Odes (Horace, Leconte de Lisle)/II/7

1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Ode VII. — À POMPÉIUS VARUS.


Ô toi qui, comme moi, vis souvent approcher ta dernière heure, sous le commandement de Brutus, quelle destinée t’a rendu, de nouveau, citoyen, aux Dieux paternels et au ciel Italien,

Pompéius, le premier de mes compagnons, avec qui j’ai tant de fois abrégé les longs jours, à l’aide du vin, couronné et les cheveux luisants de malobathrum Syrien ?

J’ai connu avec toi Philippi et la prompte fuite, ayant jeté peu héroïquement mon bouclier, quand le courage fut vaincu et quand les plus braves heurtèrent du menton le sol honteux.

Mais l’agile Mercurius m’emporta tremblant, du milieu des ennemis, dans une épaisse nuée, et toi, la mer te prit sur ses flots écumeux pour te rendre à la guerre.

Offre donc à Jupiter le sacrifice qui lui est dû ; fatigué d’une longue campagne, repose-toi sous mon laurier, et n’épargne pas les tonneaux que je te destinais.

Emplis les ciboires polis du Massicus qui fait oublier, et répands les parfums des coquilles creuses. Qui va préparer les couronnes d’ache humide ou de myrte ?

Qui Vénus nommera-t-elle roi des buveurs ? Pour moi, je veux boire autant que les Édoniens ; il m’est doux de m’enivrer au retour d’un ami.