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doivent marquer les relations des mots dans l’ensemble de l’énonciation, & les ponctuations qui doivent désigner les différens degrés de la dépendance mutuelle des sens particuliers, nécessaires à l’intégrité d’un discours. Voyez Grammaire.

Si l’on trouvoit la chose plus commode, on pourroit diviser ce même traité en trois parties : la premiere exposeroit l’usage des caracteres élémentaires ou des lettres, tant par rapport à la partie principale du matériel des mots, que par rapport aux variations qu’y introduisent les diverses relations qu’ils peuvent avoir dans la phrase ; la seconde expliqueroit l’usage des caracteres prosodiques ; & la troisieme établiroit les principes si délicats, mais si sensibles de la ponctuation.

La premiere de ces deux formes me paroît plus propre à faciliter le coup d’œil philosophique sur l’empire grammatical : c’est comme la carte de la région orthographique, réduite à la même échelle que celle de la région orthologique ; c’est pourquoi l’on en a fait usage dans le tableau général que l’on a donné de la Grammaire en son lieu.

La seconde forme me semble en effet plus convenable pour le détail des principes de l’orthographe ; les divisions en sont plus distinctes, & le danger des redites ou de la confusion y est moins à craindre. C’est une carte détaillée ; on peut en changer l’échelle : il n’est pas question ici de voir les relations extérieures de cette région, il ne s’agit que d’en connoître les relations intérieures.

L’Encyclopédie ne doit se charger d’aucun détail propre à quelque langue que ce soit en particulier, fût-ce même à la nôtre. Ainsi l’on ne doit pas s’attendre à trouver ici un traité de l’orthographe françoise. Cependant on peut trouver dans les différens volumes de cet ouvrage les principaux matériaux qui doivent y entrer.

Sur les lettres, on peut consulter les articles Alphabet, Caracteres, Lettres, Voyelles, Consonnes, Initial, & sur-tout les articles de chaque lettre en particulier. Ajoutez-y ce qui peut se trouver de relatif à l’orthographe sous les mots Genre, Nombre, Personne, &c.

Sur les caracteres prosodiques, on peut consulter les articles Accent, Apostrophe, Cédille, Division, & sur-tout Prosodique.

Sur les ponctuations, comme la chose est commune à toutes les langues, on trouvera à l’article Ponctuation tout ce qui peut convenir à cette partie. (B. E. R. M.)

ORTHOGRAPHIE, s. f. (Perspect.) se dit de l’art de représenter la partie antérieure d’un objet, comme la façade d’un bâtiment, en marquant les hauteurs & les élévations de chaque partie par des lignes perpendiculaires au tableau.

Ce mot vient du grec ὀρθός, droit, & γράφω, je décris, parce que dans l’orthographie chaque chose se marque par des lignes tirées perpendiculairement, ou plutôt parce que toutes les lignes horisontales y sont droites & paralleles, & non obliques comme dans la perspective. Chambers. (E)

Orthographie, en Architecture, est le plan ou le dessein d’un bâtiment, qui en montre toutes les parties dans leurs véritables proportions.

Il y a orthographie externe & orthographie interne.

L’orthographie externe, qu’on appelle aussi élévation, est le dessein de la face ou du frontispice d’un bâtiment, lequel présente son principal mur, avec ses ouvertures, son toît, ses ornemens, & tout ce qu’on peut appercevoir étant placé vis-à-vis du bâtiment.

L’orthographie interne, qu’on appelle aussi coupe ou section, est le plan ou le dessein d’un bâtiment, tel qu’il paroîtroit si toute la partie du frontispice étoit

ôtée ; c’est proprement ce qu’on appelle le plan, ou, en terme de l’art, l’ichnographie. Voyez Ichnographie.

Pour décrire l’orthographie externe d’un bâtiment, tirez une ligne AB pour base (Pl. Persp. fig. 13.), & à l’un des bouts élevez la perpendiculaire AD. Sur AB, marquez les largeurs & les intervalles des portes, des fenêtres, &c. sur la ligne droite AD, marquez la hauteur des principales parties visibles dans la face du bâtiment, par exemple, les portes, les fenêtres, le toît, les cheminées, &c. & appliquez la regle à chaque point de division. Les intersections communes des lignes droites, paralleles aux lignes AB & AD, détermineront l’orthographie externe du bâtiment. Pour décrire l’orthographie interne, on procédera de la même maniere. L’intérieur de la figure 13. représente l’orthographie interne, ou ichnographie, qu’on appelle autrement plan ; & les chiffres qu’on y voit expriment la longueur & la largeur des différentes pieces. Ces longueurs & largeurs sont rapportées sur les lignes AB, AD, par des lignes ponctuées. Voyez Perspective. Chambers.

Orthographie, en terme de Fortification, est le dessein de la coupe d’un ouvrage, faite verticalement ou du haut en-bas. Il sert à faire connoître les hauteurs, les largeurs des ouvrages, l’épaisseur des murs, la profondeur des fossés, &c. Voyez Profil. (Q)

ORTHOGRAPHIQUE, (Ast.) projection orthographique de la sphere, est la représentation des différens points de la surface de la sphere, sur un plan qui la coupe par son milieu, en supposant l’œil à une distance infinie, & dans une ligne verticale au plan qui sépare les deux hémispheres ; c’est-à-dire, en supposant que chaque point de la surface de la sphere se projette sur le plan dont il s’agit par une ligne perpendiculaire à ce plan.

On appelle cette projection, orthographique, parce que les lignes de projection, menées des points de la surface sphérique sur le plan de projection, tombent toutes au-dedans de ce même plan, & que toutes ces lignes font avec le plan de projection des angles droits : car le mot orthographique vient des deux mots grecs, ὀρθός, droit, & γράφω, je décris. Voyez Projection.

Orthographique, adj. (Perspect.) se dit de tout ce qui a rapport à l’orthographie ; ainsi on dit représentation orthographique, projection orthographique, c’est-à-dire, celle qui se fait par des lignes menées de l’objet perpendiculairement au tableau. Voyez Orthographie & Projection.

ORTHOLOGIE, s. f. Ce mot est l’un de ceux que l’on a cru devoir risquer dans le prospectus général que l’on a donné de la Grammaire, sous le mot Grammaire : on y a expliqué celui-ci par son étymologie, pour justifier le sens qu’on y a attaché.

La Grammaire considere la parole dans deux états, ou comme prononcée ou comme écrite : voilà un motif bien naturel de diviser en deux classes le corps entier des observations grammaticales. Toutes celles qui concernent la parole prononcée sont de la premiere classe, à laquelle on peut donner le nom d’Orthologie, parce que c’est elle qui apprend tout ce qui appartient à l’art de parler. Toutes celles qui regardent la parole écrite sont de la seconde classe, qui est de tout tems appellée Orthographe, parce que c’est elle qui apprend l’art d’écrire.

On peut voir (art. Grammaire) les premieres divisions de l’Orthologie, & en suivant les renvois qui y sont indiqués, descendre à toutes les sous-divisions. Mais ce qu’on a dit du traité de l’Ortographe (art. Orthographe), on peut le dire ici de l’Orthologie. La maniere de la traiter qui a été exposée dans le prospectus général de la Grammaire, étoit plus