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17. « Et sur ma paupière est venue l’ombre de la mort. » Je veux arriver à la lumière, et je me sens arrêté par les habitudes coupables.
19. « Que la terre ne recouvre pas le sang de mes veines. » C’est-à-dire, si ma prière n’a pas été pure, à cause de mes désirs charnels, que la terre amoncelée ne recouvre pas le lien de ma mortalité ; c’est ce qu’il désigne par le mot « sang », comme s’il disait : qu’un malheur plus grand que ces désirs coupables, celui d’un péché volontaire, ne tombe pas sur moi : ce péché nous porte la nature condamnée à mort. « Et que mes cris soient étouffés. » Que ma prière demeure privée de mérites.
20. « Et maintenant j’ai dans le ciel un témoin. » Il semble parler de Notre-Seigneur, qui n’était pas encore descendu sur la terre. « Et au plus haut des cieux celui qui connaît mon « cœur », parce qu’il doit partager ma condition mortelle.
22. « Que l’homme entre en jugement avec son Dieu. » Que le Seigneur vienne, et que l’homme lui soit comparé, comme saint Jean avec le Christ. Une telle comparaison fera clairement ressortir toute la différence entre l’homme le plus parfait et le Dieu fait homme. « Comme le fils de l’homme vers son semblable : » comme le Seigneur dans son humanité vers celui qui était tombé entre les mains des voleurs[1].
23. « Les années qui m’avaient été comptée me sont arrivées. » Et le Christ me secourra à la plénitude des temps[2]. « Et j’entre dans une voie par laquelle jamais je ne reviendrai. » Celle du renoncement au monde.

CHAPITRE XVII. – Exhortations à ses faux amis ; la mort est l’objet de son désir


1. «Defeci agitatus spiritu. » Voici l’ordre de cette phrase : l’esprit en moi s’est éteint : Defeci spiritu; brisé que j’étais parle travail, laboribus concussus. – « Je désire être mis au tombeau, et je ne suis point exaucé ; » afin que la mort soit anéantie par la vie. Nous gémissons sous le poids de ce corps, ne voulant pas en être dépouilles, mais recevoir par-dessus un nouveau vêtement[3] : c’est-à-dire nous préférons changer plutôt que de mourir ; mais l’homme éprouve en vain ce désir, la mort est pour lui une dette à laquelle le péché l’a condamné.
2. « J’unis la prière au travail, et qu’ai-je fait ? » J’ai fait quelque chose, puisque j’ai été exaucé.« Les étrangers m’ont dépouillé de mes biens. » L’immortalité dont il fut dépouillé est figurée par celui que les voleurs laissèrent à demi-mort.
3. « Quel est-il ? » Celui qui doit me secourir ; il veut parler de notre Seigneur : et il dit : « Quel est-il ? » Car il sera tellement confondu avec les autres hommes, qu’à peine on pourra le reconnaître. « Qu’à ma main il soit attaché », par le lien de la charité ; qu’il me protège et me conduise où il lui plaît.
4. « Vous avez fermé leur cœur à la sagesse ; » vous les avez empêchés de le reconnaître. « C’est pourquoi vous ne les glorifierez point. » Ils ne se sont point humiliés, c’est la cause de leur aveuglement, et ils n’ont pu être exaltés dans l’humilité du Christ.
5. « Une partie a reçu les maux en partage. » Une partie en. Israël a été frappée d’aveuglement [4] ; c’est.oubien parce qui le regardaient comme mauvais ce que le Christ leur avait annoncé, au point de dire : « Il séduit la multitude[5];» ou bien parce que les prophéties, qui prédirent à Israël son aveuglement, ne s’accomplirent point dans tout le peuple, mais seulement en une partie. « Et les yeux de ses enfants se sont obscurcis. » Ceux que les prodiges confondaient, et à qui il fut dit : « Si c’est au nom de Béelzébud que je chasse les démons, au nom de qui vos enfants les chassent-ils[6]. »
6. « Vous m’avez rendu fameux parmi les nations : » l’homme que vous avez racheté, c’est-à-dire l’Église, dont devaient parler les nations, ou qui devait elle-même leur parler. « Je suis devenu leur fouet ; » ou celui des Gentils qui devaient l’insulter ; ou celui des Juifs qui en parlaient aux Gentils.
7. « La colère obscurcit mes yeux. » Les yeux de l’Église, c’est-à-dire les Apôtres, sont comme obscurcis lorsqu’ils ne sont point compris de ceux qui ont mérité ce châtiment. « Et je suis vivement pressé de toutes parts. » En effet, et Juifs et Gentils, tous ont fait la guerre à l’Église.
8. « Les amis de la vérité ont été stupéfaits ; » ou de ce que les impies ont pu attaquer l’Église, ou de ce qu’ils n’ont point connu l’Évangile. « Mais que, le juste s’élève au-dessus de son ennemi : » s’il succombe pour un temps sous les coups de la persécution, il dominera ensuite les infidèles.

  1. Luc. 10, 30
  2. Gal. 4, 4
  3. 2Co. 5, 4
  4. Rom. 11, 25
  5. Jn. 7, 12
  6. Mat. 11, 27