L’Encyclopédie/1re édition/SONDE
SONDE, détroit de la, (Géog. mod.) détroit célebre de la mer des Indes, entre les îles de Sumatra & de Java, sous les 5 & 6 degrés de latitude méridionale. (D. J.)
Sonde, îles de la, (Géog. mod.) îles de la mer des Indes, situées autour de l’équateur, & au couchant des Moluques. Elles s’étendent depuis le 8 deg. de latit. sept. jusqu’au 8 de lat. mérid. & depuis le 138. deg. de long. jusqu’au 158. Les principales de ces îles sont Sumatra, Java & Bornéo ; leurs peuples tiennent beaucoup du naturel, de la façon de vivre, & du langage de ceux de la terre-ferme de Malaca, ce qui fait conjecturer qu’elles ont été peuplées par les Malayes. Les Hollandois font le principal commerce de ces îles. (D. J.)
Sonde, s. f. (Machine hydraul.) la sonde dont on se sert pour sonder un terrein dans l’eau, est tantôt une perche de bois qu’on divise en piés, au bout de laquelle on scelle un poids de plomb convenable si le courant de l’eau le demande ; tantôt c’est un boulet de canon attaché au bout d’une corde, divisée pareillement par piés ; par ce moyen on leve le profil de la riviere.
Pour sonder au-dessous de l’eau le gravier ou le sable qu’on y trouve, & examiner où commence le terrein solide, on emploie une autre espece de sonde.
Cette sonde est de fer, elle a en tête pour couronnement un gros anneaux, au-travers duquel on passe le bras d’une tariere pour la tourner. Elle a au-dessus une tête pour pouvoir la battre & la faire entrer jusqu’à un fond de consistance qu’on a trouvé au-dessous du gravier ; & en la tournant à plusieurs reprises, elle emporte dans ses barbelures quelques échantillons du terrein de consistance qu’elle a rencontré, par où l’on juge de la nature de ce terrein.
Il y a des sondes pour la construction des ponts, qui sont encore faites d’une autre maniere.
Elles ont une petite poche au bout en forme de coquille de limaçon, laquelle ne prend pas du sable en la tournant d’une certaine façon, mais prend du terrein au-dessous du sable où on la pousse, en la tournant d’un autre sens : ces sortes de sondes pour être plus sûres, doivent être toutes d’une piece.
Quand le gravier est trop gros, & qu’il s’y rencontre de gros cailloux, que les sondes ordinaires ne peuvent écarter, pour lors on se sert d’un gros pieu de chêne arrondi, de 5 ou 6 pouces de diametre, suivant la profondeur du terrein & la rapidité de l’eau ; on arme ce pieu d’une lardoire au bout pour pouvoir écarter les cailloux, & d’une frète ou chaperon à la tête pour pouvoit résister aux coups de la massue avec laquelle on enfonce la sonde. (D. J.)
Sonde de terre, instrument très-vanté pour pénétrer profondement dans les entrailles de la terre, connoître la nature des lits qui la composent, & trouver des eaux. Le détail des opérations faites pour forer la fontaine du fort de Saint-François, commencées le 8 Mai, & achevées le 2 Août 1751, nous informeront & du méchanisme de cette sonde, de son usage & de son utilité.
L’emplacement de la fontaine étant déterminé, on fit une excavation de 12 piés de diametre par le haut réduite à 8 piés par le bas, & de 4 piés de profondeur. On s’apperçut que la nature du terrein annonçoit un sable bouillant qui devient très-liquide aussitôt qu’il est découvert. Il se rencontre ordinairement dans toute la Flandres à 5, 6 ou 7 piés de profondeur. On fit promptement au centre de ce déblai une ouverture de 18 pouces en quarré, & d’environ 2 piés de profondeur ; on y fit entrer le premier coffre. Ces coffres sont formés par un assemblage de quatre planches de bois d’orme de 16 à 18 pouces de largeur, (Voy. les fig.) de 2 à 3 pouces d’épaisseur, & de 8, 9 ou 10 pouces de longueur au plus. Ces quatre planches doivent laisser entr’elles un vuide de 12 pouces en quarré, & être posées de façon que la largeur de l’une recouvre alternativement l’épaisseur de l’autre. Par cet arrangement, l’effort que la terre, le sable, & les cailloux font en-dedans du coffre, & qui tend à les écarter, trouve une résistance qu’il ne peut surmonter qu’en faisant plier tous les clous qui les assemblent ; on se contente dans le pays de clouer deux planches larges sur deux étroites. On a vû souvent résulter de grands inconvéniens de cette méthode ; celle qu’on a suivie doit paroître préférable ; on arrange d’abord trois planches, comme il a été dit ci-dessus. Puis on les cloue l’une sur l’autre de 8 en 8 pouces avec des clous barbés de 6 pouces de longueur ; on pose ensuite à la moitié de leur longueur, & en-dedans un quarré de fer de 12 à 14 lignes de largeur, sur 4 lignes d’épaisseur ; on en place deux autres à 1 pié ou environ des extrémités ; on les fait perdre dans l’épaisseur des planches ; on fait trois rainures dans l’épaisseur de la quatrieme, pour recevoir ces quarrés, & on la cloue sur les trois autres. Ensuite on pose trois quarrés de fer en-dehors : celui du milieu est de deux pieces qu’on rejoint par des charnieres & des clavettes, on en met un second à l’une des extrémités, & le troisieme à 6 pouces de l’autre. Ces 6 pouces sont destinés à porter le sabot qui doit être de quatre pieces bien trempées par leur tranchant, & bien recuites ; il faut avoir attention que le talon de ce sabot porte précisement contre le milieu de l’épaisseur des planches : le coffre est préparé en-dedans de son autre extrémité en forme d’emboîtement pour recevoir celui qui le suivra, qui doit être travaillé, ainsi que les autres qu’on emploie avec les mêmes sujettions que le premier, à cela près qu’au lieu du sabot, ils sont diminués quarrément sur 6 pouces de longueur pour entrer dans l’emboîtement de ceux sur lesquels ils sont posés. On ne peut apporter trop de soins à la construction de ces coffres ; on ne doit pas s’en rapporter aux ouvriers, il faut que quelqu’un d’intelligent examine si les planches sont de même largeur, de même épaisseur ; si ces épaisseurs sont d’équerre sur les largeurs ; si elles ne sont ni ventelées, ni roulées, ou si elles n’ont point quelqu’autre défaut ; enfin, si leur assemblage forme un vuide quarré. Après ces précautions, le coffre étant achevé, on trace sur deux de ses côtés des lignes de milieu, dont on fera connoître l’utilité. Il n’est pas possible dans un mémoire de l’espece de celui-ci de suivre le travail, sans expliquer la façon & l’usage des instrumens qu’on met en œuvre ; on prie le lecteur de trouver bon qu’on continue comme on a commencé.
