Nouveaux contes berbères (Basset)/95

Ernest Leroux, éditeur (Collection de contes et de chansons populaires, XXIIIp. 70-71).

95

Sidi ’Abd er Rah’man el Medjdoub (173).
(Chelha du Sous).

Il était jeune enfant et étudiait chez un t’aleb. Celui-ci trouva dans un livre qu’une grande vipère habitait dans une caverne et possédait beaucoup de science : celui qui la saisirait et la mangerait lirait dans la tablette mystérieuse. Or, ce t’aleb demeura onze ans dans la mosquée à épier le jour où la vipère sortirait. Alors il la saisit, la frappa, la tua, la porta dans la mosquée, la découpa, la lava et la fit cuire dans une marmite. Ensuite, il appela ’Abd er Rah’mân el Medjdoub, qui était tout jeune et chauve, lui recommanda de garder la marmite jusqu’à ce que la vipère fut cuite et sortit pour se promener. L’enfant prit le chaudron, tandis que le t’aleb lui disait : « Fais bien attention à cette marmite et n’y mets pas la main. » Puis il sortit. Un morceau de chair tomba du chaudron dans les cendres et fut sali. Le disciple qui craignait son maître, le ramassa, souffla dessus et le remit une seconde fois. À la troisième fois, voyant la viande salie, il craignit que son maître ne trouvât le bouillon rempli de cendres, il enleva le morceau et le mangea. À son retour, le t’aleb dit à l’enfant : « Tu en as mangé, insensé ! » ’Abd er Rah’mân leva les yeux vers lui et vit les sept cieux. (174).