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Il est essentiel que le vélin soit bien tendu pour pouvoir peindre aisément dessus : pour cet effet, lorsque le tableau que l’on veut faire n’a guere plus de deux ou trois pouces, il suffit de coller le vélin sur un carton bien blanc & très-lissé, observant cependant de mettre encore un papier blanc & lissé entre le vélin & le carton. On cole les bords du carton avec de la gomme arabique fondue dans de l’eau, & on applique le vélin dessus, après avoir passé légerement sur son envers un linge mouillé d’eau nette : cette opération fait que le vélin se détend d’abord ; ensuite venant à sécher, il ne se tend que mieux de lui-même & également : lorsque les tableaux doivent être plus grands, le carton seroit sujet à se courber ; ainsi il vaut mieux coller le vélin sur une glace, ou un verre, sur lesquels on colle auparavant & entierement le papier blanc lissé.

On dessine sur ce vélin avec une éguille d’or ou d’argent, ou de cuivre, & jamais avec des crayons. Il est même à-propos de faire son dessein d’abord sur un papier, & le calquer ensuite sur le velin (Voyez Calquer), en frottant le derriere du papier de sanguine légerement. Le vélin craint la grande chaleur, qui le fait jaunir. L’ivoire en souffre davantage, parce qu’il est plus huileux.

Comme on n’avoit point encore écrit sur la miniature, du moins utilement, on s’est permis d’autant plus volontiers les longs détails sur ce genre de peindre, que beaucoup de personnes de distinction & de goût s’occupant d’un art aussi noble & aussi commode à exercer, trouvent difficilement des lumieres pour les seconder ; on croit les pouvoir obliger en levant du moins les premieres difficultés.

MINIERE, s. f. (Hist. nat.) c’est ainsi qu’on nomme dans l’Histoire naturelle la terre, la pierre, ou le sable dans lesquels on trouve une mine ou un métal. C’est ainsi qu’on dit que le sable est la miniere de l’or, parce que l’on trouve souvent ce métal en paillettes répandues dans le sable d’un grand nombre de rivieres. On dit aussi que le quartz sert ordinairement de miniere à l’or, parce qu’on trouve ce métal communément attaché à cette sorte de pierre. Le spath & le quartz sont les minieres les plus ordinaires des métaux, c’est-à-dire, on trouve les métaux & leurs mines communément attachés ou formés sur ces sortes de pierres, d’où l’on voit qu’en ce sens le mot miniere est synonyme de gangue ou de matrice. Voyez ces deux mots.

On voit donc qu’il ne faut point confondre la miniere d’un métal avec le métal même, ou avec sa mine. Cette miniere n’est autre chose qu’une retraite dans laquelle le métal ou la mine sont reçus ; elle sert à les conserver, à les élaborer, à recueillir les molécules métalliques & minéralisantes qui leur sont portées peu-à-peu par les vapeurs souterreines. L’expérience a fait connoitre que certaines substances sont plus propres à devenir des minieres que d’autres ; il y a des minieres si dures, que les métaux ne peuvent s’attacher qu’à leurs surfaces ; d’autres sont plus tendres & plus spongieuses, & par conséquent plus propres à être entierement pénétrées par les vapeurs minérales. Des métaux & des mines déja formés peuvent servir de miniere à d’autres métaux & à d’autres mines. D’un autre côté une même pierre peut servir de miniere à plusieurs métaux & à plusieurs mines à la fois ; c’est ainsi que l’on rencontre des filons qui contiennent à la fois de la mine de cuivre, de la mine d’argent, de la mine de fer, &c. en un mot les minieres méritent toute l’attention du naturaliste ; & elles peuvent lui faire découvrir un grand nombre de phénomenes du regne minéral. Cette matiere a été amplement & savamment traitée par M. Lehmann, de l’academie de Berlin, dans son Traité de la formation des métaux, & de leurs matrices

ou minieres, qui fait le second volume de ses

œuvres de physique & d’histoire naturelle, dont j’ai donné la traduction françoise en 1759. (—)

MINIMA, Appel a, (Jurisprud.) c’est l’appel que le ministere public interjette d’un jugement rendu en matiere criminelle, où il échet peine afflictive : cet appel est qualifié à minimâ, on sous-entend pænâ ; c’est-à-dire que le ministere public appelle, parce qu’il prétend que la peine qui a été prononcée est trop légere.

