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comme une vierge chaste pour vous présenter au Christ votre unique Époux. Mais je crains, poursuit-il, que, comme le serpent séduisit Ève par son astuce ». Ce serpent fit-il perdre à Ève sa chasteté corporelle ? Non, mais il corrompit en elle la virginité du cœur. « Je crains que vos âmes ne se flétrissent et ne perdent la chasteté qu’on trouve dans le Christ[1] ». Ainsi l’Église est vierge ; oui, elle est vierge et qu’elle reste vierge. Qu’elle prenne garde au séducteur, pour ne trouver pas en lui de corrupteur. L’Église est vierge. Tu vas me dire : Si elle est vierge, comment met-elle au monde des enfants ? Et si elle n’en met pas ait monde, comment nous sommes-nous enrôlés afin de trouver dans son sein une nouvelle naissance ? – Je réponds : L’Église est vierge et mère en même temps. En cela elle imite Marie, la Mère du Seigneur. Est-ce que la sainte Vierge Marie n’est pas devenue Mère, tout en restant Vierge ? Ainsi en est-il de l’Église, vierge et mère tout à la fois. À voir même de près, elle aussi est mère du Christ, puisque ceux qui reçoivent le baptême sont ses membres. « Vous êtes, dit l’Apôtre, le corps et les membres du Christ[2] ». Si donc l’Église enfante ainsi les membres du Christ, n’a-t-elle pas avec Marie la plus grande ressemblance ?

8. « La rémission des péchés ». Si cette grâce n’était dans l’Église, il faudrait désespérer ; on ne pourrait espérer ni la vie future, ni l’éternelle délivrance, s’il n’était pas possible dans l’Église d’obtenir la rémission des péchés. Grâces donc au Seigneur qui a accordé cette faveur à son Église. Vous allez approcher des fonts sacrés, être purifiés par le baptême, recevoir une vie nouvelle dans le bain salutaire de la régénération ; et en sortant vous serez sans péché. Tous les péchés qui vous menaçaient y auront disparu ; ils ressembleront aux Égyptiens qui s’élancèrent contre les Israélites et qui les poursuivirent jusqu’à la mer Rouge seulement[3]. Jusqu’à la mer Rouge ? Qu’est-ce à dire ? Jusqu’aux fonts consacrés par la croix et par le sang du Christ : En effet ce qui est rouge est ce qui paraît tel. Or, ne vois-tu pas comme semble rouge tout ce qui appartient au Christ ? Ouvre les yeux de la foi. En regardant la croix, n’y vois-tu pas du sang ? Peux-tu contempler Celui qui y est suspendu sans penser en même temps à ce qu’il y a versé, quand son côté fut ouvert avec une lance et que notre rançon en découla[4] ? Voilà pourquoi on marque du signe, de la croix le baptême, c’est-à-dire l’eau qui sert à l’administrer, et c’est ainsi que vous traversez en quelque sorte la mer Rouge. Vos péchés sont comme vos ennemis ; ils vous poursuivent, mais jusqu’à la mer seulement ; et lorsque vous y serez entrés, vous en sortirez, mais eux y resteront : c’est ainsi que les Israélites traversant la mer à pieds secs, les Égyptiens furent engloutis sous les eaux. Que dit l’Écriture ? « Il n’en resta pas un seul[5] ». Tes péchés sont-ils en grand ou en petit nombre, graves ou légers ? Il n’en reste pas un seul. Cependant, comme il nous faut vivre dans ce monde, où nul n’est exempt de péché, les péchés ne se remettent pas seulement aux fonts sacrés du baptême, mais encore ils s’effacent par la prière dominicale et quotidienne qu’on vous apprendra dans huit jours. Elle sera pour vous comme un baptême quotidien, et vous rendrez sûrement grâces à Dieu d’avoir donné à son Église cette faveur que nous reconnaissons dans le Symbole, lorsqu’après avoir dit : « La sainte Église », nous ajoutons : « La rémission des péchés ».

9. Vient ensuite « La résurrection de la chair », et c’est la fin. Mais ce sera une fin sans fin que la résurrection de la chair. Il n’aura plus alors pour cette chair ni mort, ni angoisses, ni faim, ni soif, ni affliction, ni vieillesse, ni lassitude. Ne redoute donc pointa résurrection de la chair. Vois les biens dont jouira cette chair et oublie les maux qu’elle souffre. Non, il n’y aura plus rien alors des misères dont elle se plaint aujourd’hui. Nous serons éternels, les égaux des anges de Dieu[6] ; nous formerons avec ces saints anges une même société ; Dieu nous possédera, nous serons son héritage et lui-même sera le nôtre ; aussi lui disons-nous dès maintenant : « Le Seigneur est ma portion d’héritage[7] » ; et lui-même a dit de nous à son Fils : « Demande-moi, et je te donnerai les nations pour héritage[8] ». Ainsi nous serons à la fois propriétaires et propriété, nous retiendrons et on nous retiendra. Aujourd’hui même ne sommes-nous pas cultivés en même temps que nous cultivons ?

  1. 2Co. 11, 2-3
  2. 1Co. 12, 27
  3. Exo. 14
  4. Jn. 19, 34
  5. Psa. 105, 11
  6. Mat. 22, 30
  7. Psa. 15, 5
  8. Id. 2, 8