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d’un dieu précédé de la formule d’adoration Namo et suivi de l’interjection Houm — : « Namo sarva Tathâgata, houm ! Adoration à tous les Tathâgatas, houm ! » et dans ce cas elle se présente parfois sous la forme d’interminables litanies où défilent tous les Bouddhas, Bodhisattvas et dieux du panthéon. D’autres fois, c’est une éjaculation mystique sans désignation de divinité, telle que la célèbre prière à six syllabes Om Ma-ni Pad-me Houm « Ô le joyau (ou le trésor) du (ou dans le) lotus », spécialement consacrée au Bodhisattva Tchanrési[1], qui tient lieu de toute autre prière pour la plupart des Tibétains. Aussi l’entend-on réciter du matin au soir, et peut-on la lire gravée des millions de fois sur les murs et les rochers, écrite dans une répétition incessante à l’intérieur des cylindres, ou moulins à prières.

2. Images sacrées et symboles. — À part Çâkyamouni, qui peut-être a eu une existence historique, tous les Bouddhas, Bodhisattvas et dieux sont en réalité des abstractions personnifiant des idées, des vertus, des intelligences, des forces et des phénomènes naturels, comme d’ailleurs leurs prédécesseurs les dieux du brâhmanisme. Néanmoins, et sans doute pour complaire aux préjugés du vulgaire peu porté à comprendre de pures abstractions, on les représente par des images, statues et peintures, propres à frapper l’imagination, et indiquant par leur expression, leur attitude, leur costume et leurs attributs, le rang qu’ils occupent dans la hiérarchie divine et le rôle qu’ils remplissent.

Nous ignorons complètement à quelle époque apparurent dans l’Inde les premières images divines, et beaucoup d’auteurs estiment que sur ce point les Indiens ont été les tributaires et les élèves des Grecs.

Les récits les plus anciens de la vie du Bouddha, le

  1. Spyan-ras-gzigs, Avalokiteçvara.