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Jésus-Christ disait : « C’est mon Père qui vous donne le pain » ; ils ne dirent pas ; Priez-le de nous le donner, mais : Donnez-nous ce pain. Cependant Jésus-Christ n’avait pas dit C’est moi qui le donne, mais : « C’est mon a Père qui le donne ». Toutefois, leur avide gloutonnerie leur fait penser qu’il pouvait leur donner le pain. Dès lors, comment pouvaient-ils encore s’offenser, et cela, en s’entendant dire que c’était son Père qui le donnait ? Quelle est donc la cause de leur colère Entendant qu’ils n’auraient plus à manger, ils ne le croient plus, et ils couvrent leur incrédulité du prétexte qu’il disait des choses trop élevées. Voilà pourquoi Jésus dit : « Vous m’avez vu, et vous ne me croyez point », double allusion et aux miracles et au témoignage des Écritures : « Car, ce sont-elles », dit-il, « qui rendent témoignage de moi » (Jean 5,39) ; et : « Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ». (Id. 43) ; et : « Comment pouvez-vous croire, vous qui recherchez la gloire que vous vous donnez les uns aux autres ? » (Id. 44)
« Tous ceux que mon Père me donne viennent à moi : et je ne jetterai point dehors celui qui vient à moi (37) ». Ne voyez-vous pas que le divin Sauveur m’oublie rien pour le salut des hommes ? Au reste, il a ajouté cela, de peur qu’il ne parût agiter des questions curieuses et inutiles, et parler témérairement. Et que dit-il ? « Tous ceux que mon Père me donne viendront à moi, et je les ressusciterai au dernier jour (40) ». Pourquoi Jésus parle-t-il de la résurrection, à laquelle participeront les pécheurs et les méchants, et en parle-t-il comme d’un don et d’une grâce qui est proprement pour ceux qui croient ? Parce qu’il ne l’entend pas simplement de la résurrection générale, mais spécialement de la résurrection bienheureuse. Car ayant dit auparavant : « Je ne le jetterai point » ; et « je n’en perdrai aucun (39) », il parle ensuite de la résurrection. En effet, dans la résurrection générale, les uns sont rejetés, ainsi qu’il le dit : « Prenez celui-là et jetez-le dans les ténèbres extérieures ». (Mt. 22,13) Les autres périssent, comme le déclarent ces paroles : « Craignez plutôt celui qui a le pouvoir de jeter dans l’enfer et l’âme et le corps ». (Lc. 12,5) C’est pourquoi, voici ce que signifient ces mots : « Je donne la vie éternelle : ceux qui auront fait de mauvaises œuvres sortiront » des tombeaux pour ressusciter à leur, condamnation ; mais ceux qui en auront fait de bonnes en sortiront pour ressusciter à la vie ». (Jn. 5,29) Ici donc Jésus-Christ parle de cette résurrection, qui est pour les bons.
Enfin, que veut dire le Sauveur par ces paroles : « Tous ceux que mon Père me donne viendront à moi ? » il blâme les Juifs de leur incrédulité : il fait connaître que celui qui ne croit point en lui, désobéit à son Père. Toutefois, il ne le dit pas ouvertement, mais il le fait assez entendre : on aperçoit même qu’il le fait partout, pour montrer que ceux qui ne croient point, non seulement l’offensent lui-même, mais encore son Père. Si c’est la volonté du Père que son Fils sauve tout le monde, et si c’est pour cela que son Fils est venu dans le monde, ceux qui ne croient point sont rebelles à sa volonté. Lors donc que mon Père conduit quelqu’un, dit-il, rien ne l’empêche de venir à moi. Il continue ensuite d’expliquer sa parole, et il dit : « Personne ne peut venir à moi, si mon Père ne l’attire (44) ». Et cependant saint Paul déclare que « c’est lui qui les donne au Père : lorsqu’il aura remis son royaume à son Dieu et au Père ». (1Cor. 15,24) Comme donc le Père, lorsqu’il donne, ne se prive point de ce qu’il donne ; de même aussi le Fils, lorsqu’il a remis à son Père, né s’est privé de rien. Au reste, il est dit que le Fils donne au Père, parce que « c’est par lui que nous avons accès vers le Père ». (Eph. 2,18).
3. Ce mot : « Par lequel », l’Écriture le dit aussi du Père, comme dans ce passage : « Par « lequel vous avez été appelés à la société de son Fils » (1Cor. 1,9), c’est-à-dire par la volonté du père. Et encore : « Vous êtes bienheureux, Simon, fils de Jean parce que ce n’est point la chair et le sang qui vous ont révélé ceci ». (Mt. 2,17) En cet endroit, Jésus-Christ insinue à peu près ce que je vais dire : croire en moi ce n’est pas peu de chose, et on a besoin pour cela du secours de la grâce du ciel. Partout le Sauveur établit et confirme cette vérité ; enseignant que l’âme courageuse qui est attirée de Dieu, a besoin de la foi.
Mais quelqu’un dira peut-être : Si tous ceux que le Père vous donne vont à vous, si tous ceux aussi qu’il attire vont à vous, et si personne ne peut venir à vous, s’il ne lui a été