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dont la terre, c’est-à-dire le corps, fut livré aux mains des Juifs ; et c’est quand son jugement fut rendu, que sa majesté demeura inconnue. « Et si ce n’est point lui, quel autre donc » pourrait montrer plus de puissance ? Ou bien encore Site n’est point Dieu qui juge le juste et l’impie, quel autre pourrait le faire ?
25. « Ma vie est plus rapide qu’un coursier. » Il regarde comme des fugitifs, ceux qui s’éloignent de la sainteté, pareils au jeune prodigue qui partit pour un pays lointain [1].
26. « Ou de l’aigle abaissant son vol et cherchant sa proie. » De ce rang élevé, où les créatures douées de raison goûtent le bonheur mérité par leurs actes de vertu, ils se sont abaissés jusqu’aux voluptés charnelles.
27. « Si je veux élever la voix, j’oublie à mesure que je parle. » De même que la parole ne s’adresse qu’aux objets extérieurs, ainsi l’âme se produisant au-dehors, et séduite par les appâts de la créature, oublie son Créateur au dedans d’elle-même. « Je baisse la tête, et n’ai plus qu’à gémir. » Ces chutes en effet sont suivies de douleurs.
28. « Tous mes membres frémissent. » C’est la crainte qui prépare la conversion.
29. « Si je suis un impie, pourquoi ne suis-je point mort, plutôt que de souffrir ? » Je le sais, tu l’entends, toi-même. Il veut dire peut-être encore qu’il souffre, parce qu’il n’est point mort à l’impiété.
30. « Et je serai purifié par des mains pures. » Par celles de Dieu ou les siennes, c’est-à-dire par les bonnes œuvres après son retour à la grâce.
31. « Vous m’avez couvert de souillures ; » jeté au milieu de cette vie mortelle. « Et mon vêtement m’a maudit : » celui de l’immortalité, dont nous voulons être revêtus[2]. Mais parce que nous ne le pouvons dans cette vie de péché, il ajoute : « Et mon vêtement m’a maudit. »
32. « Vous n’êtes point un homme semblable à moi, que je puisse contredire. » Devant un homme je pourrais proclamer ma justice, mais à votre tribunal, je ne suis qu’un pécheur.
33. « Qu’un autre soit juge entre vous et moi ! » Ce serait un blasphème, si on ne savait qu’il appelle ici le Médiateur de Dieu et des hommes[3], pour présenter ses prières. Placé entre l’un et l’autre, ce médiateur écoute l’homme pour le reprendre, car le Fils a reçu du Père le pouvoir de tout juger[4]. « Qu’il m’accuse et se prononce entre nous deux ! »
34. « Qu’il détourne de moi sa verge : » que la crainte de la Loi disparaisse, et que je lui sois uni par la liberté de l’adoption et l’amour.
35. « Car ainsi je ne suis point maître de mes pensées ; » parce que je suis attaché aux objets extérieurs.

CHAPITRE X. – Plaintes et prière de Job.


1. « Je parlerai contre moi. » C’est un humble aveu.
2. « Et je dirai au Seigneur : Ne m’enseignez pas à devenir impie. » Ne m’éprouvez pas au-delà de mes forces, et lie laissez point venir à moi ce qui m’entraînerait à l’impiété :
3. « Vous semble-t-il bon que.j'aie commis l’iniquité ? » Vous n’approuvez pas, assurément, que je l’aie commise ; vous n’avez donc pas été injuste, en disposant ainsi de moi. « Puisque vous méprisez l’ouvrage de vos mains ; » si néanmoins vous méprisez après l’ouvrage de vos mains. « Considérez-vous les desseins des impies ? » Il n’est point question de l’impiété qui se montre aux hommes. Ces mots : « Considérez-vous les desseins des impies ? » ne signifient pas que Dieu se plaît à les voir commettre l’iniquité.
4. « Regardez-vous comme l’homme regarde ? » Évidemment vous ne voyez point comme l’homme. C’est pourquoi vous avez considéré les projets des impies ; je veux parler de l’impiété connue de vous seul, et que les hommes ne peuvent voir.
5. « Ou votre vie est-elle la vie de l’homme ? », c’est-à-dire de peu de durée, de manière à ne pouvoir juger de ce qui est éternel.
6. « Vous avez sondé mes iniquités. » Car on ne peut vous cacher ce que l’on cache aux hommes.
7. « Vous savez que je ne suis pas un impie. » Jamais devant les hommes je n’ai agi avec impiété. « Mais qui peut s’échapper de vos mains ? » lorsque vous jugez, car vous jugez en Dieu, vous voyez des impiétés que l’homme ne peut découvrir.
8. « Mais ensuite changeant vos desseins, vous m’avez frappé. » C’est lui et non pas Dieu qui a changé : mais l’homme, en se pervertissant, croit que Dieu change à son tour, pareil aux yeux longtemps habitués aux ténèbres et pour qui le soleil semble ensuite être changé.
9. « Souvenez-vous donc que vous m’avez pétri

  1. Luc. 15, 13
  2. 2Co. 5, 4
  3. 1Ti. 2, 5
  4. Jn. 5, 22