On a laissé le premier coffre enfoncé de 2 piés ; on lui met ce qu’on appelle communément un bonnet, (voyez les fig.) c’est une piece de bois travaillée de façon qu’elle porte sur le haut du coffre & sur le bas de l’emboîtement ; il faut que la partie qui recouvre le haut du coffre soit d’équerre sur celle qui entre dedans, & que tous ses points portent, s’il est possible, sur tous ceux de l’assemblage. Ce bonnet doit excéder le coffre d’un pié & demi à 2 piés, pour porter le choc de la hie ou du mouton qu’on fait ensuite agir à petits coups, afin de donner à deux charpentiers, qui dans le cas présent étoient appliqués avec des plombs aux lignes de milieu dont on a parlé, la facilité de redresser le coffre & de le faire descendre, suivant une direction perpendiculaire. Il descendit de trois piés, après quoi il refusa d’entrer ; on mit la grande tariere en œuvre, on retira 4 piés d’un sable bouillant de la même espece que le premier qu’on avoit découvert ; le fond devint fort dur ; on se servit d’une petite tariere ; on la fit entrer de 2 piés & demi ; on retira du sable couleur d’ardoise qui étoit fort serré en sortant du coffre ; mais qui s’ouvroit & se réduisoit en eau aussi-tôt qu’il étoit à l’air.
Les tarieres dont on vient de parler, sont des especes de lanternes de tole forte ; la grande a environ 8 pouces de diametre, & la petite 4 pouces : elles sont couvertes par le haut, afin que l’eau qui est dans les coffres, & qui paroît aussitôt que le sable bouillant, ne fasse pas retomber par son poids, lorsqu’on les retire, ce dont elles sont chargées : après les avoir fait passer dans une manivelle, on les monte sur des barreaux de seize lignes de grosseur, au moyen d’une espece de charniere traversée par deux boulons quarrés portant une tête à une de leurs extrémités & une vis à l’autre sur laquelle on monte des écroux qu’il faut serrer avec prudence, pour ne pas forcer la vis que la filiere a déja tourmentée : les deux écroux ne doivent pas être placés du même côté de la charniere, afin de donner la facilité à deux hommes de les monter & démonter ensemble ; ils ont pour cela chacun un tourne vis qui doit avoir assez de force d’un côté pour chasser les boulons dans les trous des charnieres, lorsqu’ils font résistance ; l’autre est diminué sur sa longueur, & sert à faire rencontrer les trous des charnieres, en le passant dedans. On descend ensuite l’instrument ; le barreau coule au-travers de la manivelle qui est appuyée sur le coffre, & lorsqu’il est au fond, on releve cette manivelle à une hauteur convenable pour la tourner aisément ; on y assure le barreau avec un coin qu’on chasse fortement dans sa mortaise dans laquelle ce barreau ne doit présenter que trois à quatre lignes, & avoir une entaille particuliere pour le reste de sa grosseur. Il porte à son extrémité un étrier qui tient au crochet du cable de l’engin ; ce crochet doit tourner très-librement dans sa chape, afin de ne pas faire tordre le cable ; on couvre le coffre de deux planches épaisses qui s’y emboîtent fortement, & qui laissent entr’elles une ouverture ronde pour y passer le barreau, & le contraindre par-là à se maintenir dans une direction constante.
Après la petite tariere, on se servit de la grande, & on perfectionna ce que la premiere avoit commencé, on retira du sable de la même espece que le précédent ; on remit le bonnet sur le coffre, & on le fit descendre de 18 pouces en dix volées de hie ; on le vuida, on présenta un second coffre ; on lui mit le bonnet & on laissa descendre légérement la hie, pour l’assurer dans son enboitement ; on lui en donna ensuite deux volées de trente coups chacune ; après quoi on joignit les deux coffres par huit molles bandes qui sont des pieces de fer plat d’environ 16 lig. de largeur, de 3 à 4 lig. d’épaisseur & de 2 piés & demi à 3 piés de longueur. On en cloue deux sur chaque côté des coffres près des angles, moitié de leur longueur sur l’un & moitié sur l’autre ; il ne faut point arrêter ces molles-bandes, qu’on ne soit sûr que les quarrés qui se trouvent à la rencontre des coffres sont bien affermis, & que les planches ne peuvent plus prendre de rebroussement sous le coup de la hie, sans quoi le moindre affaissement feroit sauter toutes les têtes des clous qui tiennent les molles-bandes ; c’est ce qu’on a cherché à prévenir, en faisant donner soixante coups de hie avant de les clouer.
