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les Impériaux pourront faire passer leurs marchandises sur des sacques Turques en Tartarie, en Crimée, &c. que les vaisseaux de l’Empire pourront aborder sur la Méditerranée dans tous les ports de Turquie ; qu’ils seront libres d’établir des Consuls, des Agens, &c. partout où les Alliés de la Porte en ont déjà, & avec les mêmes prérogatives ; que les effets des marchands qui mourront ne seront point confisqués ; qu’aucun marchand ne sera appellé devant les Tribunaux Ottomans, qu’en présence du Consul Impérial ; qu’ils ne seront aucunement responsables des dommages causés par les Maltois ; qu’avec passeport ils pourront aller dans toutes les villes du Grand-Seigneur où le commerce les demandera : enfin que les marchands Ottomans auront les mêmes facultés & priviléges dans l’Empire.

* ALLEMANDS, s. m. ce peuple a d’abord habité le long des rives du Danube, du Rhin, de l’Elbe, & de l’Oder. Ce mot a un grand nombre d’étymologies, mais elles sont si forcées, qu’il vaut presqu’autant n’en savoir aucune que de les savoir toutes. Cluvier prétend que l’Allemand n’est point Germain, mais qu’il est Gaulois d’origine. Selon le même auteur, les Gaulois, dont Tacite dit qu’ils avoient passé le Rhin & s’étoient établis au-delà de ce fleuve, furent les premiers Allemands. Tout ce que l’on ajoûte sur l’origine de ce peuple depuis Tacite jusqu’à Clovis, n’est qu’un tissu de conjectures peu fondées. Sous Clovis, les Allemands étoient un petit peuple qui occupoit la plus grande partie des terres situées entre la Meuse, le Rhin, & le Danube. Si l’on compare ce petit terrein avec l’immense étendue de pays qui porte aujourd’hui le nom d’Allemagne, & si l’on ajoûte à cela qu’il y a des siecles que les Allemands ont les François pour rivaux & pour voisins, on en saura plus sur le courage de ces peuples, que tout ce qu’on en pourroit dire d’ailleurs.

ALLEMANDE, s. f. (Musique.) est une sorte de piece de Musique, dont la mesure est à quatre tems, & se bat gravement. Il paroît par son nom que ce caractere d’air nous est venu d’Allemagne : mais il est vieilli, & à peine les Musiciens s’en servent-ils aujourd’hui ; ceux qui l’employent encore lui donnent un mouvement plus gai. Allemande est aussi une sorte de danse commune en Suisse & en Allemagne ; l’air de cette danse doit être fort gai, & se bat à deux tems. (S)

ALLER de l’avant, (Marine.) c’est marcher par l’avant ou la proue du vaisseau.

Aller en droiture. (Marine.) Voyez Droiture.

Aller à bord. (Marine.) Voyez Bord.

Aller au cabestan. (Marine.) Voyez Cabestan.

Aller à la sonde. (Marine.) Voyez Sonde.

Aller à grasse bouline, (Marine.) c’est cingler sans que la bouline du vent soit entierement halée. Voyez Bouline grasse.

Aller au plus près du vent, (Marine.) c’est cingler à six quarts de vent près de l’aire ou rumb d’où il vient ; par exemple, si le vent est nord, on pourroit aller à l’ouest-nord-ouest, & changeant de bord à l’est-nord-est.

Aller proche du vent, approcher le vent, (Marine.) c’est se servir d’un vent qui paroît contraire à la route, & le prendre de biais, en mettant les voiles de côté par le moyen des boulines & des bras.

Aller de bout au vent, (Marine.) se dit d’un vaisseau qui est bon boulinier, & dont les voiles sont bien orientées, de sorte qu’il semble aller contre le vent, ou de bout au vent. Un navire travaille moins ses ancres & ses cables, lorsqu’étant mouillé il est de bout au vent, c’est-à-dire qu’il présente la proue au lieu d’où vient le vent.

Aller vent largue, (Marine.) c’est avoir le vent

par le travers, & cingler où l’on veut aller sans que les boulines soient halées.

