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conde en a deux, i, k, un peu en pente sur les côtés, pour ne point empêcher la vis de son surpoids ; ils servent de vent pour laisser sortir l’air qui s’enferme entre la molette & le verre ; & qui s’échauffant & se raréfiant par le travail, feroit sans cela souvent détacher le verre de dessus son mastic. Les deux autres molettes, 4 & 5, sont simplement cavées pour tenir le mastic, & servent à travailler le verre de l’œil. Voyez Bassin de Lunettier, & les fig. Pl. du Lunettier.

Molette, (Maréchal.) extrémité de l’éperon qui sert à piquer les chevaux, Elle est faite en forme d’étoile à six pinces, ou d’une petite rose, & mobile sur la branche de derriere. Voyez Épëron.

C’est aussi un épi de poil qui se trouve au milieu du front du cheval & entre les deux yeux.

On appelle aussi molettes, certaines grosseurs pleines d’eau qui viennent au bas des jambes des chevaux. Il n’y a que le feu qui puisse les guérir, encore ce remede n’est il point infaillible.

Molettes, en terme d’Orfévre en grosserie, sont des especes de grandes pincettes souples, d’égale largeur de la tête jusqu’en bas, & qui jouent aisément, dont les Orfévres se servent à la forge, ou fonte.

Molette, en Peinture, est une pierre de marbre, de porphyre, d’écaille de mer ou autre, de figure conique, dont la base est plate ou arrondie, & unie, qui sert à broyer les couleurs sur une autre pierre très-dure. Les Italiens l’appellent macinello.

Molette, instrument de Chimie, de Pharmacie, & de plusieurs autres arès, morceau de porphyre, ou d’une autre pierre très-dure, de forme à-peu-près pyramidale, haut de six à sept pouces, d’une grosseur telle qu’elle puisse être commodément empoignée par la partie supérieure, & dont la base est terminée par une surface plane & polie, propre à s’appliquer exactement, à porter par fonds ses points sur une table de porphyre bien dressée & applanie aussi. On emploie cet instrument à broyer ultérieurement, à porphyriser, à alcoholiser des poudres dures, soit terreuses, soit pierreuses, soit métalliques, &c. Voyez Porphyriser. (b)

Molette, (Rubanier.) est une poulie de bois traversée dans son axe par un fer recourbé, dont les Passemantiers-Boutonniers, & les Tissutiers-Rubaniers font usage quand ils veulent retordre les fils dont ils doivent se servir.

Molette, outil de vernisseur ; cette molette ressemble à celle des Broyeurs de couleur, & sert aux Vernisseurs pour mêler & broyer leurs couleurs avec du vernis.

Moletter, v. act. (Glaces.) c’est se servir de la molette pour finir le poli des glaces. Voyez Verrerie & .

MOLEFTTA, (Géog.) en latin Melsictum, petite ville d’Italie, dans le royaume de Naples, dans la terre de Bari, avec un évêché suffragant de Bari, & titre de duché. Elle est sur le golfe de Venise, à 3 lieues N. O. de Bari, 2 E. de Frani. Long. 31. 25. lat. 41. 28. (D. J.)

MOLHEIM, ou plûtôt MULHEIM, (Géog.) lieu franc en Allemagne, au cercle de Westphalie sur le Rhin, un peu au-dessous de Cologne : c’est là où étoit autrefois la capitale des Ubiens, & la mer, pour ainsi dire, de Cologne ; c’est encore là que Jules-César fit construire un pont de bois sur le Rhin. Cet endroit est présentement une dépendance du duché de Berg. (D. J.)

MOLIANT, adj. (Chamois. Corroy. & autres arts méchaniques.) ce qui par le travail est devenu doux, flexible & maniable, de dur & roide qu’il étoit, c’est une qualité que le chamoiseur, le corroyeur,

& d’autres artisans qui préparent les peaux, cherchent a leur donner.

MOLIENNE, ou laime de Moline, sorte de laines d’Espagne qui viennent de Barcelone.

MOLIERE. Voyez Meuliere.

MOLINA, (Géog.) ville d’Espagne, dans la nouvelle Castille, sur le Gallo, à 3 lieues des frontieres de l’Arragon, près de Caracena. Cette ville est dans un pays de pâturage, où l’on nourrit des brebis qui portent une laine précieuse. Elle est située à 10 lieues S. E. de Siguenza, 28 N. E. de Madrid. Long. 15. 55. lat. 40. 50. (D. J.)

MOLINE, f. f. (Commerce.) sorte de laine d’Espagne ; c’est la même que la molienne.

MOLINISME, s. m. (Théologie.) système particulier de Théologie sur la grace suffisante & efficace, qui a pris son nom de Louis Molina son auteur, jésuite espagnol, & professeur en Théologie dans l’université d’Evora.

Le livre où il explique ce système, intitulé, de concordiâ Gratiæ & liberi arbierii, parut à Lisbone en 1588, & fut vivement attaqué par les Dominicains, qui le déférerent à l’inquisition. La cause ayant été portée à Rome, & discutée dans ces fameuses assemblées, qu’on nomme les congrégations de auxiliis, depuis l’an 1597, jusqu’à l’année 1607, demeura indécise, le pape Paul V. qui tenoit alors le siege de Rome, n’ayant rien voulu prononcer, mais seulement défendu aux deux partis de se noter mutuellement par des qualifications odieuses. Depuis cette espece de trève le Molinisme a été enseigne dans les écoles comme une opinion libre ; mais il a eu de terribles adversaires dans la personne des Jansénistes, & n’en a pas manqué de la part des écoles catholiques.

Voici toute l’économie du système de Molina, selon l’ordre que cet auteur imagine dans les decrets de Dieu.

1o. Dieu, par la science de simple intelligence, voit tout ce qui est possible, & par conséquent des ordres infinis de choses possibles.

2o. Par la science moyenne Dieu voit certainement ce que dans chacun de ces ordres, chaque volonté créée, en usant de sa liberté, doit faire, si on lui confere telle ou telle grace.

3o. Il choisit l’ordre des choses qui a existé dès le commencement du monde, & qui existe encore en partie.

4o. Il veut, d’une volonté antécédente, sauver les anges & les hommes, mais sous une condition unique, c’est qu’ils veuillent bien eux-mêmes se sauver.

5o. Il donne à tous, soit anges, soit hommes, & abondamment, tous les secours nécessaires pour opérer leur salut.

6o. Les secours surnaturels, ou cette grace accordée aux anges & aux hommes dans l’état d’innocence n’a point été efficace par elle-même & de sa nature, mais versatile & efficace par l’évenement, c’est-à-dire à cause du bon usage qu’ils en ont fait.

7o. D’où il s’ensuit qu’il n’y a nulle différence quant à l’efficacité de la grace, entre les secours accordés dans l’état de nature innocente, & ceux dont on a besoin dans l’état de nature tombée, nuls decrets absolus efficaces par eux-mêmes, antécédens à la libre détermination de la volonté créée, ni par conséquent nulle prédestination avant la prévision des mérites, nulle réprobation qui ne suppose des péchés actuels.

8o. Dieu prédestine à la gloire les anges qu’il sait, par sa science de vision, devoir persevérer dans le bien, & reprouve les autres.

9o. Quant à ce qui regarde Adam & sa postérité infectée de son péché, quelque dignes que soient tous les hommes des supplices éternels & du cou-