L’Encyclopédie/1re édition/ERRHINS

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ERRHINS, adj. pl. (Pharmacie.) Ce mot vient du grec ἐν, in, dans, & ῥὶν, nasus, nez.

C’est ainsi qu’on appelle tous les remedes qui sont destinés à être introduits dans le nez.

Ces remedes se préparent sous différentes formes ; tantôt ils sont liquides, tantôt solides, tantôt c’est une poudre, quelquefois c’est un liniment, une pommade, un onguent.

Ceux qui sont sous forme liquide, ou bien en poudre, se reniflent.

Ceux qui sont solides se forment en petits bâtons pyramidaux, qu’on introduit dans les narines, & qu’on y laisse autant de tems qu’il est nécessaire.

Les linimens, les pommades, les onguens se portent dans le nez avec le bout du doigt.

Les remedes errhins sont quelquefois destinés à provoquer l’éternument, & alors on les nomme sternutatoires. Voyez Sternutatoires. La véritable signification du mot errhin est celle que nous venons de lui donner avec les auteurs les plus exacts ; mais ce n’est pas dans ce sens générique que la plûpart l’ont pris : quelques-uns ont restraint le nom d’errhin aux remedes qui excitoient doucement l’excrétion des narines, & ils ne les distinguoient des sternutatoires que par le degré d’activité ; quelques autres définissent l’errhin par la forme liquide ; d’autres prétendent au contraire que la consistance pulvérulente, molle, liquide ou solide lui est indifférente, &c.

La signification du mot errhin étant bornée, selon son acception la plus ordinaire, à désigner les remedes qui évacuent la membrane pituitaire, nous observerons que les errhins les plus doux peuvent devenir sternutatoires sur certains sujets, & que les sternutatoires, au contraire, peuvent n’être que des évacuans doux pour d’autres sujets. La maniere d’agir de ces remedes est donc la même ; ils operent une irritation sur la membrane pituitaire, & ils déterminent une évacuation par ses couloirs, en excitant avec plus ou moins d’énergie l’excrétion de l’humeur qu’elle sépare. Voyez Excrétion & Irritation. Cette irritation portée à un certain point, détermine cette secousse violente & convulsive de plusieurs organes, qui est connue sous le nom d’éternument ; secousse inutile à l’évacuation des narines, mais que l’on cherche à exciter dans certains cas, pour une autre vûe. Voyez Eternument & Sternutatoire.

Les errhins, considérés comme évacuans, s’employent le plus souvent contre les incommodités connues dans le langage ordinaire sous le nom de fluxions, & sur-tout de celles qui attaquent les yeux & les oreilles, principalement lorsqu’elles sont absolument séreuses. Voyez Fluxion. Les affections véritablement inflammatoires des yeux & des paupieres sont plûtôt augmentées que diminuées par l’usage des errhins, quoiqu’à vrai dire, ils deviennent bien-tôt si indifférens par une courte habitude, que le medecin ne peut guere compter sur ces secours.

L’usage presque général du tabac, qui est un errhin (que la plûpart des preneurs de tabac s’appliquent continuellement sans le savoir, comme M. Jourdain faisoit de la prose), & même le seul que nous employions aujourd’hui, a rendu ce secours encore plus inutile, ou du moins plus rarement applicable ; comme l’habitude de boire du vin a privé la plûpart des hommes d’une grande ressource contre plusieurs maux. (b)