dessinent sa force, puisqu’il est tout entier en tout lieu, et n’a point de limite. L’œuvre de son Verbe est l’œuvre de sa sagesse, et l’œuvre de sa main celle de sa puissance. « Or, le Christ est la puissance de Dieu, comme la sagesse de Dieu[1] ; et c’est par lui que tout a été fait, et rien n’a été fait sans lui[2] ». Les cieux donc ont raconté la gloire de Dieu, la redisent encore et la rediront toujours. Oui, ils chanteront la gloire de Dieu, ces cieux, ou plutôt ces saints qui sont élevés au-dessus de la terre, qui portent le Seigneur, qui font retentir ses préceptes et briller sa sagesse ; ils raconteront cette gloire du Seigneur qui nous a sauvés malgré notre indignité. Il reconnaît cette indignité, ou la gloire dont nous ne sommes pas dignes, ce fils le plus jeune, que presse l’indigence ; il reconnaît cette indignité, ce jeune homme qui s’éloigne de son père, pour adorer les démons et faire paître les pourceaux ; il reconnaît la gloire de Dieu, mais quand l’indigence le presse. Et comme cette gloire nous a faits ce que nous n’étions pas dignes d’être, il dit à son père : « Je ne suis pas digne d’être appelé votre fils[3] ». Il est dans le malheur, et l’humilité lui obtient le bonheur ; et il s’en montre digne parce qu’il s’en confesse indigne. Telle est « la gloire de Dieu, qu’annoncent les cieux, cet l’œuvre de ses mains, que prêche le firmament ». Ce ciel firmament, c’est le cœur du juste dans sa force, étranger à la crainte. Ces œuvres donc ont été prêchées parmi les impies, parmi les antagonistes de Dieu, parmi ces hommes épris du monde et persécuteurs des justes ; oui, dans ce monde frémissant de rage, Mais que pouvait le monde avec sa rage, quand c’était le firmament qui les prêchait ? « Le firmament prêche », et que prêche-t-il ? « Les œuvres de ses mains ». Quelles sont, les œuvres de ses mains ? Cette gloire de Dieu qui nous a sauvés, et qui nous a créés dans les bonnes œuvres. « Car c’est par lui, et non par nous-mêmes[4], que nous sommes non seulement hommes, mais justes », si tant est que nous soyons justes.
4. « Le jour parle au jour, et la nuit instruit la nuit[5] ». Qu’est-ce à dire ? On comprend facilement peut-être : « Le jour parle au jour », aussi facilement et aussi clairement que le jour. Mais « que la nuit instruise la nuit », voilà qui est ténébreux comme la nuit. Ce jour qui parle au jour, c’est le saint qui parle aux saints, l’Apôtre aux fidèles, le Christ aux Apôtres, et qui leur dit : « Vous êtes la lumière du monde[6] ». Voilà qui paraît clair et facile à comprendre. Mais comment « la nuit peut-elle instruire la nuit ? ». Quelques-uns l’ont pris à la lettre, et c’est peut-être le vrai sens ; selon eux, la science que les Apôtres ont recueillie de Jésus-Christ pendant son séjour sur la terre, ils l’ont transmise à leurs successeurs de siècle en siècle. Le jour parle donc au jour, et la nuit à la nuit ; le premier jour au jour suivant, la première nuit à la nuit qui succède ; parce que cette doctrine est annoncée jour et nuit. Celui-là peut se contenter de cette explication si simple qui la trouve suffisante. Mais l’obscurité de certains passages des saintes Écritures a eu cet avantage de produire plusieurs interprétations. Si donc ces paroles étaient claires, vous n’y trouveriez qu’un sens unique ; et parce qu’il est obscur, vous en entendrez plusieurs. On explique autrement : « Le jour parle au jour et la nuit à la nuit », c’est-à-dire l’esprit à l’esprit, et la chair à la chair. Puis encore : « Le jour qui parle au jour », figurerait l’homme spirituel parlant à ceux qui vivent selon l’esprit ; et « la nuit à la nuit », l’homme charnel aux hommes charnels. Les uns et les autres entendent cette parole, mais ne la goûtent pas également, Pour les uns, c’est une parole prêchée ; pour les autres, une science que l’on annonce. Car prêcher n’a lieu que pour ceux qui sont présents, annoncer pour ceux qui sont éloignés. On pourrait trouver aux cieux d’autres significations, mais le peu de temps qui nous reste, nous force d’en rester là ; donnons toutefois une explication, que plusieurs ont donnée comme une conjecture. Selon eux, quand Notre-Seigneur Jésus-Christ parlait aux Apôtres, le jour parlait au jour ; et quand Judas trahissait le Christ, la nuit donnait la science à la nuit.
5. « Il n’est point d’idiome, point de langage, dans lequel cette voix ne se fasse entendre[7] ». De qui cette voix, sinon des cieux qui racontent la gloire de Dieu ? « li n’est « point d’idiome, point de langage, dans lequel cette voix ne se fasse entendre ». Lisez, dans les actes des Apôtres, comment ils furent
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