On battit vigoureusement le second coffre : les Charpentiers ayant toujours leurs plombs à la main, il descendit de 2 piés en vingt volées de vingt coups chacune. On employa un troisieme coffre, & on établit un échafaudage pour se mettre à hauteur de pouvoir manœuvrer aisément de dans ; on y descendit la petite tariere, & on la porta jusqu’à 3 piés au-dessous du sabot du premier coffre, on la retira ; on mit la grande en œuvre, on fit agir la hie ; & enfin on recommença alternativement ces manœuvres jusqu’à vingt-un piés de profondeur, où les instrumens ne trouverent plus de prise ; on y conduisit les coffres, qui comme eux, refuserent d’aller plus bas ; on employa une langue de serpent, on la fit entrer d’un pié, & on reconnut qu’elle étoit dans un banc de cailloux ; l’eau monta considérablement dans les coffres, & s’y mit de niveau avec celle d’un puits qui en étoit à 5 toises ; on eut la curiosité d’examiner le rapport de la hauteur des eaux du fossé du fort avec celles-ci, on les trouva de niveau : jusque-là, on n’étoit sûr de rien, le hasard pouvant y avoir part ; deux jours après, on baissa celles du fossé de 2 piés ; celles du puits & des coffres baisserent, & tout se remit de niveau ; on peut conclure avec bien de la vraissemblance que l’eau du puits dont la garnison faisoit usage, étoit la même que celle des fossés : cette eau étoit extrèmement crue, dure, pesante ; parce que passant au-travers de gros cailloux qui laissent beaucoup d’espace entr’eux, elle ne pouvoit acquérir d’autres qualités, qualités qui occasionnoient beaucoup de maladies.
Après avoir reconnu avec la langue de serpent la nature du fonds, on employa un instrument qu’on nomme dans le pays une tulipe, qui ne fit aucun effet ; on en fit faire un nouveau dont on tira un très-bon parti. Il porte par le bas une langue de serpent suivie d’une espece de vis sans fin dont les filets sont très-forts & bien trempés ; cette vis est surmontée d’un assemblage de barreaux forgés triangulairement, espacés l’un de l’autre, & posés obliquement ; en sorte qu’extérieurement ils présentent un de leurs angles ; le tout forme un cône renversé dont la base a huit pouces de diametre ; les parties qui la composent sont soudées sur un barreau de seize lignes de grosseur qui porte lui-même la langue de serpent par le bas. On le mit en œuvre ; après quelques tours de manivelle, on sentit qu’il brisoit les cailloux ; mais ils lui résisterent bientôt au point d’arrêter six hommes. Il faut prendre garde en pareil cas que les ouvriers ne s’opiniâtrent point à surmonter l’obstacle, ils romproient les charnieres ou les barreaux. Il ne provient que de la position de quelques gros cailloux qui se présentent en même tems à l’instrument par leur point de plus grande résistance : il faut dans cette occasion faire bander le cable, relever les barreaux de cinq à six pouces par un mouvement très-lent, & faire faire en même tems trois ou quatre tours à la manivelle en sens contraire ; on la tourne ensuite à l’ordinaire, en faisant lâcher le cable insensiblement ; les cailloux prennent entr’eux un arrangement différent, & on parvient à les briser. Cette manœuvre paroît aisée ; elle est cependant assez difficile à faire exécuter avec précision : on continua à tourner la manivelle, on ne trouva plus la même difficulté ; mais l’instrument n’avança que très-lentement ; on parvint cependant à le faire entrer de toute sa longueur, on le retira en faisant détourner la manivelle pour le dégager & lui donner plus de facilité à remonter, on trouva l’espace que les petits barreaux forment entr’eux, rempli de morceaux de cailloux, qui faisoient juger que dans leur entier ils devoient avoir quatre, cinq & six pouces de grosseur. On chassa le coffre : il entra de six pouces en vingt vollées de trente coups ; on redescendit l’instrument, & on le mena à un pié plus bas qu’il n’avoit été ; on le retira rempli comme la premiere fois ; on battit le coffre, il descendit de quatre pouces ; l’outil n’ayant que huit pouces de diametre par le haut, ne lui frayoit qu’une partie de son chemin que le sabot tâchoit d’achever ; on sentit qu’à mesure qu’on descendoit, les cailloux étoient plus serrés les uns contre les autres ; on fit un second instrument sur le modele à-peu-près du premier. On l’employa, & on le fit descendre aussi bas qu’il fut possible ; on le retira rapportant avec lui des morceaux de cailloux proportionnés à sa capacité ; on retourna au grand instrument, on le couronna d’un cylindre de tôle de douze pouces de hauteur & d’un diametre un peu moindre que le sien. On travailla jusqu’à ce qu’on crût que le haut de ce cylindre étoit recouvert par les graviers de six à huit pouces, on le retira plein de cailloux entiers, de morceaux & de beaucoup de petits éclats. On continua les mêmes manœuvres pendant treize jours, & on perça enfin ce banc qui avoit onze piés d’épaisseur. On eut grande attention à bien vuider le coffre avant d’entamer le terrain au-dessous qu’on avoit reconnu avec la langue de serpent être du sable bouillant. On fit ici une faute sur la parole des gens du pays qui assuroient que ce sable se soutenoit fort bien ; malgré le peu de disposition qu’on avoit à les croire, on se laissa séduire, quoique d’un autre côté il y eût grande apparence que le sable dont on avoit vu