Le ministere public doit toujours appeller à minimâ, & cet appel se porte à la tournelle, omisso medio. Voyez le tit. XXVI. de l’Ordonn. criminelle. (A)

MINIME, adj. en Musique, est le nom d’une sorte de semi-ton dont le rapport est de 625 à 648, & qui est la différence du semi-ton mineur au semi-ton maxime. Voyez Semi-ton.

Minime, par rapport à la durée ou au tems, est dans nos anciennes musiques, la note qu’aujourd’hui nous appellons blanche. Voyez Blanche & Valeur des notes. (S)

MINIMES, s. m. pl. (Hist. eccl.) ordre religieux fondé par S. François de Paule environ l’an 1440, & confirmé en 1473 par Sixte IV & par Jules Il en 1507. On donne à Paris le nom de Bons-hommes aux religieux de cet institut, parce que le roi Louis XI & Charles VIII les nommoient ordinairement ainsi, ou plutôt parce qu’ils furent d’abord établis dans le bois de Vincennes, dans le monastere des religieux de Grammont qu’on appelloit les Bons-hommes. Le peuple en Espagne les appelle Peres de la victoire, à cause d’une victoire que Ferdinand V remporta sur les Maures, & qui, dit-on, lui avoit été prédite par S. François de Paule. Ce saint leur fit prendre le nom de Minimes, c’est-à-dire, les plus petits par humilité, & comme pour les rabaisser au-dessous des Franciscains qui se nommoient Mineurs. Les Minimes, entre les trois vœux monastiques, en font un quatrieme, d’observer un carême perpétuel. Leur ordre a donné à la république des lettres quelques hommes illustres, entr’autres le pere Mersenne, ami & contemporain de Descartes.

MINIMUM, s. m. dans la Géométrie transcendante, marque le plus petit état, ou les plus petits états d’une quantité variable, sur quoi voyez Maximum.

MINIO, (Géogr.) petit fleuve d’Italie en Toscane. Il avoit son embouchure entre Gravisea & Centrum celæ. Niger le nomme Migno, & Léander l’appelle Mugnone. Virgile en fait mention dans ce vers de l’Enéide :

Qui Coerete domo, qui sunt Minionis in arvis.

Il ne faut pas confondre le Minio avec le Minius ; ce dernier étoit un fleuve de l’Espagne tarragonoise, ou de la Lusitanie, dont Ptolomée & Pomponius Méla font mention. (D. J.)

MINJOE-TAMNACH, s. m. (Hist. nat.) c’est ainsi que les habitans de l’île de Sumatra nomment une espece de petrole ou de bitume que fournit la montagne appellée Balatam, qui est un volcan. Ce nom signifie dans la langue du pays, huile de terre. On en vante l’usage pour la guérison des plaies, &c.

MINISTERE, s. m. (Gram. Hist. mod.) profession, charge ou emploi où l’on rend service à Dieu, au public, ou à quelque particulier. Voyez Ministre.

On dit dans le premier sens que le ministere des prélats est un ministere redoutable, & qu’ils en rendront à Dieu un compte rigoureux. Dans le second, qu’un avocat est obligé de prêter son ministere aux opprimés, pour les défendre. Et dans le troisieme, qu’un domestique s’acquitte fort bien de son ministere.

Ministere se dit aussi du gouvernement d’un état sous l’autorité souveraine. On dit en ce sens que le ministere du cardinal de Richelieu a été glorieux, & que les lettres n’ont pas moins fleuri en France sous