grand cœur, car ce n’est point une servitude, mais un état meilleur que la liberté. « Celui-là est esclave », dit l’Écriture, « qui commet le péché ». (Jn. 8,34)
« Si quelqu’un donne un enseignement « différent, et n’acquiesce point aux pures doctrines de Notre-Seigneur Jésus-Christ et à la science qui est conforme à la piété, c’est un orgueilleux qui ne sait rien ». Ce n’est donc pas la science qui conduit au vertige de l’orgueil, c’est l’ignorance. Car celui qui connaît la doctrine conforme à la piété, sait parfaitement se modérer ; celui qui connaît les saines doctrines n’a pas l’esprit malade. Ce qu’est l’inflammation pour les corps, l’orgueil l’est pour les âmes ; nous ne pouvons pas plus dire d’un orgueilleux que d’un homme souffrant d’une inflammation, qu’il se porte bien. Mais est-il donc possible de ne rien savoir en sachant quelque chose ? Oui, car celui qui ne sait pas ce qu’il doit savoir, ne sait rien ; et l’on voit ici manifestement que l’arrogance naît de l’ignorance. Le Christ s’est anéanti ; celui qui sait cela ne s’enflera jamais ; car l’homme n’a rien qu’il ne tienne de Dieu ; il ne s’enfle donc pas. « Qu’avez-vous que vous n’ayez reçu ? » (1Cor. 4,7) Le Christ lui-même a lavé les pieds de ses disciples ; qui donc, sachant cela, pourra se gonfler d’orgueil ? C’est pourquoi il a dit : « Quand vous aurez tout accompli, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles ». (Lc. 17,10) Le publicain a été loué, seulement pour son humilité, et le pharisien s’est perdu par son arrogance. Celui donc qui s’enorgueillit ne sait rien de tout cela. Le Christ a dit aussi : « Si j’ai mal parlé, rendez-en témoignage ; si j’ai bien parlé, pourquoi me frappez-vous ? » (Jn. 18,23) L’apôtre dit : « Mais qui a la maladie des recherches ». Rechercher ces choses, c’est donc être malade ; « et des disputes de mots » ; oui, sans doute ; car lorsque les raisonnements ont donné la fièvre à une âme, lorsqu’elle est agitée, elle cherche ; lorsqu’elle est en santé, elle ne cherche point, elle accepte la foi. La recherche et les disputes de mots ne conduisent à rien. Car ce que la foi seule annonce, quand la recherche veut se charger de le découvrir, elle ne nous le fait pas voir et ne nous le laisse pas comprendre. Si quelqu’un veut trouver, en fermant les yeux, un objet qu’il cherche, ou si, les tenant ouverts, il s’ensevelit dans une fosse et détourne son regard du lieu de ses recherches, il ne pourra rien trouver. C’est ainsi qu’en dehors de la foi, rien ne se découvre, mais il naît inévitablement des troubles. – « D’où naissent les blasphèmes, les soupçons mauvais » ; c’est-à-dire les opinions et les doctrines perverses qui proviennent de ces recherches ; alors, en effet, nous soupçonnons au sujet de Dieu ce qu’il ne faut pas. « Les froissements », c’est-à-dire les exercices inutiles de la parole. Ou peut-être encore veut-il dire que, comme les brebis galeuses communiquent leur mal à celles qui sont saines, il en est de même des hommes pervers.
« Éloignés de la vérité, confondant le gain et la piété ». Vous voyez combien de malheurs l’apôtre nous dit produits par les disputes de mots : l’avidité honteuse pour le gain, l’ignorance, l’orgueil, qui est enfanté par l’ignorance elle-même. – Éloignez-vous de ces hommes, ne vous rencontrez point avec eux. « Évitez l’hérétique, après une première et une seconde réprimande ». (Tit. 3,10) Il nous montre que leur ignorance-même vient surtout de leur négligence. Pourrez-vous persuader des hommes qui luttent pour des richesses ? Non, vous ne le pourrez qu’en leur donnant encore, et même ainsi vous ne contenterez point leurs désirs. « L’œil de l’homme cupide est insatiable ; il ne se contente point d’un résultat partiel ». (Sir. 14,9) Il faut donc se détourner de ceux qui sont incorrigibles. Mais s’il avertit celui qui se trouvait dans la nécessité de lutter, de ne pas se rencontrer avec ces hommes et de ne pas se lier avec eux, combien plus nous, qui sommes au rang des simples disciples.
Et comme il a dit que ces hommes confondent le gain et la piété, il ajoute : « Oui, c’est « un grand gain que la piété, avec la modération dans les désirs » ; non lorsqu’on possède des richesses, mais lorsqu’on n’en possède pas. Car, afin que son disciple ne tombe pas dans l’abattement à cause de sa pauvreté, il le relève et le soutient. « Ils la confondent avec le gain ». Oui, c’en est un, mais d’une autre et meilleure nature. Ayant abaissé l’un de ces avantages, il exalte l’autre. Le gain d’ici-bas n’est rien : il demeure sur la terre, il ne nous suit pas, il n’émigre point avec nous. Qu’est-ce qui le prouve ? C’est que nous sommes venus, dans la vie sans rien avoir ; nous devon ; donc en partir sans rien emporter ; nu est
Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/352
Cette page n’a pas encore été corrigée