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CHAPITRE IX

Le Culte.

1. Nature et objet du culte lamaïque. Offrandes et prières. — La doctrine purement philosophique du Bouddhisme primitif niait, sinon l’existence même, l’immortalité et la toute-puissance des dieux, — simples agents préposés à la surveillance et à la protection de l’univers, soumis à l’obligation de renaître sur la terre après avoir joui pendant quelques milliers d’années[1] de la félicité de leur céleste séjour, récompense de leurs actes méritoires dans la condition humaine, — ne réclamait pour le Bouddha lui-même aucune prérogative divine, et ne comportait naturellement ni culte ni prières ; nous ne voyons même pas que le Bouddha ait prescrit ou recommandé des actes de vénération en l’honneur de ses illustres prédécesseurs, Dîpankara, Krakoutchanda, Kanakamouni, Kâçyapa, dont il cite cependant parfois les exemples et les hauts faits. Mais il semble bien qu’aussitôt après la mort du Maître l’amour respectueux de ses disciples, l’admiration enthousiaste des laïques, lui aient attribué des qualités et des vertus surnaturelles et voué une pieuse vénération qui devait forcément se changer

  1. 13000 ans, d'après la croyance générale.