L’Encyclopédie/1re édition/ENCROIX
ENCROIX, s. m. (Manufact. en soie, fil, laine, &c.) Ce sont trois chevilles placées à demeure sur les traverses de deux des ailes du moulin, en-haut. Ces chevilles sont boutonnées par le bout, pour retenir les soies, qui sans cela s’échapperoient. Une de ces chevilles est fixée sur une autre aile, & c’est ordinairement sur l’aile la plus prochaine des deux dont on vient de parler. Cette derniere cheville reçoit le bout de la piece ; les deux autres qui sont auprès, portent les soies encroisées, ainsi qu’on verra aux articles Ourdir & Encroiser. Ces chevilles se trouvent répétées au bas de ce moulin, puisqu’il faut aussi encroiser en-bas. Si l’on ourdit de l’un à l’autre de ces encroix, la piece contiendra 144 aulnes de long ; c’est la mesure la plus ordinaire, & l’étendue des ourdissoirs. Il y a encore un encroix mobile, qui consiste en une tringle de même forme que les traverses qui portent les encroix fixes dont on vient de parler. Celui-ci n’est pas plus long qu’il ne faut pour pouvoir entrer entre deux ailes du moulin : il est chantourné par les bouts, suivant le contour des ailes, qui étant les mêmes dans tout l’ourdissoir, on posera où l’on voudra. Il doit être fait de façon qu’il entre juste, & même un peu serré Les ailes par leur délicatesse pouvant aisément reculer un peu pour lui faire place, il est mis communément au milieu ; en ce cas ses bouts reposent sur les traverses de ce milieu : mais si on le vouloit mettre ailleurs, il faudroit avoir soin de lier les deux bouts avec les ailes qui le porteroient, de crainte qu’ils n’échappassent malgré la petite gêne avec laquelle ils sont entrés. Cet encroix mobile donne la facilité d’ourdir de telle longueur que l’on veut au-dessous de 144 aulnes ; mais lorsqu’on emplit l’ourdissoir en totalité, cet encroix est vacant, & doit être ôté de dessus le moulin, où il nuiroit.