivent s’appliquer contre les parois internes de l’équerre à dresser ; on fait quelque marque de repere sur une de ces faces. Cette marque a deux usages ; 1°. celui de faire connoître le haut ou le bas de la lettre, selon qu’elle est placée à l’un de ces deux côtés du poinçon ; 2°. à faire que les mêmes faces du poinçon regardent à chaque fois qu’on le remet dans l’équerre, les faces de l’équerre vers lesquelles elles étoient tournées la premiere fois, ce qu’il est très-essentiel d’observer, sans quoi on ne parviendroit jamais à dresser la face du poinçon où doit être la lettre.

Le poinçon ainsi préparé, on le fait rougir au feu ; on le met ensuite dans un fort étau de serrurier où on l’affermit en serrant la vis ; on présente ensuite sur la face du poinçon qui est en-haut, le contre-poinçon qu’on enfonce à coups de masse d’une ligne ou environ, dans le corps du poinçon, qui reçoit ainsi l’empreinte du creux de la lettre. Cette opération faite, on retire le contre-poinçon & le poinçon de dedans l’étau ; on le dresse sur la pierre à l’huile avec l’équerre, & on dessine avec une pointe d’acier bien aiguë, le contour extérieur des épaisseurs de la lettre, & on emporte l’excédent avec des limes, observant de ne point gâter le contour de la lettre que l’on dresse sur la pierre à l’huile pour emporter les rebarbes que la lime fait autour de la lettre, que l’on finit à la lime & au burin, jusqu’à ce qu’il ne reste de la face qui est la base du poinçon, que la figure B, ou autre, si c’est une autre lettre. Voyez la figure qui représente le poinçon de la lettre B, entierement achevé, où on voit que la lime a abattu en talud l’excédent du poinçon sur la figure extérieure de la lettre.

L’équerre à dresser, représentée dans les fig. est un morceau de bois ou de cuivre formé par deux parallélipipedes ABCD, ABEF, qui se joignent à angle droit, à la ligne AB ; en sorte que lorsque l’équerre est posée sur un plan, comme les figures le représentent, cette figure AB, y soit perpendiculaire ; la partie inférieure de l’équerre, est une semelle d’acier bien dressée sur la pierre à huile, qui doit être elle-même parfaitement droite. On place le poinçon dans le vuide de l’équerre, où on l’assujettit en le pressant avec le pouce, pendant que les autres doigts pressent l’équerre extérieurement. On fait glisser le tout sur la pierre à huile, sur laquelle est étendue une légere couche d’huile d’olive ; la pierre use à-la-fois la semelle de l’équerre & la partie du poinçon qui porte sur elle ; mais comme l’axe du poinçon conserve toujours le parallélisme avec l’arrête angulaire AB de l’équerre, qui conserve parfaitement à cause de la grande étendue de sa base, la direction perpendiculaire au plan de la pierre, il suit que le poinçon la conserve aussi, & qu’il est dressé, en sorte que le plan de la lettre est perpendiculaire à son axe.

On trempe ensuite le poinçon pour le durcir ; on