l’échantillon, étoit du véritable sable bouillant, il parut très-ferme dans le commencement ; on se servit alternativement de la grande & de la petite tariere, on descendit à huit piés au-dessous des coffres ; on les battit, ils entrerent assez aisément de près de deux piés ; & comme ils commençoient à refuser, on ne les pressa pas. On employa la petite tariere qui s’arrêta au pié des coffres, quoiqu’avant elle la grande tariere fût descendue beaucoup plus bas ; on sentit des cailloux, & on jugea que le chemin qu’on avoit fait jusques-là étoit rempli ; le sable des côtés extérieurs du coffre s’étoit détaché, & avoit coulé, les cailloux qui étoient immédiatement au-dessus l’avoient suivi, & avoient comblé l’ouverture que les tarieres avoient faite. On se mit en devoir de les retirer ; mais il en retomboit à mesure qu’on en tiroit ; on ne pouvoit pas les briser, comme on avoit fait auparavant ; parce que, lorsqu’ils étoient pressés par les instrumens, ils se logeoient dans le sable & se déroboient à leurs efforts ; enfin, on en diminua le nombre, & ils cesserent de retomber. Lorsqu’on eut fait descendre le coffre de quatre piés, apparemment que le sabot ayant retrouvé un peu de ferme, leur avoit fermé le passage, les mouvemens du coffre en avoient cependant encore sait descendre. On mit tous les instrumens en œuvre ; la grande tarriere faisoit un assez bon effet ; elle les enveloppoit dans le sable dont elle se chargeoit ; on ne put cependant pas si bien s’en défaire, qu’on n’en trouvât encore à plus de cent piés de profondeur. Il étoit aisé d’éviter ces inconvéniens ; il falloit, lorsque le coffre fut arrivé sur le sable, le frapper avec vigueur, le faire descendre de deux piés ou deux piés & demi ; retirer deux piés de sable du dedans ; recommencer à le frapper de même ; le vuider & continuer. Il est vrai que l’ouvrage est long, parce que les coffres n’entrent pas aisément ; mais on travaille en sûreté, & on n’a pas le desagrément d’être persécuté par les cailloux, & de voir dans un moment combler l’ouvrage de quatre jours.
La premiere couche qu’on rencontra, étoit d’un sable bouillant gris, tirant sur le verd, de 11 piés d’épaisseur : la seconde, d’un sable bouillant gris d’ardoise, dans lequel l’on étoit entré de 8 piés, lorsque les coffres refuserent absolument de descendre ; on les battit toute une journée sans qu’ils fissent le moindre mouvement : on travailla pendant trois jours avec la petite & la grande tariere, on essaya de les faire descendre, mais ce fut inutilement : on alla en avant avec les instrumens ; on se trouva en cinq jours à 10 piés au-dessous du sabot des coffres : ces 10 piés furent tout-à-coup remplis, & le sable remonta de 9 piés dans les coffres. Si malheureusement les instrumens avoient été a fond pendant ce mouvement, il auroit été très-difficile de les retirer. On fut obligé en pareil cas, à Aire, il y a quarante ans, d’abandonner 80 piés de barreaux : on reprit les tarieres, & on fut près de huit jours à se remettre au point où on étoit : on jugea par la longueur de ce travail, que le sable couloit le long des coffres, & qu’il remplaçoit celui qu’on tiroit : on sonda avec la langue de serpent, qui rencontra la terre glaise à 3 piés au-dessous des 10 piés où on en étoit, par conséquent à 13 piés des coffres ; ce fut une bonne découverte, on reprit courage, & on fit avancer la grande tarriere, qu’on rétiroit souvent par précaution ; on sentit dans un moment, qu’elle pesoit plus qu’à l’ordinaire, on la remonta très-promptement, non sans difficulté, parce qu’elle étoit déja recouverte du sable qui avoit fait un mouvement & qui s’étoit reporté jusques dans les coffres : on se trouva fort heureux dans cette circonstance, de leur avoir donné 12 pouces de creux ; ils n’en ont ordinairement que 8 dans le pays, parce qu’on n’y trouve communément que 12 à 13 piés de ce sable bouillant, & il y en avoit 33 ici : on avoit bien réfléchi sur la façon de rémédier aux inconvéniens, mais on ne vouloit la mettre en usage qu’à la derniere extrémité : comme on vit cependant qu’on perdoit beaucoup de tems, & qu’il étoit inutile de porter la curiosité plus loin sur la nature de ce terrein, on tâcha de retirer le sable jusqu’à 3 piés près de la terre-glaise, & on introduisit sur le champ de nouveaux coffres dans les premiers, ils avoient 8 pouces & de vuide, un pouce & d’épaisseur, & 18 piés de long. Cette grande dimension n’est ici d’aucune conséquence : ces coffres n’ayant que peu d’effort à soutenir ; ils étoient d’ailleurs maintenus dans les grands, qu’ils passerent de 3 piés sans violence & à la main : on leur mit un bonnet, on les battit, ils descendirent jusqu’au point où on avoit porté les instrumens, & ils refuserent : ces coffres n’ont point d’emboîtement, on les joint simplement par des molles-bandes : on descend le premier, en passant, à 18 pouces de son extrémité, un boulon de fer, au milieu duquel on porte le crochet du cable ; on le présente dans le grand coffre, & on l’y laisse couler jusqu’à ce que le boulon porte sur ses côtés : on dégage le crochet, on en prend un second par son boulon, on le présente sur celui-ci : on le joint, comme il a été dit, par des molles-bandes, on les souleve ensemble pour dégager le premier boulon, & on les laisse descendre jusqu’au second, ainsi de suite.
