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mal disposés, & que les musiciens ayant tous un grain de folie, sont précisément dans ce cas. Cette hypothèse ingénieuse pourroit être appuyée sur bien des observations. Voyez la thèse déja citée, part. II. cap. iv. pag. 97. & seq. Ainsi lorsqu’un médecin voudra prescrire la Musique, il doit avoir égard, 1°. à la nature de la maladie ; 2°. au goût du malade, à son empressement pour la Musique ; il est rare qu’on n’éprouve pas de bons effets de la possession d’un bien qu’on a desiré passionnément, c’est la voix de la nature qui connoît & ses besoins & ce qui peut les satisfaire ; 3°. à l’effet de quelques sons sur le malade, on s’appercevra d’abord par les impressions qu’ils lui feront de ce qu’on a droit d’en attendre si on les continue ; 4°. on peut aussi tirer des indications de l’inefficacité des remedes déja administrés dans une des maladies dont nous avons parlé, ou qui lui soit analogue ; 5°. enfin on doit éviter la Musique dans les maux de tête & d’oreilles sur-tout, le moindre son est alors insupportable : ces malades sont dans le cas de ces ophtalmiques que la lumiere blesse, & qui ne seroient que désagréablement affectés de la vue des couleurs les plus variées & les plus éclatantes. Il ne faut cependant pas se dissimuler que proposer la Musique comme remede, c’est risquer de passer pour fou, pour ridicule dans l’esprit d’un certain public, même médecin, accoutumé à décider sans examen l’inutilité & l’absurdité d’un remede sur sa singularité ; mais indépendamment du triomphe qu’eleve au sage l’improbation des sots, est-il quelque motif qui puisse dans l’esprit d’un vrai medécin balancer l’intérêt de son malade ? (m)

Musique, voyez Brocher.

MUSORITES, s. m. (Hist. anc.) juifs qui avoient de la vénération pour les rats & les souris, sont aussi appellés d’un mot composé de mus, rat, & de sorex, souris. Cette superstition vint de ce que les Philistins ayant enlevé l’arche d’alliance, Dieu fit naître parmi eux un grand nombre de rats & de souris qui dévoroient tout, ce qui les obligea de rendre l’arche pour se délivrer de ce fléau ; mais avant que la rapporter, leurs sacrificateurs leur ordonnerent d’y mettre cinq souris d’or, comme une offrande au Dieu d’Israël, pour être délivrés de ces sortes d’animaux. Ancien Testament, I. liv. des Rois, ch. vj.

MUSSELBURG ou MUSSELBOROW, (Géogr.) ville d’Ecosse dans le province de Lothian, sur le Forth, à 4 milles d’Edimbourg. Les Anglois y gagnerent une bataille sur les Ecossois sous Edouard VI. roi d’Angleterre. Longit. 14. 36. latit. 55. 52. (D. J.)

MUSSER, terme de riviere, terme usité dans les anciennes ordonnances pour signifier cacher. « Si aucun est trouvé mussé ou caché pour vendre son poisson en repos, il le perdra ».

MUSSIDAN, (Géogr.) petite ville de France dans le haut Périgord ; c’est un lieu fort ancien, car il étoit déja connu dans le jx. siecle, sous le nom latin Mulcedonum. Au commencement du xij. siecle on le nommoit dans la même langue Moysiaanum, & elle avoit un seigneur particulier. Cette place soutint un fameux siége en 1579, mais à présent elle est entierement déchûe. Longit. 17. 55. latit. 45. 12.

MUSSY-L’ÉVEQUE, (Géogr.) petite ville de France en Bourgogne, située sur la Seine, entre Châtillon & Bar-sur-Seine. Long. 22. 10. latit. 46. 40.

Boursault (Edme), poëte françois, naquit dans cette ville en 1638. Il fut nommé par Louis XIV. sous-précepteur de M. le duc de Bourgogne ; mais comme il n’avoit aucune étude, il ne put remplir ce poste honorable. Cependant il a fait quelques ouvrages en vers & en prose qui ne sont pas méprisa-

bles ; il est vrai que ses lettres à Babet ne font plus

que l’amusement des jeunes provinciaux, mais sa comédie d’Esope subsiste encore au théâtre. Il est mort à Montluçon ou à Paris en 1706. (D. J.)

