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de monop. l’empereur Charles-Quint ordonna la même chose en 1548.

François I. fut le premier de nos rois qui défendit les monopoles des ouvriers, sous peine de confiscation de corps & de biens. Voyez l’ordonnance de 1539. article CXCI.

Il y a nombre d’autres reglemens qui ont pour objet de prévenir ou réprimer les monopoles.

Comme il n’y a rien de plus nécessaire à la vie que le blé, il n’y a point aussi de monopole plus criant que celui des marchands & autres personnes qui se mêlent d’acheter du blé pour le revendre plus cher. Voyez Blé, Commerce, Grains.

Sur les monopoles en général, voyez Barberius, in viatorio juris, tit. de colleg. illicitis & monopolis ; Franciscus Lucanus, in suo tractatu celeberrimo in secundâ parte principali de casibus bonorum publicandorum ; Dambouderius, in enchiridio praxeos rerum criminalium. (A)

MONOPOLI, (Géogr.) ville d’Italie, au royaume de Naples, dans la terre de Bari, avec un évêché suffragant de Bari, mais exempt de sa jurisdiction. Elle est sur le golfe de Venise, à 9 lieues S. E. de Bari, 3 S. E. de Polignano. Long. 35. 2. lat. 41. 10. (D. J.)

MONOPSERE, s. m. (Hist. anc.) sorte de temple chez les anciens, qui étoit de figure ronde & sans murailles pleines, ensorte que le dôme qui le couvroit n’étoit soutenu que par des colonnes posées de distance en distance ; ce mot est composé de μονος, seul, & de πτερον, aile, comme qui diroit, bâtiment composé d’une seule aile. Voyez Temple.

MONORIME, s. m. (Litt.) ouvrage de poésie dont les vers sont tous sur la même rime. Voyez Rime. Ce mot est formé du grec μονος, seul, & de ρυθμος, harmonie ou rime.

On prétend que les monorimes ont été inventés par un ancien poëte françois nommé Léonius ou Léoninus, qui adressa des vers latins monorimes au pape Alexandre III. on leur donna enfin aussi le nom de vers Léonins. Voyez Léonin.

Les monorimes ont été bannis avec raison de la poésie latine ; nous en avons quelques exemples dans la françoise, où, pour peu qu’on ait l’oreille délicate, on est fatigué de ce retour perpétuel des mêmes sons.

MONOSTIQUE, s. m. (Litt.) petit morceau de poésie consistant en un seul vers. Ce nom est formé du grec μονος, seul, & de στικος, vers. Voyez Vers.

MONOSYLLABE, s. m. (Gram.) qui n’est que d’une syllabe, comme roi, yeux, dont. Une langue qui abondera en monosyllabes sera prompte, énergique, rapide, mais il est difficile qu’elle soit harmonieuse ; on peut le démontrer par des exemples de vers où l’on verra que plus il y a de monosyllabes, plus ils sont durs. Chaque syllabe isolée & séparée par la prononciation fait une espece de choc ; & une période qui en seroit composée imiteroit à mon oreille le bruit désagréable d’un poligone à plusieurs côtés, qui rouleroit sur des pavés. Quelques vers heureux, tels que celui de Malherbe,

Et moi je ne vois rien, quand je ne la vois pas.

ne prouvent rien contre la généralité de mon observation. Jamais Racine ne se seroit pardonné celui-ci,

Le ciel n’est pas plus pur que le fond de son cœur,

sans le charme de l’idée qui l’a fait passer sur la cacophonie de pas, plus, pur.

MONOTHELITES, s. m. pl. (Hist. eccl.) anciens hérétiques, qui tiroient leur origine des Eutychiens, & furent ainsi nommés parce qu’ils ne reconnois-

soient qu’une seule volonté en Jesus-Christ. Voyez Eutychien. Ce mot est grec, & composé de μονος, seul, & de θέλω, vouloir.

L’opinion des Monothélites prit naissance en 630, & fut protégée par l’empereur Heraclius. Ils ne différoient en rien des Séveriens acéphales. Voyez Séverien.

Ils admettoient bien à la vérité deux volontés en Jesus-Christ, considéré en tant qu’ayant deux natures en sa personne : mais des deux ils n’en faisoient qu’une, par rapport à l’union des deux natures ; regardant comme absurde qu’une même personne pût avoir deux volontés libres & distinctes. Voyez Personne.

Ils furent condamnés par le sixieme concile général, comme tendans à dégrader la perfection de la nature humaine en Jesus-Christ, en lui refusant une volonté & une opération qui lui fût propre. Ce concile déclara qu’il est de foi qu’on doit distinguer en Jesus-Christ deux volontés & deux opérations, qui ne sont point confondues l’une dans l’autre, mais subordonnées l’une à l’autre ; savoir la volonté humaine à la divine. Voyez Théandrique.

Il est bon d’observer 1°. que par le mot d’opération, les Monothelistes n’entendoient pas ou un acte, ou une faculté, mais l’un & l’autre en même tems, donnant au mot d’opération un sens plus étendu qu’à celui de volonté ; parcequ’opération comprend en général non-seulement tout acte, mais encore toute faculté d’agir, au lieu que le terme volonté marque seulement un certain genre d’opération & de faculté.

2°. Que quoiqu’ils ne reconnussent en Jesus-Christ qu’une opération ou qu’une volonté, ils n’expliquoient pas tous leurs sentimens d’une maniere uniforme. Les uns n’admettoient en Jesus-Christ qu’une puissance uniforme d’agir. Les autres au contraire, excluoient entierement cette puissance de la nature humaine, parce qu’ils croyoient, comme les Eutychiens, qu’elle avoit été comme absorbée dans la nature divine au moment de l’union hypostatique. D’autres pensoient que les facultés humaines étoient pour lors restées dans le Verbe, mais qu’elles y étoient demeurées comme mortes, n’ayant d’elles-mêmes nulle action, & n’agissant que comme des instrumens par l’impulsion de la volonté divine, d’où ils concluoient que pour les deux natures, il n’y avoit qu’une seule & unique opération. D’autres enfin admettoient en Jesus-Christ deux opérations, mais confondues l’une dans l’autre, & si bien mêlées, qu’elles n’en faisoient plus qu’une, à peu-près comme les Eutychiens, de deux natures n’en composoient qu’une, qu’ils comparoient à l’homme, composé de deux substances unies ensemble. Avec tant de variations & d’équivoques, il n’est point étonnant que les Monothélites en aient imposé aux empereurs, & même au pape Honorius, qui n’apperçut pas d’abord tout le venin de cette herésie.

MONOTONIE, s. f. (Lett.) défaut de variation ou d’inflexion de voix. Prononciation d’une longue suite de paroles sur un même ton. Voyez Prononciation. La monotonie dans un orateur est un très grand défaut, & qui marque communément qu’un homme ne sait pas ce qu’il dit.

Dans la déclamation, la monotonie est opposée à un autre défaut, qu’on nomme chanter les vers, c’est-à-dire, les prononcer en s’arrêtant régulierement à chaque hemistiche, soit que le sens l’exige, soit qu’il ne l’exige pas, & à en prononcer les finales avec la même inflexion de voix.

MONOTRIGLYPHE, s. m. terme d’Archite, qui signifie l’espace d’un seul triglyphe entre deux pilastres ou deux colonnes.

MONS, (Géog.) ancienne, grande & forte ville