Aller entre deux écoutes, (Marine.) c’est aller vent en poupe.

Aller au lof, (Marine.) Voyez Lof.

Aller à la bouline. (Marine.) Voyez Bouline.

Aller à trait & à rame. (Marine.) Voyez Rame.

Aller à la dérive. (Marine.) Voyez Derive & Deriver. Se laisser aller à la dérive ; aller à Dieu & au tems ; à mâts & à cordes ou à sec, c’est serrer toutes les voiles & laisser voguer le vaisseau à la merci des vents & des vagues ; ou bien c’est aller avec toutes les voiles & les vergues baissées à cause de la fureur du vent.

Aller avec les huniers, à mi-mât. (Marine.) Voyez Hunier.

Aller terre à terre, (Marine.) c’est naviger en côtoyant le rivage. Voyez Ranger la coste. (Z)

Aller en traite. Voyez Traite.

Aller à l’épée, (Escrime.) on dit d’un escrimeur qu’il bat la campagne, qu’il va à l’épée, quand il s’ébranle sur une attaque, & qu’il fait de trop grands mouvemens avec son épée pour trouver celle de l’ennemi. C’est un défaut dans un escrimeur d’aller à l’épée, parce qu’en voulant parer un côté, il en découvre un autre.

Aller, (Manége.) se dit des allures du cheval ; aller le pas, aller le trot, &c. Voyez Allures. On dit aussi en terme de Manége, aller étroit, lorsqu’on s’approche du centre du Manége : aller large, lorsqu’on s’en éloigne : aller droit à la muraille, c’est conduire son cheval vis-à-vis de la muraille, comme si l’on vouloit passer au-travers. On dit en termes de Cavalerie, aller par surprise, lorsque le cavalier se sert des aides trop à coup, de façon qu’il surprend le cheval au lieu de l’avertir ; aller par pays, signifie, faire un voyage, ou se promener à cheval ; aller à toutes jambes, à toute bride, à étripe cheval, ou à tombeau ouvert, c’est faite courir son cheval aussi vîte qu’il peut aller. On dit du cheval, aller par bonds & par sauts, lorsqu’un cheval par gaieté ne fait que sauter, au lieu d’aller une allure réglée. Cette expression a une autre signification en terme de Manége. Voyez Sauter. Aller à trois jambes, se dit d’un cheval qui boite ; aller de l’oreille, se dit d’un cheval qui fait une inclination de tête à chaque pas. (V)

Aller de bon tems, terme des Véneurs ; l’on dit les véneurs alloient de bon tems, lorsque le Roi arriva, ce qui signifie qu’il y avoit peu de tems que la bête étoit passée.

Aller d’assurance, se dit de la bête, lorsqu’elle va au pas, le pié serré & sans crainte.

Aller au gagnage, se dit de la bête fauve, (le cerf, le dain, ou le chevreuil) lorsqu’elle va dans les grains pour y viander & manger ; ce qui se dit aussi du lievre.

Aller de hautes erres, se dit d’une bête passée il y a sept ou huit heures ; ce lievre va de hautes erres.

Aller en quête, se dit du valet de limier lorsqu’il va aux bois pour y détourner une bête avec son limier.

Aller sur soi, se sur-aller, se sur-marcher, se dit de la bête qui revient sur ses erres, sur ses pas, en retournant par le même chemin qu’elle avoit pris.

Aller en galée, terme d’Imprimerie. Voyez Galée.

ALLEU, (franc) s. m. Jurisprud. fief possédé librement par quelqu’un sans dépendance d’aucun Seigneur. Voyez Allodial. Le mot alleu a été formé des mots alodis, alodus, alodium, aleudum, usités dans les anciennes lois & dans les anciens titres, qui tous signifient terre, héritage, domaine ; & le mot franc, marque que cet héritage est libre & exempt de tout domaine. Mais quelle est l’origine de ces mots Latins eux-mêmes ? C’est ce qu’on ne sait point.