Les tarieres ramenerent bien le sable qui étoit jusque sur la glaise, mais elles ne purent l’entamer, parce qu’elle se colloit à leurs meches, qui dans le moment ne mordoient plus. On fit un nouvel instrument, qu’on connoîtra mieux par la figure que par l’explication qu’on pourroit en donner : on l’employa ; mais comme on sentit que le sable recommençoit à couler, on le retira : on descendit la grande tariere, on trouva que non-seulement il avoit comblé ce que le premier instrument avoit fait, mais qu’il étoit remonté de 5 piés dans les petits coffres : on soupçonna que tous ces mouvemens occasionnoient un affaissement, qui devoit se communiquer jusqu’aux terres qui entouroient le haut des coffres : on leva les madriers qui couvroient le fond du premier déblai, ils n’étoient plus soutenus que par leurs extrémités : on trouva effectivement le terrein baissé de cinq piés le long des coffres, formant un cone renversé de 8 piés de diametre. Jusque-là on ne s’en étoit pas apperçu, parce que dès le commencement de l’ouvrage, le haut du déblai avoit été couvert, pour la facilité des manœuvres ; on connut enfin toute la fluidité du sable bouillant, on répara avec la grande tariere, le mal qu’il avoit fait, & on chassa les coffres jusqu’à un pié & demi dans la glaise. On suppute qu’on avoit été obligé de retirer plus de 90 piés cubes de sable, au-delà du volume dont les coffres occupoient la place : on reprit le nouvel instrument, & on ne fut pas trompé dans l’espérance où l’on étoit, qu’on ne rencontreroit plus les difficultés que l’on avoit eû à surmonter : on perça un lit de 10 piés, d’une terre-glaise couleur d’ardoise, mêlée d’un peu de sable ; on entra ensuite dans une terre séche, dure, & plus claire en couleur que la précédente ; on la prend dans le pays pour du tuf, ce n’est cependant qu’une glaise ; celle-ci avoit 14 piés d’épaisseur : on étoit arrêté de tems-en-tems par de gros cailloux, mais enfin l’instrument les forçoit à se ranger de côté dans les terres, & lorsqu’il les avoit passé, s’ils retomboient, ils étoient obligés de remonter avec lui, parce qu’il remplissoit exactement, au moyen de la terre dont il se chargeoit, le tuyau, pour ainsi dire, qu’il avoit fait : on retira de cette façon, de près de 80 piés de profondeur, des cailloux qui pesoient jusqu’à cinq livres : ils n’étoient pas tous noirs en dedans, comme les premiers. On entra ensuite dans un lit de 18 piés de glaise noire, mêlée d’un peu de sable d’une odeur désagréable : on en fit sécher quelques petites parties, on les brûla, elles rendirent une flamme violette, & une très-forte odeur de soufre : on passa de-là dans un lit de 11 piés d’épaisseur, d’une terre fort grasse, mêlée de beaucoup de veines & de petits morceaux d’une espece de craie blanche, qui tenoit de la nature de la marne à laquelle on croyoit toucher ; mais on trouva encore un lit de 12 piés, d’une glaise bleue fort grasse, sans aucune des marques qu’avoit la précédente : à 10 piés de là on sentit dans une glaise noire de la résistance sous l’instrument, & quelque chose qui s’écrasoit : on le retira, & on en trouva le bout plein d’une terre blanche, & de petits graviers qui ordinairement ne sont pas des marques équivoques : on sonda avec la langue de serpent, & on connut qu’on avoit rencontré la véritable marne.
