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te, comme elle doit être à des armes de fatigue, & le calibre est d’un once de balle, c’est-à-dire, de 16 à la livre. La longueur de cette arme donne tant de force au coup, que les boucaniers prétendent que leurs fusils portent aussi loin que les canons ; quoique cette expression ne soit pas exacte, il est néanmoins certain que ces fusils portent beaucoup plus loin que les fusils ordinaires. En effet, les boucaniers se tiennent assurés de tuer à trois cens pas, & de percer un bœuf à deux cens. Voyez Boucanier.

L’auteur anonyme de la maniere de fortifier, tirée des méthodes du Chevalier de Ville, du Comte de Pagan, & de M. de Vauban, voudroit que les arsenaux fussent fournis de sept à huit cens fusils boucaniers, & même davantage, selon la grandeur de la place, afin d’en armer les soldats placés dans les ouvrages les moins avancés. Les mousquets biscayens y seroient aussi également utiles. V. Mousquet Biscayen.

Armes courtoises, se disoit autrefois des armes qu’on employoit dans les tournois : c’étoient ordinairement des lances sans fer, & des épées sans taillans & sans pointe.

Armes à feu, sont celles que l’on charge avec de la poudre & des balles : comme les canons, les mortiers, & les autres pieces d’artillerie ; les mousquets, les carabines, les pistolets, & même les bombes, les grenades, les carcasses, &c. Voyez Canon, Mortier, Artillerie, &c.

Pour le rebond ou ressaut des armes à feu, voyez Rebond : voyez aussi Poudre à Canon, Boulet, Canon , &c.

On trouve dans les Mémoires de l’Académie royale de l’année 1707, le détail de quelques expériences faites par M. Cassini avec des armes à feu différemment chargées. Il observe entr’autres choses, qu’en chargeant la piece avec une balle plus petite que son calibre, avec de la poudre dessus & dessous, il se fait un bruit violent, sans que la balle reçoive la moindre impulsion de la part de la poudre. Il prétend que c’est en cela que consiste le secret de ceux qui se disent invulnérables, ou à l’épreuve des armes à feu. (Q)

* Armes, (exercice des) Hist. anc. partie de la Gymnastique ; les Romains l’inventerent pour perfectionner l’art militaire. Le soldat se couvroit de ses armes, & se battoit contre un autre soldat, ou contre un poteau : les membres devenoient ainsi souples & vigoureux ; le soldat en acqueroit de la légerete & l’habitude au travail. Nos exercices ont le même but & les mêmes avantages.

Armes, (Hist. mod.) arma dare, donner les armes, signifie dans quelques anciennes chartres, armer quelqu’un chevalier.

Arma deponere, mettre bas les armes ; c’étoit une peine que l’on imposoit autrefois à un militaire qui avoit commis quelque crime ou faute considérable. Les lois d’Henri I. le condamnoient à cette peine, qui est encore en usage parmi nous dans la dégradation de noblesse, où l’on brise les armes du coupable.

Arma mutare, échanger les armes, étoit une cérémonie en usage pour confirmer une alliance ou amitié ; on en voit des traces dans l’antiquité, dans l’Iliade, lorsque Diomede & Glaucus, après avoir combattu l’un contre l’autre, se jurent amitié, & changent de cuirasse ; Diomede donne la sienne, qui n’étoit que d’airain, à Glaucus, qui lui rend en échange une cuirasse d’or ; d’où est venu le proverbe, échange de Diomede, pour signifier un marché dans lequel une des parties a infiniment plus d’avantage que l’autre.

Arma moluta, étoient des armes blanches fort pointues ; Fleta les appelle arma emolita.

Arma reversata, armes renversées, étoit une cérémonie en usage, lorsqu’un homme étoit convaincu de trahison ou de félonie. V. Degradation. (G)

Armes assomptives, en terme de blason, sont celles qu’un homme a droit de prendre en vertu de quelque belle action. En Angleterre un homme qui n’est pas gentilhomme de naissance, & qui n’a point d’armoiries, si dans une guerre légitime, il peut faire prisonnier un gentilhomme, un pair, ou un prince, acquiert le droit de porter les armes de son prisonnier, & de les transmettre à sa postérité : ce qui est fondé sur ce principe des lois militaires, que le domaine des choses prises en guerre légitime passe au vainqueur. (V)

Armes, ce terme s’employe en escrime de la maniere suivante : on dit, tirer dans les armes, c’est allonger un coup d’épée entre les bras de l’ennemi, ou, ce qui est la même chose, du côté gauche de son épée. Tirer hors les armes, c’est allonger un coup d’épée hors des bras de l’ennemi, ou, ce qui est le même, du côté droit de son épée. Tirer sur les armes, c’est porter un coup d’estocade à l’ennemi, dehors ou dans les armes, en faisant passer la lame de l’épée par-dessus son bras. Tirer sous les armes, c’est porter une estocade à l’ennemi, dehors ou dans les armes, en faisant passer la lame de l’épée par-dessous son bras.

Armes qu’on applique en or sur les livres ; ces armes doivent être gravées sur un morceau de cuivre fondu, taillé en ovale ou en rond ; il doit y avoir par derriere deux queues courtes, d’une force proportionnée à la grandeur du morceau, lesquelles queues servent à tenir le carton avec lequel on les monte. Voyez Pl. II. de la reliûre, fig. S. On applique ces armes des deux côtés du volume sur le milieu, par le moyen d’une presse. Planche II. fig. 1.

Armé, adj. terme de Blason ; il se dit des ongles des lions, des griffons, des aigles, &c. comme aussi des fleches, dont les pointes sont d’autre couleur que le fut. Il se dit encore d’un soldat & d’un cavalier, comme celui des armes de Lithuanie.

Bertrand de la Perouse & Chamosset, dont il y a eu plusieurs présidens au sénat de Chambery, d’or au lion de sable, armé, lampassé & couronné de gueules.

Armé en guerre, (Marine.) c’est-à-dire équipé & armé pour attaquer les vaisseaux ennemis.

Un vaisseau armé moitié en guerre & moitié en marchandise, est celui qui outre l’équipage nécessaire pour le conduire, a encore des officiers, des soldats, des armes & des munitions propres pour l’attaque & la défense. La plûpart des vaisseaux marchands qui font des voyages de long cours, sont ainsi armés ; ce qui diminue beaucoup le profit.

On ne peut armer un vaisseau en guerre sans commission de l’amiral : celui qui l’a obtenue, est obligé de la faire enregistrer au greffe de l’amirauté du lieu où il fait son armement, & de donner caution de la somme de 15000 livres, laquelle est reçûe par le lieutenant de l’amirauté, en présence du procureur du Roi. Articles I. & II. du tit. 9. du liv. III. de l’ordonnance de la Marine, du mois d’Août 1681.

Armé en cours ou en course. Voyez Course. (Z)

ARMÉE, s. f. (Art milit.) est un nombre considérable de troupes d’infanterie & de cavalerie jointes ensemble pour agir contre l’ennemi. Cette définition regarde les armées de terre. On peut définir celles de mer, qu’on appelle armées navales, la réuion ou l’assemblage d’un grand nombre de vaisseaux de guerre qui portent des troupes destinées à agir contre les vaisseaux ennemis. Voyez Flotte, Vaisseau, &c.

On comprend dans ce qui compose l’armée, l’artillerie, c’est-à-dire le canon & les autres machines de guerre, en usage dans l’attaque & la défense.

« Toutes les troupes d’une armée étant divisées en escadrons & en bataillons, ces différens corps de cavalerie & d’infanterie peuvent être considérés comme les élémens de l’armée, de même que les