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dit qu’un jet a trois lignes, cela signifie trois lignes de diametre, & le même jet de trois lignes en aura pour son orifice, ou superficie, neuf lignes & un septieme qu’on néglige. Voyez Ajutage. (K)

ORIFICIEN, senatus-consulte, (Jurisprud.) ainsi appellé du nom du consul Orificius qui le fit passer au sénat. Il portoit que les enfans succéderoient à leur mere préférablement à tous autres, soit cognats ou agnats de leur mere. Les empereurs Arcadius & Théodosius étendirent cette disposition aux petits-enfans.

ORIFLAMME, s. f. (Hist. de France.) nos anciens historiens font ce mot masculin, & écrivent tantôt oriflamme, tantôt oriflambe, tantôt auriflamme, tantôt auriflambe ou oriflande : étendard de l’abbaye de Saint-Denis ; c’étoit une espece de gonfanon ou de banniere, comme en avoient toutes les autres églises ; cette banniere étoit faite d’un tissu de soie couleur de feu, qu’on nommoit cendal ou saint vermeil, qui avoit trois fanons, & étoit entourée de houppes de soie. L’oriflamme de Saint-Denis étoit attachée au bout d’une lance, d’un fust, d’un bâton, que Raoul de Presles nomme le glaive de l’oriflamme.

Louis le Gros, prince recommandable par la douceur de ses mœurs, & par les vertus qui font un bon prince, est le premier de nos rois qui ait été prendre l’oriflamme à Saint-Denis en 1124, lorsqu’il marcha contre l’empereur Henri V. Depuis lors, ses successeurs allerent prendre en grande cérémonie cette espece de banniere à Saint-Denis, lorsqu’ils marchoient dans quelque expédition de guerre ; ils la recevoient des mains de l’abbé, &, après la victoire, l’oriflamme étoit rapportée dans l’église de Saint-Denis, & remise sur son autel. C’étoit un chevalier qui étoit chargé de porter l’oriflamme à la guerre ; & cet honneur appartint pendant long-tems au comte de Vexin, en sa qualité de premier vassal de Saint Denis.

Il est assez vraissemblable qu’il y avoit deux oriflammes, dont l’une restoit toûjours en dépôt à Saint-Denis, & que, lorsqu’il se présentoit une occasion de guerre, on en faisoit une seconde toute semblable ; on consacroit cette derniere, & on la levoit de dessus l’autel avec de grandes cérémonies. Si on la conservoit exempte d’accidens pendant le cours de la guerre, on la rapportoit dans l’église ; quand on la perdoit, on en faisoit une autre sur l’original, pour l’employer dans l’occasion.

Guillaume Martel seigneur de Bacqueville, est le dernier chevalier qui fut chargé de la garde de l’oriflamme le 28 Mars 1414, dans la guerre contre les Anglois ; mais il fut tué l’année suivante à la bataille d’Azincourt, & c’est la derniere fois que l’oriflamme ait paru dans nos armées, suivant du Tillet, Sponde, dom Félibien, & le pere Simplicien. Cependant, suivant une chronique manuscrite, Louis XI. prit encore l’oriflamme en 1465, mais les historiens du tems n’en disent rien.

Les Bollandistes dérivent le mot oriflamme du celtique & tudesque flan, fan ou van, qui signifie une banniere, un étendard, & d’où l’on a fait flanon ou fanon, qui veut dire la même chose ; la premiere syllabe ori vient du latin aurum, c’est donc à dire étendard doré, parce qu’il étoit enrichi d’or.

Le lecteur peut consulter Galant, traité de l’oriflamme ; Borel, du Tillet, & les mémoires des Inscriptions. (D. J.)

ORIGAN, s. m. (Hist. nat. Bot.) origanum, genre de plante à fleur monopétale, labiée, dont la levre supérieure est relevée, arrondie & divisée en deux parties, & l’inférieure en trois. Le pistil sort du calice, il est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & entouré de quatre embryons qui deviennent dans la suite autant de semences ar-

rondies & renfermées dans une capsule qui a servi

de calice à la fleur. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que les fleurs naissent dans des épis écailleux qui forment des bouquets au haut des branches & des tiges. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Tournefort compte quatorze especes de ce genre de plante, dont il faut me borner ici à ne décrire que la sauvage commune : origanum sylvestre, spicis laxis, erectis, consertis, paniculatis, II. Cliff. 305. Elle a ses racines menues, ligneuses, fibreuses, traçantes obliquement en terre. Elles poussent plusieurs tiges qui s’élevent à la hauteur de deux ou trois piés, dures, quarrées, velues. Ses feuilles sortent opposées des nœuds des tiges ; les plus grandes ressemblent à celles du calament vulgaire, & les plus petites à celles de la marjolaine ; elles sont velues, odorantes, d’un goût âcre & aromatique. Ses fleurs naissent comme en parasol aux sommités des tiges, dans des épis grêles & écailleux, qui composent de gros bouquets ; chacune de ces fleurs est en gueule, ou en tuyau découpé par le haut en deux levres de couleur incarnate. Lorsque les fleurs sont passées, il leur succede des semences très-menues, presque rondes, enfermées dans une capsule oblongue qui a servi de calice à la fleur.

Cette plante croît non-seulement dans les pays chauds, mais aussi dans les pays froids, comme en Allemagne, en Angleterre, en France. On la trouve aux lieux champêtres, montagneux, secs, exposés au soleil ; & elle se plaît principalement sur les collines & les montagnes. Elle fleurit en été.

Au reste, l’origan sauvage varie beaucoup & par ses feuilles, & par ses fleurs. Tragus observe que ses fleurs sont de trois sortes ; l’une ponceau, l’autre rouge-blanchâtre, & la derniere toute blanche. Il y en a qui prétendent que celui d’Espagne & d’Italie vaut mieux que le nôtre, & je crois qu’ils ont raison.

Le petit origan, ou la petite marjolaine sauvage, origanum sylvestre, humile, de nos Botanistes, a sa racine ligneuse, roussâtre, fibreuse. Elle pousse une petite tige, ordinairement unique, ronde, roussâtre, un peu rude, haute de six à sept pouces, laquelle se divise au sommet en plusieurs rameaux, qui soutiennent des fleurs en maniere de parasol, mêlées de bleu & de purpurin ; elles sont garnies de feuilles opposées, petites, oblongues, velues, un peu fermes, assez souvent disposées sans ordre, d’une odeur aromatique & suave, comme celle de l’origan vulgaire.

Quand les fleurs sont passées, il leur succede des semences très-menues, arrondies, de bonne odeur, & d’un goût âcre. Cette plante se trouve dans les forêts : on peut la substituer à la précédente ; elle fleurit dans le même tems. (D. J.)

Origan, (Pharm. & Mat. méd.) grand origan, marjolaine sauvage ou bâtarde, marjolaine d’Angleterre, & petit origan ou petite marjolaine sauvage.

Ces plantes possedent à-peu-près les mêmes vertus que la marjolaine, à laquelle on peut les substituer.

La poudre de leurs feuilles & de leurs fleurs sechées est un assez bon errhin. Voyez Errhin.

On emploie principalement ces plantes pour l’usage extérieur. On les fait entrer dans les demi-bains, les pédiluves, & sur-tout dans la composition des vins aromatiques, qu’on applique aussi-bien que leur marc sur les membres attaqués de paralysie, d’œdeme, &c.

Les feuilles d’origan entrent dans l’eau générale & le sirop d’armoise ; les sommités fleuries dans l’eau