Comme on ne fera plus d’usage des gros barreaux dont on s’est servi jusqu’à présent, on s’arrêtera un moment pour expliquer la façon de les descendre & de les remonter, lorsqu’il y en a, comme ici, une quantité d’employée. Tous ces barreaux doivent être percés à 2 ou 3 piés de leurs extrémités ; si on ne veut les remonter & les descendre qu’un à un, la manœuvre est facile, mais elle est longue ; pour les descendre & les remonter deux à deux, en les supposant premierement tous descendus, il faut les enlever au moyen du treuil, jusqu’au trou qui est au-dessus de la premiere charniere, dans lequel on fait passer un boulon de fer qui porte un étrier : ce boulon s’appuie sur la manivelle qui est posée sur le coffre : on dégage, en secouant le cable, le crochet de l’étrier qui est à l’extrémité du barreau, on reprend celui-ci, on leve tout jusqu’au trou qui est au-dessous de la seconde charniere, on y passe un boulon avec son étrier, & on démonte les deux barreaux ensemble. On fait à peu-près la même manœuvre pour les descendre : on descend le premier seul, & on le remonte de même, pour avoir la facilité de nettoyer les instrumens qu’il porte, on l’arrête au trou qui est au-dessous de son extrémité supérieure : on passe le crochet du cable dans un étrier qu’on place au trou qui est au-dessus de la charniere qui joint deux autres barreaux, on les enleve, & on les monte sur ce premier : on leve les trois barreaux ensemble, pour avoir la facilité de dégager l’étrier qui porte sur la manivelle, on les laisse couler jusqu’à celui qui est au-dessus ; alors un homme, monté sur une petite échelle, en passe un nouveau dans le trou qui est au-dessous de l’extrémité des barreaux : il y met le crochet du cable : on dégage celui qui est sur la manivelle sur laquelle on fait descendre celui-ci : on prend deux autres barreaux, comme il a été dit, on les monte avec les vis & les écrous sur la partie qui sort du coffre, & on continue. Si les barreaux sont plus longs que le poinçon de l’engin, on les fait passer dans un cercle de fer qui est à l’extrémité de l’étourneau ; on peut de cette façon les descendre & les remonter 3 à 3, on gagne par-là beaucoup de tems. Si les deux barreaux ensemble, avec la partie de celui qui sort du coffre, sont plus courts que le poinçon, on les accroche par leur extrémité, on les descend & on les remonte aisément 2 à 2. Il faut avoir grand soin, chaque fois qu’on démonte les barreaux, de faire passer un petit ballet avec de l’eau, dans les trous des charnieres, de laver les vis & les écrous, parce qu’il s’y introduit du sable qui en ruine bientôt les filets.
On s’est arrêté à la marne ; il fut question de mettre les buises en œuvre ; ces buises sont des pieces de bois de chêne de 6 ou 7 pouces d’équarrissage, percées d’un bout à l’autre sur 3 pouces de diametre : on ne leur donne que 9 à 10 piés de longueur, afin d’éviter de les percer à la rencontre, comme parlent les ouvriers, c’est-à-dire, percer la moitié de la longueur par un bout, & l’aller rencontrer par l’autre : ce qui ne manque pas de former un angle qui, quoique fort obtus, ne laisse pas que d’occasionner à l’eau un frottement qu’il est à propos d’éviter le plus qu’il est possible : ces buises étant percées, on en abat les angles, & pour les éprouver, on ferme exactement une de leurs extrémités, on les emplit d’eau par l’autre, jusqu’aux trois quarts, on la presse fortement avec un refouloir, on examine de près si l’eau ne pénetre pas en dehors, on les retourne, & on fait la même manœuvre pour le quart qui n’a pas été éprouvé ; on est sûr par cette précaution, autant qu’on peut l’être, qu’elles sont sans défaut : après ces précautions, on fait entrer, à un pié de l’extrémité de la premiere qu’on doit descendre, deux fortes vis en bois, qui ne pénetrent qu’à trois quarts de pouce, on y accroche un grand étrier qui tient au cable, on l’enleve, & on le laisse descendre jusqu’à ce que ces vis portent sur deux tasseaux qui s’appuient sur les coffres, & dont l’épaisseur ne doit point empêcher qu’on ne dégage l’étrier : on prend une seconde buise, qui est garnie de ses vis, on la présente sur la premiere, elle porte un emboîtement & un cercle de fer dans son épaisseur, dont elle retient la moitié de la largeur, & l’autre moitié entre, au moyen de quelques coups de maillet, dans celle de la premiere buise : on a garni les jointures en dedans, avec de la filasse goudronnée, on les garnit de même en dehors, sur 5 à 6 pouces de hauteur, on les couvre d’une lame de plomb, clouée de très-près, on y attache des molles-bandes, on leve tout, pour démonter les premieres vis & les laisser descendre jusqu’aux secondes : quoique ces vis ne pénetrent point dans l’intérieur des buises, il faut avoir la précaution de boucher les trous qu’elles ont faits, avec un bouchon de liege goudronné, qu’on y fait entrer avec force. La premiere buise doit être délardée, & garnie d’un sabot de fer : on en ajusta, l’une sur l’autre, de la façon qu’il a été dit, jusqu’à ce qu’on sentît que le sabot portoit sur la marne, dans laquelle on les fit descendre de 2 piés à petits coups de hie, afin de ne pas déranger les molles-bandes ni les jointures. On raccourcit les buises à la hauteur des coffres, & on y introduisit une petite tariere, montée sur des barreaux d’un pouce de grosseur ; elle descendit jusque sur la marne qui étoit entrée dans les buises : on sentit qu’elle rencontroit de la résistance, on la retira avec quelque peu de gravier blanc & transparent, on se servit d’un petit instrument, qui lui ôta toute difficulté : on la redescendit, on la fit entrer d’un pié : on la retira pleine de gravier, & d’une marne grasse, blanche, & collante : on vuida la buise, & on alla avec le même instrument jusqu’à deux piés au-dessous du sabot, on sentit du ferme qu’il ne put entamer, on reprit le petit instrument, qui entra fort aisément : les barreaux dont on se servit, n’avoient qu’un pouce de grosseur : on ne pouvoit pas, de peur de les affoiblir, y faire des trous pour y passer des étriers, comme à ceux qui avoient 16 lignes : au-lieu de cela, on les arrêtoit avec le coin dans la manivelle, soit en les descendant, soit en les remontant : cette manivelle portoit sur deux tasseaux qui tenoient au coffre, & qui l’élevoient assez haut pour que le coin qu’on y frappoit, ne touchât point aux buises : on faisoit sortir ce coin, lorsqu’on vouloit mettre les barreaux en liberté, soit pour les descendre ou les remonter : on les prenoit d’ailleurs à telle hauteur qu’on vouloit, avec un instrument qui étoit attaché au cable de l’engin que les ouvriers nomment le diable.
