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dans ses courses chez les peuples de Tidore, où il fit périr beaucoup de monde par leur moyen, &c.

Pour s’assûrer si en effet ces magiciens avoient tout le pouvoir qu’on leur attribuoit, il fit attacher un d’entre eux par le col avec une corde, de maniere qu’il ne pouvoit se débarrasser par aucun moyen naturel ; on assûre que le lendemain matin cet homme fut trouvé libre & dégagé.

Cependant Brittio ne voulant pas que le roi de Tidore pût lui reprocher qu’il se servoit de diables pour lui faire la guerre, renvoya, dit-on, tous ces magiciens dans leur pays.

OURANG-OUTANG, s. m. (Hist. nat.) on rencontre dans plusieurs provinces de l’intérieur de la Guinée & dans les contrées voisines, cet animal appellé par les habitans quoja marrow. On en voit plus communément dans le pays d’Angola, où on les nomme ourang-outang ; c’est de-là que venoit celui qui fut amené au commencement de ce siecle en Angleterre, & que tout le peuple de Londres vit. Cet animal n’est autre chose qu’une espece de singe semblable à ceux de Bornéo ; le docteur Tyson en a publié une description très-exacte. (D. J.)

OURANIA, s. f. (Hist. anc.) partie de la sphéristique des anciens, ou jeu de balle très-usité parmi eux, & dont Homere fait une description au VIII. livre de l’Odyssée. Le jeu, suivant M. Burette dans sa dissertation sur cette matiere, consistoit en ce que l’un des joueurs se courbant en arriere, jettoit en l’air une balle qu’un autre joueur tâchoit d’attraper en sautant avant qu’elle retombât à terre, & avant que lui-même se retrouvât sur ses piés, ce qui demandoit une grande justesse de la part de celui qui recevoit cette balle, & qui devoit pour sauter prendre précisément l’instant que la balle qui retomboit pût être à une juste portée de sa main. Mém. de l’acad. t. I.

OURAQUE, s. f. en Anatomie, est un conduit membraneux du fœtus, qui vient du fond de la vessie & se rend au placenta, en passant par le nombril, conjointement avec les vaisseaux umbilicaux, dont on le regarde comme faisant partie. Voyez aussi Vaisseux umbilicaux & Fœtus.

L’ouraque en se terminant au placenta, forme une petite vessie qui sert à recevoir l’urine qui s’est séparée dans les reins du fœtus, & qui ne pouvoit passer par l’urétre, à cause de la résistance du sphincter de la vessie, laquelle ne peut être surmontée que par l’inspiration.

La liqueur qui se trouve dans la vessie de l’ouraque est toujours en plus grande quantité, plus haute en couleur, & plus ressemblante à l’urine, à mesure que l’accouchement est plus proche.

L’ouraque ne se reconnoît clairement que dans les brutes ; mais il n’y a pas de doute qu’il n’existe dans le fœtus humain. Voyez Fœtus.

Drelincourt, célebre professeur d’anatomie à Leyde, & quelques autres après lui nient que l’ouraque soit creux. Dans ce cas-là, il ne seroit pas aisé d’en montrer l’usage, à-moins que ce ne soit de tenir la vessie suspendue au nombril ; mais la premiere opinion semble la mieux appuyée. Voyez Urine.

OURATURE, (Géog.) petite île annexée à celle de Ceylan, à la pointe de Jafnapatan ; les Hollandois l’appellent l’île de Leyden. Long. 98. 30. lat. 9. 50. (D. J.)

OURC, l’(Géog.) petite riviere de France, qui a sa source au-dessus de Fere en Tardenois, & devient navigable au-dessus de la Ferté-Milon, jusqu’à Mans, où elle se jette dans la Marne. (D. J.)

OURCE, l’(Géog.) petite riviere de France ; elle a sa source en Champagne, & se décharge dans la Seine près de Bar-sur-Seine. (D. J.)