MUSTACHIO, s. m. (Comm.) mesure de Venise pour les liquides : 38 mustaches font la botte ou muid, 76 amphora. Voyez Amphora. Dictionnaire de Commerce. (G)

MUSTELLE, s. f. (Hist. nat. Icthiolog.) Rondelet a décrit deux poissions de mer sous ce nom ; il a donné le nom de mustelle vulgaire au premier, & celui de mustelle simplement dit au second.

La mustelle vulgaire ressemble à la lote ; elle a le corps long, brun & sans écailles, la bouche assez grande, & les dents petites ; les côtés du corps sont marqués d’une ligne droite qui s’étend depuis les ouies jusqu’à la queue. Il y a un petit barbillon ou filet blanc à l’extrémité de la mâchoire inférieure, & deux noires au bout de la mâchoire supérieure. Ce poisson a deux nageoires près des ouies, & deux petites au-dessous de celles-ci, assez loin de la bouche ; une autre s’étend presque depuis l’anus jusqu’à la queue : la nageoire du dos qui correspond à celle-ci, est encore plus longue. Ce poisson vit de chevrettes & de petits poissons.

La mustelle simplement dite a un barbillon à la mâchoire du dessous, & deux à la mâchoire du dessus, comme la mustelle vulgaire, dont elle differe principalement, en ce qu’elle est couverte d’écailles : elle a deux nageoires courtes près des ouies, deux autres au-dessous qui ressemblent à des barbillons, deux sur le dos, la premiere est petite, l’autre s’étend jusqu’à la queue. Il y après de l’anus une nageoire qui va aussi jusqu’à la queue La chair de ce poisson est molle & friable comme celle du merlan. Rondelet, hist. des poiss. prem part. liv. IX. ch. xjv. & xv. Voyez Poisson.

MUSULMAN, s. m. (Hist. mod.) titre par lequel les Mahométans se distinguent des autres hommes : il signifie en langage turc orthodoxe ou vrai croyant. Voyez Mahometisme.

En arabe ce mot s’ecrit moslem, ou mosleman, ou mosolman.

Les Sarrazins sont les premiers qu’on ait appellé Musulmans, selon l’observation de Leunclavius. Il y a deux sortes de Musulmans, fort opposés les uns aux autres : les uns sont appellés sonnites, & les autres shiites ; les sonnites suivent l’explication de l’alcoran donnée par Omar, les shiites suivent celle d’Haly. Les sujets du roi de Perse sont shiites, & ceux du grand-seigneur sonnites. Voyez Sonna & Alcoran.

Selon quelques auteurs le mot de musulman signifie sauvé, c’est à-dire prédestiné ; & c’est en effet le nom que les Mahométans se donnent eux-mêmes, se croyant tous prédestinés au salut. Martinius dit, sur l’origine de ce nom, des choses plus particulieres ; il le fait venir du mot arabe musalum, sauvé, échappé du danger. Les Mahométans, dit cet auteur, ayant établi leur religion par le fer & le feu, massacrant ceux qui ne vouloient pas l’embrasser, & accordant la vie à tous ceux qui l’embrassoient, les appelloient musulmans, c’est-à-dire empti è periculo : delà il est arrivé par la suite des tems que ce mot est devenu le titre & la marque distinctive de cette secte, & a été attaché par eux à ce qu’ils appellent vrais croyans. (G)

MUTABILITÉ, s. f. (Grammaire.) c’est l’opposé d’immutabilité. Voyez Immutabilité.

MUTAFERACAS, s. m. pl. (Hist. mod.) officiers du grand-seigneur, dont ils sont comme les gentilshommes ordinaires, destinés à l’accompagner lorsqu’il sort du serrail, soit pour aller à l’armée, soit dans ses simples promenades. On les tire ordinaire-