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battu qui sont mus par la roue qui est attachée extérieurement à l’arbre de la roue d’acier qui est dessous, & qui tourne par le jeu de la manivelle.

Moulins a toile ; ils ne different pas de beaucoup des moulins à foulon, & on s’en sert pour dégraisser les toiles, après les avoir nettoyées une premiere fois, lorsqu’on les a retirées de la lessive. Voyez Blanchisserie. Il y en a qui sont menés par l’eau ; mais la plus grande partie le sont par les chevaux.

Moulin a cuir. On s’en sert pour nettoyer & pour préparer avec l’huile les peaux des cerfs, des buffles, des élans, des bœufs pour faire ce qu’on appelle des peaux de buffles à l’usage des militaires, & il est garni pour cela de plusieurs gros pitons qui s’élevent & s’abaissent ensuite sur les peaux dans de grandes auges de bois, au moyen d’une roue placée au-dehors, & que la force de l’eau fait tourner. Voyez Buffle.

Moulin a poudre a canon, est celui dont on se sert pour broyer & battre ensemble les ingrédiens dont la poudre est composée. Voyez Poudre à canon.

La poudre se broie dans un mortier, au moyen de pilons menés par une roue, qu’une chûte ou un courant d’eau fait tourner. Ce mortier & ces pilons étoient autrefois de fer, mais les accidens arrivés par le feu ont donné lieu d’en substituer de bois. Voyez Pl. V. de Fortif. fig. 2. & 3. un moulin à poudre construit à Essaune.

Explication de la figure de ce moulin. A, moulin à poudre avec toutes ses roues, ses pilons & ses mortiers.

B, profil des pilons & mortiers.

C, arbre qui fait mouvoir les pilons.

D, pilon.

E, bout du pilon.

F, coupe du mortier où se bat la poudre.

Au lieu de mortier, on se sert quelquefois d’une poutre creusée en forme de mortier, comme il est représenté lettre G, figure A.

Voyez dans l’Architecture hydraulique de M. Belidor, le détail d’un moulin à poudre, construit à la Fere.

Moulin à mouliner la soie, voyez l’article Soie.

Moulin des Verreries, voyez l’article Verrerie

Moulin a Moutarde, (Vinaigrier.) espece de machine dont les Vinaigriers se servent pour broyer le senevé avec le vinaigre dont ils composent la moutarde.

Cette machine est composée de la maniere suivante. C’est une espece de baril, fait de douves, & relié de cerceaux comme les futailles ordinaires, mais beaucoup plus bas. Ce baril s’ouvre par le haut, ou plutôt la partie d’en-haut, appellée le couvercle ou chapeau, s’emboîte dans la partie d’en-bas, appellée la cuvette. La cuvette a environ un pié & demi de diametre, & le fond en est rempli par une meule d’environ 5 pouces d’épaisseur, qui y est assujettie & immobile. Au centre de cette meule est un pivot scellé avec du plomb, & qui ressort d’environ un pouce & demi. A une des douves de la cuvette, & à la hauteur de la meule, est un petit trou destiné à donner passage à la moutarde broyée. Sur le pivot de la meule s’ajuste une autre meule, au-dessus de laquelle est mastiquée une planche de cœur de chêne, de même circonférence & de l’épaisseur de 2 pouces. Vers le milieu de la seconde meule, à la planche de chêne, est un trou circulaire fait en entonnoir, d’environ 3 pouces de diametre par en-haut ; ce trou est appellé mise, & communique à un-petit canal pratiqué dans toute l’épaisseur de la meule supérieure, & destiné à porter entre les deux meules les matieres que l’on veut

broyer. Sur la planche de chêne ou chapeau du moulin, vers la circonférence, est un trou destiné à recevoir le bâton qui sert de main pour donner le mouvement à la meule. Lorsque le vinaigrier veut faire jouer son moulin, il insinue un long bâton dans ce trou par un côté, & de l’autre le fait entrer dans un autre trou pratiqué dans une planche attachée entre deux solives, immédiatement au-dessus du centre de la meule, de sorte que le bâton mis en place, est toûjours panché, ce qui donne plus de facilité à l’ouvrier pour faire jouer le moulin.

MOULINAGE, s. m. (Soierie.) c’est l’action de mouliner la soie. Voyez l’article Soie.

MOULINET, s. m. (Gram. & arts méchan.) petit moulin. Ce terme désigne encore des machines qui n’ont presque aucun rapport au moulin. Voyez les articles suivans.

Moulinet, s. m. (Méchan.) est la même chose que treuil ou tour ; c’est l’axis in peritrochio, ou axe dans le tambour, l’axe étant horisontal. Voyez Tour, Treuil, Axe dans le tambour.

Moulinet, faire le moulinet dans l’Art militaire, c’est faire tourner sur le centre, à droite ou à gauche, un bataillon rangé en bataille : c’est ce qu’on appelle aussi conversion centrale. Voyez Évolutions.

Moulinet, Virolet ou Noix, (Marine.) c’est une piece de bois qui a la forme d’une olive, qu’on met dans le hulot du gouvernail, & au-travers de laquelle la manivelle passe. Voyez Pl. IV. fig. 1. n° 180. le hulot du gouvernail.

Moulinet, barre à moulinet, croisée de moulinet, partie du métier à bas. Voyez les articles Métier a bas & Bas au métier.

Moulinet, terme de Plombier, c’est la partie de leur établi à fondre les tuyaux de plomb sans soudure, à laquelle est attachée une sangle pour tirer le boulon hors du moule, quand le tuyau est fondu. Voyez Plombier, & les Planches & figures du Plombier.

A présent on ne se sert plus du moulinet, mais d’une espece particuliere de cri dont la cramailliere s’attache au bout du boulon par le moyen d’un crochet. Ainsi on attire à soi la cramailliere & le boulon, par le moyen d’une manivelle qui fait tourner une roue dont les dents engrainent dans les crans de la cramailliere.

Moulinet, (Tireur d’or.) est une broche de fer percée dans toute sa longueur, & couverte sur les extrémités de devant par un morceau de buis, garni d’un haut rebord, derriere lequel est un autre bord beaucoup plus petit pour contenir la corde qui vient de la roue du moulinet. Ce morceau de buis ne l’enveloppant pas entierement, le moulinet est terminé par un bouton de fer de la même grosseur que le morceau de buis, qui se tourne sur la broche par une vis & empêche qu’il n’en sorte. Ce morceau de buis est lui-même garni de plusieurs petits roquetins, montés sur des fils de fer pour que l’argent, l’or, &c. ne se coupent point. Voyez Roquetins.

Moulinet, (Tonnelier.) c’est un instrument dont les Tonneliers se servent pour tirer des caves les tonneaux pleins de liqueur, qui sont trop pesans pour pouvoir les tirer à bras. Il est composé de deux pieces de bois de 8 ou 10 piés de longueur, & qui sont échancrées à la hauteur d’homme, de maniere à pouvoir recevoir un cylindre de bois qui est l’arbre du moulinet. Ces deux pieces de bois se placent presque debout, & s’appuyent par en-bas à terre, & par en-haut contre le mur : on place dans leurs échancrures l’arbre qui est percé des deux côtés de plusieurs trous dans lesquels on fait entrer des leviers de bois qui servent de bras pour le faire tourner. On attache à l’arbre des deux côtés, un cable