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tour de leurs racines en les tirant de la caisse, de les garantir du soleil & des vents, jusqu’à ce qu’ils ayent poussé, & de les soutenir & dresser avec des petites baguettes ; parce qu’ils s’inclinent volontiers & se redressent difficilement, si on les a négligés. Au bout de trois ans, on pourra les transplanter à demeure sur la fin du mois d’Octobre, lorsque les feuilles commencent à tomber. Ils réussissent rarement lorsqu’ils ont plus de deux piés, ou deux piés & demi de hauteur, à-moins qu’on ne puisse les enlever & les transporter avec la motte de terre. Ces arbres viennent lentement pendant les cinq premieres années ; mais dès qu’ils ont pris de la force, ils poussent vigoureusement, & souvent ils s’élevent à 80 piés. On peut les tailler & leur retrancher des branches sans inconvénient, avec l’attention néanmoins d’en laisser à l’arbre plus qu’on ne lui en retranche.

Le bois du melese est d’un excellent service ; il est dur, solide, facile à fendre. Il y en a de rouge & de blanc ; ce qui dépend de l’âge de l’arbre : le rouge est le plus estimé ; aussi est-ce le plus âgé. Il est propre aux ouvrages de charpente, & à la construction des petits bâtimens de mer ; on le préfere au pin & au sapin pour la menuiserie. Ce bois est d’une grande force & de très-longue durée ; il ne tombe pas en vermoulure ; il ne contracte point de gersure ; il pourrit difficilement, & on l’emploie avec succès contre le courant des eaux. Il est bon à brûler, & on en fait du charbon qui est recherché par ceux qui travaillent le fer. On se sert de l’écorce des jeunes meleses, comme de celle du chêne, pour tanner les cuirs.

Le melese est renommé pour trois productions ; la manne, la résine, & l’agaric.

La manne que l’on trouve sur le melese, se forme en petits grains blancs, mollasses, glutineux, que la transpiration rassemble pendant la nuit sur les feuilles de l’arbre, au fort de la seve, dans les mois de Mai & Juin. Les jeunes arbres sont couverts de cette matiere au lever du soleil, qui la dissipe bientôt. Plus il y a de rosée, plus on trouve de manne ; elle est aussi plus abondante sur les arbres jeunes & vigoureux. C’est ce que l’on appelle la manne de Briançon, qui est la plus commune & la moins estimée des trois especes de manne que l’on connoît. On ne l’emploie qu’à défaut de celle de Syrie & de celle de Calabre.

On donne le nom de térébenthine, à la résine que l’on fait couler du melese, en y faisant des trous avec la tarriere. On tire cette résine depuis la fin de Mai jusqu’à la fin de Septembre. Les arbres vigoureux en donnent plus que ceux qui sont trop jeunes ou trop vieux. Un melese dans la force de l’âge peut fournir tous les ans sept à huit livres de térébenthine pendant quarante ou cinquante ans. C’est dans la vallée de S. Martin & dans le pays de Vaudois en Suisse, que s’en fait la plus grande récolte, & c’est à Briançon ou à Lyon qu’on la porte vendre. On trouvera sur ce sujet un détail plus circonstancié dans le traité des arbres de M. Duhamel, au mot Larix.

L’agaric est une espece de champignon qui croît sur le tronc du melese. On croyoit que cette production étoit une excroissance, une tumeur causée par la maladie, ou la foiblesse de l’arbre ; mais M. Tournefort considérant l’agaric comme une plante, l’a mise au nombre des champignons ; & M. Micheli a prétendu depuis avoir vû dans l’agaric des fleurs & des semences. On distingue encore un agaric mâle, & un agaric femelle. On ne fait nul cas du premier ; mais le second est d’usage en Médecine : c’est un purgatif qui étoit estimé des anciens, & qui l’est fort peu à présent. Voyez le mot Agaric.

Outre le melese ordinaire auquel on doit principalement appliquer ce qui vient d’être dit, on connoît encore quelques especes de cet arbre, savoir :

Le melese à fruit blanc : c’est la couleur des petits cônes naissans qui en fait toute la différence. Ils sont d’un blanc très-éclatant, au lieu que ceux du melese ordinaire sont d’une couleur pourpre très-vive. On peut encore ajoûter que les feuilles de l’espece à fruit blanc, sont d’un verd plus clair & plus tendre.

Le melese de Canada, ou le melese noir : ses feuille ; sont moins douces au toucher & d’un verd moins clair ; cet arbre est encore bien peu connu en France.

Le melese d’Archangel : tout ce qu’on en sait, c’est qu’il donne ses feuilles trois semaines plutôt que le melese ordinaire, & que ses branches sont plus minces & plus disposées par leur flexibilité à s’incliner vers la terre. M. d’Aubenton le Subdelégué.

Melese, (Mat. méd.) cet arbre appartient à la matiere médicale, comme lui fournissant une espéce de manne connue dans les boutiques sous le nom de manne de Briançon, ou de melese, & une espece de térébenthine communément appellée térébenthine de Venise. Voyez Manne & Térébenthine. (b)

MELET ou SAUCLES, (Hist. nat.) poisson fort long, relativement à sa grosseur qui n’excede pas celle du petit doigt ; il a le dos épais, le ventre plat, les yeux grands & la bouche petite & sans dents. La couleur du ventre est argentée ; le dos est brun, & le tour de la tête en partie jaune & en partie rouge comme dans la sardine. Il a deux nageoires auprès des ouies, une de chaque côté, deux autres sous le ventre placées plus en-arriere ; une autre grande nageoire située immédiatement au-dessous de l’anus, & deux sur le dos ; toutes ces nageoires sont blanches ; le corps de ce poisson est transparent ; on voit seulement une ligne obscure lorsqu’on le regarde à contre jour, ou lorsqu’il est cuit. Cette ligne s’étend sur les côtés du corps depuis la tête jusqu’à la queue : le melet est de bon goût, il a la chair assez ferme. Rondelet, Hist. des poiss. prem. part. liv. VII. chap. IX. Voyez Poisson.

MELETTE, voyez Nadelle.

MELFI, (Géog.) ville d’Italie, au royaume de Naples, dans la Basilicate, avec un château sur une roche, le titre de principauté, & un évêché suffragant de la Cerenza, mais exempt de sa jurisdiction. Il ne faut pas la confondre avec Amalfi. Elle est à quatre milles de l’Offante, 15 N. O. de Conza, 65 N. E. de Naples. Longit. 33. 25. latit. 41. 2. (D. J.)

MELIANTHE, s. f. melianthus, (Botan. exot.) genre de plante à fleur polipétale, anomale, composée de quatre pétales disposés tantôt en éventail, & tantôt en forme de cône. Le pistil sort du calice, qui est découpé profondément en plusieurs parties inégales, & devient dans la suite un fruit tétragone & ressemblant à une vessie : ce fruit est divisé en quatre loges, & contient des semences arrondies. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

M. de Tournefort compte trois especes de ce genre de plante, qui ne different qu’en grandeur : les Botanistes l’appellent melianthus africanus, à cause de son origine afriquaine.

Cette plante s’éleve en général à la hauteur de sept à huit piés, toûjours verte, & en vigueur. Sa tige est de la grosseur d’un, deux, ou trois pouces, ronde, cannelée, rude au toucher, noueuse, solide, rougeâtre.

Ses feuilles sont faites, & à peu près rangées comme celles de la pimprenelle, mais cinq ou six fois aussi grandes, lisses, nerveuses, dentelées profondément tout-autour, de couleur de verd de mer, d’une odeur forte, puante, assoupissante, d’un goût herbeux, un peu styptique.