L’Encyclopédie/1re édition/TRANCHE

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TRANCHE, s. f. (Géom.) quand on conçoit qu’un prisme, un cylindre, une pyramide, un cône, &c. sont coupés par des plans paralleles à la base, les sections qui en naissent s’appellent des tranches : on donne même quelquefois ce nom aux portions solides comprises entre deux coupes. (E)

Tranche de marbre, (Arehitect.) morceau de marbre mince, qu’on incruste dans un compartiment, ou qui sert de table pour recevoir une inscription. (D. J.)

Tranche, en terme d’Eperonnier, est un outil en forme de ciseau, logé dans un morceau de bois rond & fendu, dans lequel la tranche est retenue par deux liens de fer ; ce bâton se nomme bois de la tranche. Voyez les fig. Pl. de lÉperonnier.

Tranche, en terme de Doreur sur cuir, est une petite bande d’or pour faire les bords des livres qu’on relie en veau & qu’on dore.

Tranche, terme de Ferranderie, outil dont les Serruriers & les autres ouvriers en fer se servent pour couper & fendre les barres de fer à chaud. Cet outil est d’acier ou de fer bien acéré en forme d’un coin ou gros ciseau, de cinq ou six pouces de long, avec un long manche de bois. (D. J.)

Tranche, sorte de coûteau dont les Fondeurs en sable se servent pour réparer & tailler les moules qu’ils construisent ; c’est une lame de fer roulée par un bout & aiguisée en langue de carpe tranchante des deux cotes par l’autre. Voyez les fig. Pl. du Fondeur en sable.

Tranche, terme de Laboureur ; c’est un outil de fer qui coupe la terre, lequel a divers noms, selon la diversité des contrées ; les uns l’appellent pioche, les autres ouille, quelques uns ouillant. Dict. économiq.

Tranche, (Monnoie.) ce terme de monnoie signifie la circonférence des especes, autour de laquelle on imprime une légende ou un cordonnet, pour empêcher que les faux-monnoyeurs ne les puissent rogner ; on ne peut marquer que les écus de la légende, Domine salvum fac regem, parce que le volume peut porter des lettres sur la tranche ; mais le volume des autres especes, tant d’or que d’argent, ne sauroit porter sur la tranche qu’un cordonnet avec un grenetis des deux côtés, ou seulement une hachure. L’usage de mettre une légende sur la tranche des monnoies, a commencé en Angleterre. François le Blanc dans son traité des monnoies de France, dit qu’il faut esperer qu’un jour on protégera la nouvelle invention qui marque les monnoies sur la tranche, en même tems que la tête & la pile. Ce souhait qu’il faisoit en 1690, ne fut pas long-tems à être accompli dans ce royaume. (D. J.)

Tranche, terme de Relieur ; ce mot s’entend de l’endroit du livre par où il a été rogné sur la presse, c’est-à-dire, de l’extrémité des feuillets que l’on dore, ou que l’on met en couleur. On dit dorer, noircir, rougir & marger sur tranche, selon que c’est de l’or, ou de quelqu’une de ces couleurs que l’on met sur la tranche. (D. J.)

Tranche, (Coutelier, Tailland. Serrur.) & autres ouvriers en fer. Ils en ont de deux sortes ; l’une en forme de coin, prise dans un gros morceau de bois, fendu par le bout, & retenu dans cette fente par deux cercles de fer. Elle sert à ouvrir les grosses barres de fer. L’autre à queue, qu’on place dans un trou pratiqué vers la base de la bigorne de l’enclume. Elle sert à couper de petits morceaux de fer, à séparer des petits ouvrages, de la barre dont on les a faits. La premiere de ces tranches se pose sur le morceau de fer à trancher ou à ouvrir ; un ouvrier tient le morceau de fer, pose dessus la tranche, dont il tient le manche, & un autre ouvrier avec un gros marteau frappe sur la tête de la tranche. Pour se servir de la seconde au contraire un seul ouvrier suffit. Il pose le fer sur cette tranche fixée dans le trou de la bigorne ; & il frappe sur la piece à séparer de la barre.