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MOBILISER, v. act. (Jurispr.) signifie ameublir, faire qu’un immeuble réel, ou réputé tel, soit réputé meuble. L’ameublissement n’est, comme on voit, qu’une fiction qui se fait par convention. Ces sortes de clauses sont assez ordinaires dans les contrats de mariages, pour faire entrer en communauté quelque portion des immeubles des futurs conjoints, lorsqu’ils n’ont pas assez de mobilier. Voyez Ameublissement. (A)

MOBILITÉ, s. f. (Méchan.) signifie possibilité d’être mu, ou facilité à être mu & quelquefois le mouvement thême actuel Voyez Mouvement.

La mobilité ou possibilité d’être mu, est une propriété générale des corps.

La mobilité du mercure, ou la facilité de ses parties à être mues, provient de la petitesse & de la sphéricité de ses particules, & c’est ce qui en rend la fixation si difficile. Voyez Mercure.

L’hypothese de la mobilité de la Terre est l’opinion la plus plausible & la plus reçûe chez les Astronomes. Voyez Terre.

Le pape Paul V. nomma des commissaires pour examiner l’opinion de Copernic sur la mobilité de la Terre. Le résultat de leur recherche fut une défense, non d’assurer que cette mobilité fût actuellement mobile, c’est-à-dire qu’ils permirent de soutenir la mobilité de la Terre comme une hypothese qui donne une grande facilité pour expliquer d’une maniere sensible tous les phénomenes des mouvemens célestes ; mais ils défendirent qu’on la soutînt comme these ou comme une chose réelle & effective, parce qu’ils la crurent contraire à l’Ecriture. Sur quoi voyez Copernic & Systeme. Chambers. (O)

MOCADE, ou MOQUADE, s. f. (Comm.) étoffe de laine sur fil, & qui est travaillée en velours. La mocade se fait en Flandre, & elle est diversifiée de couleurs, enrayures ou fleurons. On l’appelle aussi moquette. On l’emploie en meubles. La chaîne est de lin, & la trame de laine : & la laine des couleurs propres à exécuter le dessein du montage du métier, lu sur le semple, & tiré par la tireuse de semple.

MOCHA, ou MOKA, (Géog.) ville de l’Arabie heureuse, avec un bon port, à l’entrée de la mer Rouge, à 15 lieues N. du détroit de Babel-Mandel. La chaleur y est excessive & les pluies fort rares. On fait à Mocha un commerce assez considérable de café qui y passe pour excellent. Long. 303. lat. mérid. 34.

Mocha, (Géogr.) île de l’Amérique méridionale au Chili. Elle dépend de la province d’Arauco, & est fertile en fruits & en bons pâturages. Elle est à cinq lieues du continent, éloignée de la ligne vers le sud, de 38 degrés & quelques minutes. Ses habitans sont des Indiens sauvages qui s’y réfugierent d’Arauco, lorsque les Epagnols se rendirent maîtres de cette province & de la terre-ferme. (D. J.)

MOCHE, s. f. (Com.) en terme de Blondier, est un paquet de soie, tel qu’il vient des pays étrangers, pesant depuis sept jusqu’à dix livres, mais partagé en trois parties égales nommées tiers, voyez Tiers. Les soies en moches ne sont pas teintes, & n’ont pas encore en tous leurs apprêts.

MOCHLIQUE, (Thérapeutique.) c’est un des noms que les Médecins ont donné aux purgatifs violens. Voyez Purgatifs.

Mochlique de la Charité de Paris. Voyez Remedes de la Charité.

MOCKA, Pierres de, (Hist. nat. Lithol.) Les Anglois nomment ainsi les belles agates herborisées qui sont quelquefois presqu’aussi claires & transparentes que du crystal de roche ; ce qui fait

que l’on distingue parfaitement les buissons & rameaux que ces pierres renferment ; ces buissons sont communément ou noirs, ou bruns, ou rougeâtres ; il s’en trouve, quoique rarement, qui sont d’un beau verd. Le nom de pierres de Mocka paroît leur avoir été donné parce qu’on en tire de Mocka en Arabie. Ces pierres sont beaucoup plus communes en Angleterre qu’en France & par-tout ailleurs. On les emploie à faire des boutons, des tabatieres, lorsqu’elles sont assez grandes, & d’autres ornemens semblables. (—)

MOCKEREN, (Géog.) petite ville d’Allemagne au cercle de la basse Saxe, dans l’archevêché de Magdebourg, sur la Struma, à trois milles de Magdebourg. Long. 33. 52. lat. 62. 16. (D. J.)

MODES, s. m. pl. (Philos. & Log.) ce sont les qualités qu’un être peut avoir & n’avoir pas, sans que pour cela son essence soit changée ou détruite. Ce sont des manieres d’être, des façons d’exister, qui changent, qui disparoissent, sans que pour cela le sujet cesse d’être ce qu’il est. Un corps peut être en repos ou en mouvement, sans cesser d’être corps ; le mouvement & le repos sont donc des modes de ce corps ; ce sont ses manieres d’être.

On donne quelquefois le nom d’accident à ce que nous appellons des modes ; mais cette expression n’est pas propre, en ce qu’elle donne l’idée de quelque chose qui survient à l’être & qui existe sans lui ; ou c’est cette maniere de considérer deux êtres ensemble, dont l’un est mode de l’autre. Voyez l’art. Accident, comme sur la distinction des attributs & des modes, voyez aussi l’article Attribut.

Tout ce qui existe a un principe ou une cause de son existence. Les qualités essentielles n’en reconnoissent point d’autre que la volonté du créateur. Les attributs découlent des qualités essentielles, & les modes ont leur cause dans quelque mode antécédent, ou dans quelque être différent de celui dans lequel ils existent, ou dans l’un & l’autre ensemble. Penser à une chose plutôt qu’à une autre, est une maniere d’être qui vient ou d’une pensée précédente, ou d’un objet extérieur, ou de tous les deux à la fois. La perception d’un objet se liant avec ce que nous avions dans l’esprit un moment auparavant, occasionne chez nous une troisieme idée.

Il ne faut pas confondre avec les modes leur possibilité, & ceci a besoin d’explication. Pour qu’un sujet soit susceptible d’un certain mode, il faut qu’il ait au préalable certaines qualités, sans lesquelles on ne sauroit comprendre qu’il puisse être revêtu de ce mode. Or ces qualités nécessaires au sujet pour recevoir le mode, sont ou essentielles, ou attributs, ou simples modes. Dans les deux premiers cas, le sujet ayant toujours ses qualités essentielles & ses attributs, est toujours susceptible & prêt à recevoir le mode ; & sa possibilité étant elle-même un attribut, est par cela même prochaine. Dans le troisieme cas, le sujet ne peut être revêtu du mode en question, sans avoir acquis auparavant les modes nécessaires à l’existence de celui-ci : la possibilité en est donc éloignée, & ne peut être regardée elle-même que comme un mode.

Il faut des exemples pour expliquer cette distinction. Un corps est mis en mouvement ; pour cela, il ne lui faut qu’une impulsion extérieure assez forte pour l’ébranler. Il a en lui-même & dans son essence tout ce qu’il faut pour être mu. Sa mobilité ou la possibilité du mouvement est donc prochaine, c’est un attribut.

Pour que ce corps roule en se mouvant, il ne suffit pas d’une action extérieure ; il faut encore qu’il ait de la rondeur ou une figure propre à rouler. Cette figure est un mode ; c’est une possibilité