OURCHA, (Géog.) ville d’Asie dans l’Indoustan,

sur le fleuve Jamad : Timur-Bec lui donne 117 deg. de long. & 30. de latitude. (D. J.)

OURDIR, terme de Manufacture, ce mot signifie préparer ou disposer sur une machine faite exprès, les fils de la chaîne d’une étoffe, d’une toile, d’une futaine, d’un basin, &c. pour la mettre en état d’être montée sur le métier, afin de la tisser en faisant passer à travers avec la navette le fil de la trème : après que la chaîne d’une étoffe de laine a été ourdie, on la colle, & on la fait sécher, sans quoi il seroit difficile de la pouvoir bien travailler. (D. J.)

Ourdir une corde, terme de Corderie, qui signifie disposer le long de la corderie autant de fils qu’il en faut pour former la corde qu’on se propose de faire, & leur donner une longueur & une tension égale.

Quand le cordier a étendu un nombre suffisant de fils, il les divise en autant de parties, qu’il veut que sa corde ait de cordons ; il fait un nœud au bout de chacun de ces faisceaux pour réunir tous les fils qui les composent, puis il divise chaque faisceau en deux pour passer dans le milieu l’extrémité des manivelles, où il les assujettit par le moyen d’une clavette. Voyez l’article Corderie.

Ourdir, terme de Mâçons ; les mâçons disent ourdir un mur, pour signifier qu’ils y mettent le premier enduit ; ainsi ourdir en terme de mâçon, c’est faire un grossier enduit avec de la chaux ou du plâtre sur un mur de moëlon, par-dessus lequel on en met un autre fin qu’on unit proprement avec la truelle. (D. J.)

Ourdir a la tringle, terme de Nattier en paille ; c’est bâtir & arrêter les cordons de la natte sur les clous de deux grosses & longues pieces de bois que les Nattiers nomment des tringles.

Ourdir, (Rubanier.) est l’action d’assembler une quantité plus ou moins considérable de brins de soie pour en former un tout qui composera la chaîne telle qu’elle soit. Nous supposerons dans tout cet article une piece ourdie à seize rochets pour nous fixer à une idée déterminée, ce que nous dirons relativement à cette quantité devant s’entendre de toute autre ; outre que c’est la façon la plus ordinaire, sur-tout pour le ruban, que nous envisagerons spécialement dans cette explication : je suppose même que ce ruban est à vingt portées, qui formeront six cens quarante brins de soie dont cette chaîne sera composée ; expliquons tout ceci séparément. Les rochets sont placés dans les broches de la banque, ces banques varient quant à la forme chez plusieurs ouvriers, mais reviennent toutes à un même but ; les rochets sont placés, dis-je, à cette banque, huit d’un côté & huit de l’autre, de façon qu’il y ait sept déroulemens en-dessus & en-dessous, & cela pour la facilité de l’encroix, & alternativement depuis le premier rochet jusqu’au dernier ; ce qui étant fait, l’ourdisseur prend les seize bouts de soie qu’il noue ensemble, & en les ouvrant à-peu-près en égale quantité, il fixe ce nœud sur la cheville du moulin qui est en-haut, puis il encroise par deux brins. Voyez Encroix. Il décharge ses doigts qui sont le pouce & l’index de la main droite, de ces seize brins de soie ainsi encroisés sur deux autres chevilles qui avoisinent celle dont on vient de parler ; puis au moyen de la manivelle du banc à ourdir sur lequel il est assis qu’il tourne de droite à gauche, l’ourdissoir tourne dans le même sens & les soies par la descente continuelle & mesurée du blin, voyez Blin, s’arrangent sur le moulin & prennent la figure spirale que le blin leur impose, étant parvenu à la longueur qu’il veut donner à la piece (& qui se connoît par la quantité de tours de la spirale, puisque sachant ce qu’un tour contient, on saura ce qu’une quantité en doit contenir) il arrête &