On retira le petit instrument qui avoit percé un lit de gravier de 5 à 6 pouces ; on redescendit la petite tariere, qui revint toujours remplie de marne, jusqu’à 5 piés de profondeur, où il se trouva un autre lit de gravier. Le petit instrument lui fraya de nouveau son chemin, & on continua à la faire entrer. Elle descendit de 4 piés : on finit la journée. Un ouvrier couvrit la buise avec le bonnet. Le lendemain, à la pointe du jour, il alla le lever ; il sortit un bouillon d’eau qui étonna. Elle parut se mettre de niveau avec l’orifice de la buise ; elle conservoit cependant un mouvement qu’on ne put appercevoir qu’en mettant un petit morceau de papier sur la superficie. On descendit la petite tariere qui fut arrêtée à 20 piés près de la profondeur où l’on avoit été auparavant. On reprit le petit instrument qui perça une espece de tampon de plus d’un pié d’épaisseur de terre, de bois, de cloux & de tout ce que l’eau du fond avoit eu la force de chasser. Jusque-là on en fut d’autant plus surpris, que la petite tariere & le petit instrument n’avoient rien ramené de pareil. Peut-être ces matieres s’étoient-elles rangées de côté, & que l’eau qui commençoit à s’élever les avoit forcées à remonter avec elle, & n’avoit cependant pas eu la force de les conduire plus haut. Il ne faut pas s’étonner si l’instrument tient quelquefois très-fortement dans les buises : il forme avec la marne qui s’y colle extérieurement, & celle dont il se charge par-dessus en remontant, une espece de piston. On se sert, pour le soulager, d’un tourne-à-gauche, avec lequel on tourne & détourne les barreaux ; la marne qui l’enduit extérieurement se délaie : l’eau de dessous se communique à celle de dessus, & la difficulté cesse.
L’obstacle étant levé, l’eau commença à couler avec assez de force ; on continua à se servir alternativement de la tariere & du petit instrument jusqu’à 25 piés de profondeur. On rencontra encore dans cette marche des lits de gravier, & on s’apperçut que l’eau augmentoit sensiblement à mesure qu’on les perçoit. On mesura la quantité qu’il en sortoit par le haut des buises qu’on trouva être d’un pouce & , ou 20 pintes de Paris par minute. On voulut mal-à-propos en tirer un plus gros volume ; on redescendit le petit instrument : on ne lui eut pas fait faire quatre tours, que les barreaux se rompirent à 74 piés de profondeur, & en abandonnerent 81 piés dans le fond. La consternation des anciens serviteurs du roi & des ouvriers fut dans ce moment très-grande ; on chercha à les rassurer : on fit faire un instrument extrèmement simple : on le descendit avec les 74 piés de barreaux qu’on avoit retirés : on le joignit à ceux qui étoient dans le fond ; il les saisit avec tant de force, & l’instrument qui étoit engagé dans la marne tenoit si fort, que deux hommes appliqués au treuil de l’engin en rompirent le cable sans qu’il quittât prise : on envoya chercher une chevre à l’arsenal ; dès le premier coup de levier l’eau devint blanche : on jugea que l’instrument avoit fait un mouvement dans le fond ; au deuxieme coup de levier, les barreaux monterent de 4 pouces ; & au troisieme tout fut dégagé. On reprit le cable de l’engin, & on retira les barreaux cassés au grand contentement des spectateurs. On ne jugea pas à propos de s’exposer une seconde fois à un accident de cette nature, d’autant moins que la quantité d’eau dont on étoit sûr suffisoit pour le fort S. François. Elle est augmentée, & donne aujourd’hui premier Décembre 35 pintes par minute mesure de Paris.
Sonde de mer, ou Plomb de sonde, (Marine.) c’est une corde chargée d’un gros plomb, autour duquel il y a un creux rempli de suif, que l’on fait descendre dans la mer, tant pour reconnoître la couleur & la qualité du fond, qui s’attache au suif, que pour savoir la profondeur du parage où l’on est. Ce dernier article est susceptible de beaucoup de difficultés quand cette profondeur est considérable.
On dit être à la sonde, lorsqu’on est en un lieu où l’on peut trouver le fond de la mer avec la sonde ; aller à la sonde, lorsqu’on navige dans des mers ou sur des côtes dangereuses & inconnues, ce qui oblige d’y aller la sonde à la main ; venir jusqu’à la sonde, quand on quitte le rivage de la mer, & qu’on vient jusqu’à un endroit où l’on trouve fond avec la sonde ; & enfin on dit que les sondes sont marquées, & cela veut dire que les brasses ou piés d’eau sont marqués sur les cartes, près des côtes.
Sonde, (terme de Mineur.) le mineur se sert d’une sonde à tariere pour agrandir le trou, lorsqu’il veut crever les galeries par quelque bombe, ou gargouge chargée ; c’est ce qu’il exécute en enfonçant la lombe dans les trous, & en maçonnant ensuite l’ouverture de même qu’aux fourneaux. (D. J.)
Sonde, est un instrument de Chirurgie dont on se sert pour examiner & sonder l’état des blessures, ulceres & autres cavités.
Il y a des sondes de différentes figures suivant leurs différens usages. La sonde pour les plaies & les ulceres, est une verge de fer, d’acier ou d’argent très polie, longue tout au plus de cinq pouces & demi, mousse & boutonnée par ses extrémités, afin qu’elle ne blesse pas les parties dans lesquelles on l’introduit. La plus menue s’appelle stilet, stilus. Elle est de la grosseur d’une aiguille à tricoter ; une de ses extrémités se termine en poire ou en olive, l’autre est un peu mousse. Sa matiere est ordinairement d’argent. On a coutume de la faire recuire pour la plier facilement, & lui donner une figure convenable aux sinuosités ou détours des plaies & des ulceres. Voyez fig. 5. Pl. I. Les autres sondes sont plus ou moins grosses, suivant le besoin. Quelques-unes sont percées par un bout, comme les aiguilles, pour passer les setons : quelques stilets le sont aussi. L’usage des sondes est pour faire connoître la profondeur, l’étendue, le trajet des plaies & des ulceres, leur pénétration jusqu’aux os, les parties qui ont été offensées, les sinuosités des fistules, les clapiers qui s’y rencontrent, les fractures qu’il peut y avoir, les corps étrangers qui y sont engagés, la carie des os, &c.
Dans les plaies d’armes à feu, la sonde doit être terminée par un bouton olivaire, gros comme l’extrémité du petit doigt, afin de ne point suivre ou faire de fausses routes dans les déchiremens qui accompagnent ces sortes de plaies.
Il y a des sondes cannelées, c’est-à-dire creusées en gouttiere dans toute leur longueur, arrondies du côté opposé. La cannelure doit être très-unie, & un peu plus large dans son commencement. La pointe doit être fermée, de façon que l’extrémité d’un bistouri ne puisse pas passer l’obstacle qu’oppose l’arête qui est à l’extrémité de la sonde. Le manche est une espece de trefle ou de cœur applati, ou une piece plate fendue, pour faire une fourchette propre à maintenir le filet de la langue quand on le veut couper aux enfans. Les sondes cannelées servent de conducteur aux instrumens tranchans pour aggrandir les plaies & les ulceres sinueux ou fistuleux. Voyez la figure 4 & 5. Pl. II. La figure 4. sert de tire-balle.
La sonde aîlée ou gardienne des intestins dans les hernies avec étranglement, est très-commode pour servir à la dilatation de l’anneau de l’oblique externe, ou du ligament de l’arcade crurale, qui produisent cet étranglement. C’est une sonde cannelée comme la précédente, que M. Petit a faite couder aux deux tiers de sa longueur ; sous le coude est soudée une plaque en forme de cœur, large d’un pouce, longue de deux. Les deux côtés de cette plaque représentent les aîles de la sonde. Quand on a introduit cet instrument qui sert de conducteur au bistouri, la plaque dont la pointe doit être enfoncée jusque dans l’ouverture, couvre les intestins & les garantit du tranchant du bistouri. Voyez la figure 14. Pl. III.
Les sondes pour la vessie sont particulierement appellées algalies, voyez Algalie.
La sonde pour l’opération de la taille, voyez Catheter.
La sonde de poitrine est la même dont on se sert pour sonder la vessie des femmes, voyez Algalie. L’usage de cette sonde à la poitrine, est d’évacuer le sang & les autres matieres liquides epanchées dans cette cavité, d’y faire des injections, &c. Voyez la fig. 1. Pl. X.
Il y a encore une espece de sonde qui sert à découvrir la carie des dents : elle est crochue, faite d’acier, longue d’environ trois pouces & demi ; son milieu qui est ordinairement taillé à pans sert de manche ; ses deux extrémités sont rondes, & vont en diminuant se terminer en une pointe un peu mousse ; chacune d’elles est légerement recourbée à contre sens. C’est avec l’une de ces pointes qu’on examine la carie & sa profondeur. Voyez la figure 7. Planche XXV. (Y)
Sonde, (Comm.) instrument qui sert à sonder & à connoître la qualité ou la connoissance de quelque chose.
Les commis des barrages des villes où l’on paye quelques droits, & ceux des bureaux d’entrées & sorties du royaume ont différentes sondes pour reconnoître si dans les marchandises qui passent à leurs bureaux, & dont on leur paye les droits, il n’y en auroit pas quelqu’autre plus précieuse, ou de contrebande.
Les sondes des commis pour les entrées du vin sont en forme d’une longue broche de fer, emmanchée dans du bois, qu’ils fourrent dans les chariots chargés de paille ou de foin, & autres choses semblables, dans lesquelles on pourroit cacher un tonneau ou baril.
Les autres sondes sont à proportion semblables, mais convenables à la qualité des matieres qu’on veut sonder. Dict. de Comm. & de Trévoux.
Sonde, s. f. (terme de Chaircutier.) ils nomment de la sorte une longue aiguille d’argent, dont ils se servent pour sonder les jambons, langues de bœufs, & autres viandes crues ou cuites, qu’il leur est permis de vendre & débiter. (D. J.)
Sonde, s. f. (terme d’Eventailliste.) c’est une longue aiguille de laiton qui leur sert à ouvrir les papiers, pour y placer les fleches de la monture d’un éventail. (D. J.)